Actualités :: Commune rurale de Zambo : Fronde contre le maire

La commune rurale de Zambo dans la province du Ioba a été sécouée en mai 2007 par une crise. Des conseillers mécontents ont voté une motion de défiance contre le maire CDP de la commune, Michel Sobanfo Méda. Raisons évoquées, la gestion personnelle des affaires de la commune par le maire, faux et usage de faux utilisés par le maire pour son élection. Aujourd’hui encore, des écrits publiés par la presse burkinabè exigent son départ. Qu’en est-il ? Ya-t-il vraiment eu du faux dans l’élection du maire de Zambo ? Quelle est la situation qui prévaut à Zambo ? Que dit le ministère de tutelle ?

« Le conseil municipal de Zambo se porte très bien pour ma part, dans la mesure où nous avons toujours fonctionné à partir de décembre 2007 avec un quorum largement atteint. A notre session d’octobre 2008, nous étions au nombre de 32 sur 40 conseillers convoqués. Au cours de toutes ces sessions, nous avons eu à délibérer sur l’ordre du jour, beaucoup de choses sont faites à Zambo, le résultat est satisfaisant », indique le maire de la commune, Michel Sobanfo Méda. Pour preuve, « nous avons pu mobiliser 158 millions à ce jour pour le développement de Zambo. Je peux même donner des détails : 78 millions pour construire une piste qui va de Zambo à Tovor avec un grand radier, 43 millions pour la première phase de la construction du marché de Zambo, 24 millions pour construire une école à Téréteon, 7 millions pour un forage à Korompèri et 6 millions pour construire un logement d’un infirmier à Tovor.

Il y a encore des projets dans notre parapheur. Le résultat étant là, concret, on ne peut pas dire que le conseil municipal de Zambo ne fonctionne pas. Ce n’est pas moi qui ai délibéré sur l’ordre du jour. Ce n’est pas mon propre argent ni mes actions personnelles pour qu’on dise que c’est l’affaire du maire. Ce sont des délibérations du conseil. Tant que vous ne délibérez pas au cours d’un conseil, aucun bailleur de fonds ne peut financer vos projets ».

Mais reconnaît le bourgmestre de Zambo (élu sur la liste CDP), il y avait crise à Zambo. « Il fut dit-il, un temps où il y avait une crise. En mai 2007, il y a eu une crise qui a secoué le conseil municipal de Zambo. J’ai même été surpris. Nous avons toujours eu le quorum jusqu’à notre session de janvier 2007. Je m’apprêtais à convoquer la 2e session et voilà une motion qui a été déposée contre le maire. On ne m’a jamais dit au cours d’une session qu’il y avait problème. Le conseil aurait pu me dire au cours d’une session que le maire se comportait mal ».

Au sein du conseil, les élus contestataires ne semblent pas lacher du lest. Le climat n’est pas au beau fixe jusque-là. En témoigne la dernière session tenue du 7 au 8 mars 2009. Il y avait à l’ouverture 35 conseillers sur la quarantaine. D’aucuns disent être venus ce jour après plus d’un an d’absence pour ne pas laisser le maire et ses proches prendre des « décisions inacceptables ». Il a fallu une heure chrono pour amender l’ordre du jour en 5 points, proposé par le maire. De longues et chaudes discussions ont éclaté dans la salle à telle enseigne que certains élus, notamment des femmes pour la plupart analphabètes, se sont momentanément retirés à la queue leu-leu de ladite salle.

Au conseil municipal de Zambo, se sont constitués deux camps. D’un côté, il y a les partisans du maire qui prennent régulièrement part aux sessions et de l’autre, les mécontents qui y participent quand l’ordre du jour les intéresse. Au premier rang des frondeurs, il y a le premier et le deuxième adjoints au maire, tous élus du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), parti au pouvoir. « Depuis le 27 mai 2007, nous n’avions plus pris part à une session et le quorum n’a jamais été atteint. Au nombre de 41 conseillers, le maire n’avait jamais pu réunir 22.

C’est le Projet de gestion des ressources forestières (PROGEREF) qui nous a fait savoir qu’il s’agit d’un projet participatif et que la mairie doit s’impliquer pour sa bonne marche. Et c’est le 23 décembre 2007 soit 7 mois après la motion que j’ai estimé qu’il fallait privilégier l’intérêt de la commune en faisant en sorte qu’elle puisse bénéficier des projets dont la construction du marché de Zambo et de la route Zambo-Tovor », confie Kévin Somda, 1er adjoint au maire. Et de poursuivre, « j’ai donc demandé aux autres conseillers mécontents de venir pour le vote du budget communal 2008 afin de permettre au FICOD (Fonds d’investissement pour les collectivités décentralisées) d’intervenir dans notre commune.

C’est ainsi que nous avons atteint le quorum le 23 décembre avec près de 31 conseillers pour approuver le budget. Cela ne veut pas dire que nous sommes d’accord avec le maire parce qu’il est illégalement élu et nous n’allons jamais nous entendre. Nous attendons toujours la réponse du ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation ».

Ambiance encore morose

Kévin Somda, l’adjoint immédiat est très remonté contre la gestion du maire. « Je vous assure que quand nous rentrons pour les sessions, ce sont des bagarres jusqu’à la fin. Tout ce que le maire dit, il faut accepter. Il ne faut pas que quelqu’un contredise son point de vue. Celui qui le fait devient automatiquement son ennemi. C’est parce que le maire n’a jamais fait la politique, il n’a aucun système d’approche qu’il se comporte ainsi. En matière de gestion d’une commune, le maire doit pouvoir écouter tout le monde ». Et Wenceslas Dabiré du Parti pour la démocratie et le progrès/Parti socialiste (PDP/PS) de renchérir, « nous avons demandé au maire d’être un homme de rassemblement, de mettre au second plan, les considérations partisanes et de privilégier toujours l’intérêt de la commune.

Mais pendant les rencontres, ce n’est pas ce qui est fait. C’est de la dictature que nous subissons. Il faut laisser les gens s’exprimer parce que nous avons tous été élus sur les mêmes bases. Il est temps de corriger ce qui ne va pas à Zambo pour qu’à l’avenir, ça marche ». Un autre du PDP/PS, Antoine Somda n’hésite pas lui aussi à tirer à boulets rouges sur le maire : « nous, conseillers de l’opposition, nous sommes venus en tant que collaborateurs des conseillers CDP pour gérer les affaires de la commune et contribuer à son développement. Mais le maire n’est pas une personne sociable. Il a cherché à diviser les gens. Il y a certaines actions qui se mènent sans aucune délibération, les attributions de pouvoirs posent problème, les prises de décisions relèvent du maire seul. Nous avons décidé de ne plus prendre part aux sessions tant que notre motion n’aura pas de réponse au niveau du ministère ».

Depuis mai 2007, cet élu du PDP/PS a suspendu sa participation aux sessions municipales. Mais, il a pris part à la session de ce mois de mars 2009 pour faire valoir sa position sur l’ordre du jour.
Peu prolixe, le 2è adjoint au maire ne manque pas lui aussi de reproche vis-à-vis de l’homme qui occupe le grand fauteuil municipal. « Il y a certains conseillers qui sont aujourd’hui ses intermédiaires. Ce sont eux qui reçoivent ses messages et qui nous les communiquent. Et en tant que 1er et 2è adjoints nous n’apprécions pas cette façon de faire.

C’est lui seul qui décide. C’est un parent mais sa manière de gérer les affaires n’est pas ça. Pour être clair nous voulons qu’il parte », déclare le 2e adjoint, P. Justin Hien. Un conseiller de l’Alliance pour la démocratie et la fédération/Rassemblement démocratique africain (ADF/RDA), Nonyob Kpoda embouche la même trompette : « aujourd’hui si le maire convoque une réunion à Zambo, s’il ne passe pas par le préfet ou le secrétaire général de la mairie, personne ne va sortir. Personne ne le respecte. Nous avons trop écrit. Si le Burkina Faso appartient à tout le monde, alors, que le ministre nous réponde. On veut que le parti majoritaire termine ce mandat mais pas avec Michel Méda. Si Michel Méda reste dans son fauteuil de maire, en 2011 le CDP va tomber à Zambo »
Mais que disent les partisans du maire ?

Donatien Somé, selon les dires des autres conseillers est aujourd’hui l’homme de confiance et le messager du maire. Il est le président de la commission Affaires générales, sociales et culturelles ! « Le conseil municipal de Zambo fonctionne bien. C’est au début qu’il y avait la crise mais aujourd’hui les sessions se passent bien. Le quorum est chaque fois atteint. Les conseillers du PDP/PS et de l’ADF/RDA ont compris que la crise concerne des individus et actuellement ils viennent aux sessions. Le conseil marche bien », affirme-t-il. « Mon village m’a élu pour que je prenne part aux sessions et travailler au bien-être de la population. Je ne boycotterai pas les sessions et c’est pourquoi j’y participe jusqu’à ce jour », justifie-t-il.

Elue dans le même village Korompèri, que le maire sous la bannière du CDP, Rosine Somé, présidente de la commission Environnement fait partie des conseillers qui soutiennent l’action du maire. « Les autres disent que c’est parce que nous sommes des analphabètes, parce que nous ne connaissons rien que nous continuons de participer aux sessions. Mais nous pensons que nous avons été élus pour contribuer au développement de notre commune. Si nous ne participons pas aux sessions, rien ne se fera ici. Cependant dit-elle : « le maire a promis à nous conseillers CDP des vélos mais jusqu’à présent, nous ne voyons pas ces vélos. C’est décourageant mais nous espérons toujours ».

Du côté des autres acteurs de la commune, les événements de 2007 restent toujours d’actualité. Le chef de terre de Zambo, Kpiro Poda, qui s’est vu refuser l’accès à la salle de réunion par le maire le jour du vote de la motion de défiance digère toujours mal le comportement du maire. Il reconnaît avoir maudit tous les conseillers qui voteraient ce jour-là pour le maire. Des sacrifices auraient été faits plus tard grâce à l’intervention du Secrétaire général (SG) de la section provinciale du CDP, Jean Claude Kamboulé en vue de conjurer le sort jeté. « Nous avons interpellé le maire à plusieurs en 2007 pour des échanges mais il n’est jamais venu. La seule fois que nous l’avons vu, il n’a même pas fait 5 minutes avec nous parce qu’il a prétexté qu’il avait une rencontre ailleurs.

Il n’y a donc pas eu d’échanges entre nous jusqu’à ce jour », raconte le chef de terre de Zambo. « Si le maire veut la paix, qu’il cède sa place afin que la commune fonctionne bien », déclare Kpiro Poda. Même avis chez le chef coutumier de Zambo, Tchianéyèro Palenfo : « depuis que le maire a été élu, nous ne voyons pas de réalisations satisfaisantes. Quand nous prenons l’exemple de la route Zambo-Tovor réalisée avec l’appui du FICOD, nous nous attendions à ce que ça soit une voie bien faite avec des caterpillars mais ce sont plutôt les populations qui l’ont construite de leurs mains. J’avoue que ce n’est même pas une voie parce qu’elle ne tiendra pas longtemps », a fait savoir le vieux chef coutumier.

Quant à Pobèssoa Somda, secrétaire général sortant de la sous-section CDP, l’homme qui dit être à la base de l’élection du maire, il s’aligne toujours derrière les conseillers mécontents. Et il le proclame à qui veut l’entendre. « La mairie de Zambo se porte très mal jusqu’aujourd’hui. Des conseillers municipaux mécontents avec l’appui de la sous-section CDP de Zambo avaient demandé la démission du maire à travers une motion de défiance en date du 27 mai 2007. Depuis cette date jusqu’aujourd’hui (Ndlr 5 mars 2009) ça ne va pas à la mairie », soutient Pobèssoa Somda, secrétaire général sortant de la sous-section CDP. Il a été remplacé en 2008 à la tête de la sous-section par son ancien adjoint, Donatien Somé, de Tovor.

Le maire a-t-il magouillé ?

Plusieurs écrits publiés depuis 2007 dans la presse font état de faux et usage de faux par le maire pour se faire élire. L’un des auteurs de ses écrits est Pobèssoa Somda. C’est lui qui a géré les dossiers des candidats du CDP dans la commune rurale de Zambo aux élections municipales de 2006. « Le faux et usage de faux est bien juste. Celui qui ne le croit pas n’a qu’à se référer à la CENI (Commission électorale nationale indépendante) basée à Ouagadougou pour vérifier dans les archives du Ioba et celles du département de Zambo. Il se rendra compte que de 1997 jusqu’en 2006, le maire ne s’est jamais inscrit sur une liste électorale. Les textes disent que si vous n’êtes pas inscrit sur la liste de votre ressort territorial, vous ne pouvez pas être élu maire. Il n’avait pas son nom sur la liste électorale mais il a été élu conseiller par fraude. Il nous a dit qu’il était inscrit. Nous n’avons pas pris la peine de vérifier car nous ne pensions pas qu’en tant qu’intellectuel, il puisse nous mentir. Il a donc été élu conseiller.

C’est lors du bilan de la campagne que nous avons constaté qu’il n’avait pas son nom sur la liste. C’était trop tard. Nous avons laissé passer la situation. L’opposition qui a aussi vérifié nous a accusés de fraude. Et pour dire la vérité, j’ai décidé d’écrire ». Et le SG sortant d’ajouter : « Nous avons écrit pour demander son départ. Surtout qu’il a usé de faux dans sa déclaration individuelle du 27 décembre 2005. Il ne s’est inscrit sur aucune liste du Burkina Faso. Il n’est pas électeur. Nous l’avons découvert après son élection comme maire.

La loi condamne cela : articles 241, 242, 270, 272 du Code général des collectivités territoriales ; article 101 du Code électoral. Nous avons écrit au ministre de tutelle qui doit le révoquer (article 271 du Code des Collectivités) », adressait-il à Monsieur le Directeur du siège du parti CDP. (cf. L’Observateur paalga du 24 octobre 2007).
« L’erreur revient au SG de la sous-section. C’est lui qui a géré les dossiers des candidats aux postes de conseillers en 2006. Pourquoi n’a-t-il pas révélé qu’il y avait un problème sur la candidature du maire. C’est lui seul qui peut dire comment les choses se sont passées. En tant que secrétaire général entrant je ne peux pas savoir comment le dossier a été traité en 2006 », répond Donatien Somé. Selon certaines langues, Michel Sobanfo Méda a été inscrit pour la première fois le 22 janvier 2007 pour les législatives de mai 2007 sur la liste de Korompèri.

L’intéressé explique comment il est arrivé au parti majoritaire : « c’est le parti qui m’a inscrit et c’est le responsable provincial du parti qui m’a fait venir de Gaoua à Ouagadougou. Il m’a téléphoné en fin novembre 2005 et je suis venu le rencontrer à Ouaga dans une buvette à côté du commissariat (Ndlr. il est situé non loin du rond-point de la Pâte d’Oie). Il était accompagné d’un policier. Il m’a posé le problème en ces termes : c’est grave ; nous avons en face une opposition terrible composée de l’ADF/RDA et du PDP/PS. L’ADF/RDA est dirigée par un avocat et le PDP/PS par un professeur d’université. Ça ne sera pas facile pour le CDP donc nous sollicitons ta candidature parce que tu es une pointure au niveau du département.

La sous-section m’a envoyé des informations. Nous savons que si tu n’es pas là, le CDP perd les élections : Je lui ai répondu qu’en tant que sympathisant du CDP, je ne pouvais pas refuser sa proposition. J’accepte mais à deux conditions : premièrement, pour le développement de Zambo et deuxièmement, pour l’honneur du CDP. J’ai accepté sa proposition, je me suis présenté aux élections municipales et le CDP a gagné. Aujourd’hui, si départ il y a, je m’en remets à mon parti. C’est le parti qui décide.
Par ailleurs indique-t-il, « ce n’est pas moi qui détiens la vérité. Que ce soit l’histoire de la carte, du vote ou de mon inscription sur la liste électorale, j’ai tout entendu et j’ai lu beaucoup d’écrits là-dessus. Certains disent que j’ai magouillé pour être élu. Mais je regroupe tout cela en un seul point : je dis que ma candidature a été déposée par mon parti qui a géré tous les dossiers.

C’est le SG de la sous-section CDP de Zambo, Pobèssoa Somda, qui a déposé la liste du CDP à la CEDI (Ndlr. Commission électorale départementale indépendante) à l’époque. La CEDI a affiché toutes les listes pendant longtemps. La CEPI (Ndlr.Commission électorale provinciale indépendante) a validé la liste CDP jusqu’à la CENI (Commission électorale nationale indépendante). Les élections ont eu lieu et j’ai été élu conseiller puis maire. Je pense que la seule institution capable de vous donner des informations fiables sur mon statut c’est la CENI ».
Il ressort des archives du démembrement de la CENI à Zambo à savoir la CEDI de 2006 que Michel Sobanfo Méda n’avait pas son nom sur la liste électorale de son village Korompèri. Il ne pouvait en aucun cas participer au scrutin municipal.

Et Michel Sobanfo Méda de l’avouer « j’ai signalé mon problème au responsable provincial du parti en son temps et il le savait. Le responsable de la sous-section qui a géré le dossier savait que je n’ai pas pu gagner ma carte. Il le savait. Des gens ont interprété le code électoral en son temps et ils m’ont fait savoir qu’il n’est pas dit expressément qu’il faut joindre la carte d’électeur. Moi aussi j’ai lu le code qui dit qu’il faut avoir la qualité d’électeur et j’ai lié la qualité d’électeur à ma personnalité ». Pour le maire, il n’y a jamais eu de faux dans son élection. « S’il y avait du faux dans mon dossier de candidature, je serais éliminé. L’opposition est dans toutes les instances de validation pour opérer des contrôles »,
estime-t-il.

Et Michel Méda de lancer un défi à ses détracteurs. « J’ai fait du faux suppose quoi ? Cela suppose que j’ai falsifié du papier pour me faire élire. Mais quel papier ai-je falsifié ? Que ceux qui disent que j’ai fait usage de faux apportent des preuves. Le code électoral n’a pas dit qu’il faut avoir une carte pour pouvoir être candidat. Le code dit qu’il faut avoir la qualité d’électeur. Pour moi un fou peut avoir une carte sans avoir la qualité d’électeur de même qu’un mineur ». Du côté de la CENI, on semble étonné que quelqu’un qui ne se soit pas inscrit sur la liste électorale de la circonscription ait pu se faire élire. Mais affirme-t-on dans cette institution électorale, il n’est écrit nulle part que c’est interdit.

En réalité, c’est le code électoral burkinabè qui ne pose pas comme obligation, l’inscription de chaque candidat aux élections municipales sur une liste électorale de son ressort territorial où il compétit ou la possession d’une carte d’électeur. N’est-ce pas là un vide juridique qui a permis à Michel S. Méda de se faire élire conseiller puis maire de Zambo par ses concitoyens sans avoir accompli son devoir civique le jour du scrutin ?

Son parti le CDP non plus n’a pas exigé que chacun de ses candidats détienne une carte d’électeur. Ceux qui réclament son départ s’appuient sur des textes juridiques dont l’article 270 de la Loi n°055-2004/AN portant Code général de collectivités territoriales au Burkina Faso qui stipule : « Le maire ou l’adjoint qui, pour une cause antérieure à son élection ou découverte après celle-ci, ne remplit plus les conditions requises pour être maire ou adjoint ou qui se trouve dans un des cas d’incompatibilité prévus par le code électoral doit cesser immédiatement ses fonctions. Si le maire ou l’adjoint refuse de démissionner, il est procédé à sa révocation d’office ».

D’autres font référence à l’article 101 du Code électoral qui dit : « Toute personne qui se fait inscrire sous un faux nom ou une fausse qualité ou qui, en se faisant inscrire a dissimulé une incapacité prévue par la loi ou qui se ferait inscrire, frauduleusement sur plus d’une liste, sera punie d’un emprisonnement d’un mois à un an et d’une amende de dix mille (10 000) à cent mille (100000) francs ou l’une de ces deux peines seulement. Sera punie des mêmes peines, toute personne qui se fait délivrer un faux certificat d’inscription ou de radiation sur les listes électorales.
Les mêmes peines sont applicables aux complices ». Mais Michel Méda est-il concerné par ces deux passages auxquels se réfèrent ses anciens alliés pour exiger son départ ?

La cohésion politique menacée ?

Le secrétaire général de la section provinciale du CDP du Ioba, Jean Claude Kamboulé semble très déçu. « Dès le départ, nous ne sommes pas tombés d’accord avec le maire. Depuis 2007, je n’ai plus mis pied à Zambo parce que quand une situation n’est pas claire, et c’est ce que je dis, en tant que responsable nous assumons. Nous constatons que le climat n’est pas au beau fixe à Zambo et nous en avons rendu compte au parti. C’est la direction du parti qui décide du reste. Peut-être qu’elle se donne le temps et les moyens d’avoir tous les contours du problème avant de se prononcer ». Et Jean Claude kamboulé de regretter : « nous avons responsabilisé des camarades dont nous ne connaissions pas très bien leur parcours, leur militantisme et c’est cela que nous payons aujourd’hui. Il ne suffit pas d’être cadre ou d’être à telle position sociale. Il y a un esprit, une discipline et une hiérarchie qu’il faut respecter ».

Cependant confesse-t-il, « nous sommes des néophytes en politique. Nous n’avons que la bonne foi. Il y a quand même des critères d’éligibilité que nous ne connaissions pas. Il faut qu’on ait le cursus du camarade en tant que militant dans le parti. Nous n’avions pas pris tous ces éléments en compte. Tout s’apprend dans la vie et demain on fera attention à tout ce qui vient ».

Pour le maire défié, la crise que traverse sa commune a été préparée au niveau du chef-lieu de la province par les chefs provinciaux de son parti. « Les responsables du parti sont responsables de ce coup qui est monté. Sinon c’est bizarre que le premier responsable de la sous-section CDP écrive contre le maire et que ses deux adjoints le lâchent à peine quelques mois d’exercice. Ce n’est pas possible. En tous les cas, il y a un des responsables politiques de la province qui avant de mourir est venu tout m’avouer à Bobo-Dioulasso entre le 20 et le 25 octobre 2008. Je l’ai rencontré et le monsieur m’a tout dit. La crise est préparée par Dano et les gens de Zambo n’ont joué que le rôle de marionnettes parce que je ne suis pas l’homme de quelqu’un, parce que je ne suis pas un Yes man ».
Et Michel Méda de détailler les causes lointaines et proches de la crise en ces termes : « En collaboration avec le premier et le deuxième adjoints, les responsables de la sous-section ont voulu détourner 100 mille francs envoyés par l’Etat au conseil municipal en décembre 2006 pour appuyer le recensement.

Les fonds ont été remis au 1er adjoint qui a refusé de m’en informer. C’est le comptable provincial qui m’a donné l’information. J’ai réussi à mettre la main sur 70 000 FCFA et 30 000 FCFA restent à justifier à ce jour. Mécontents, ils ont dit que c’est grâce à eux que je suis devenu maire et maintenant qu’il est temps de bouffer je m’y oppose. Que je ne les respecte pas ».
L’autre cause selon le maire est la désignation des candidats CDP aux législatives de 2007. « La liste des candidats aux législatives de 2007 a créé des mécontents dont le responsable de la section provinciale. Tout a été planifié par la sous-section et la section pour que le CDP échoue à Zambo. Les responsables de la sous-section l’ont dit et ont refusé de battre campagne.

A ma qualité de directeur de campagne, j’ai mis en œuvre des stratégies de dernière minute pour permettre au CDP de gagner les élections dans la commune. Avant la motion, le SG de la section aurait dit que je ne terminerai pas mon mandat. Les raisons de la crise ne se trouvent pas au conseil municipal, voilà pourquoi elle a échoué », soutient Michel Sobanfo Méda, ancien secrétaire général chargé de la mobilisation dans le cadre de la formation du comité de soutien du CDP en 1997. Interrogé, le SG de la section provinciale du CDP, Jean Claude Kamboulé se dit choqué par ces propos du banquier maire. « Ce ne sont pas des propos responsables. Vous ne pouvez pas être responsable d’un parti et travailler contre ce parti ; ou alors vous n’avez aucun sens de la responsabilité. Il n’y a personne dans ce pays qui nous a indiqué ou imposé telle ou telle personne à tel endroit.

C’est nous qui les avons contactées. Nous avons cru bien faire et nous constatons que çà et là, il y a des difficultés. Mais tout s’apprend. La perfection s’obtient dans la correction », répond Jean Claude Kamboulé.
La situation de Zambo semble embarrassante. « Le parti (CDP) a déjà effectué plusieurs missions (4) de rencontre avec la sous-section et la base ; à toutes ces rencontres, la base a exprimé sa ferme volonté de voir la démission du maire pour cause de défiance.

Le 4 août 2007, une autre mission est venue, composée du maire défié, de son cousin maternel, député Somé Placide, son cousin paternel, Somda Antière, conseiller régional et le commissaire politique CDP du Sud-Ouest ; cette mission n’a pas rencontré la structure de base du CDP ; nous n’avons pas été invités, mais il nous est revenu qu’elle a rencontré certains conseillers et les parents du maire », lit-on dans L’Observateur paalga du 24 octobre 2007.

Plus d’un an après le vote de la motion de défiance, plus rien ne semble unir les camarades CDP de 2006. Beaucoup de choses se disent et d’aucuns n’hésitent pas à suggérer une médiation que pourraient conduire des personnes ressources de la région dont Nurukhyor Claude Somda, Bonoudaba Dabiré, Christophe Dabiré, Jean de Dieu Somda ou Jean-Marie Somda. De sources proches du ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, le dossier de Zambo est encore en étude au niveau de ses inspecteurs.

Enok KINDO (enokkindo@yahoo.fr)


Zambo, une commune aux besoins immenses

La commune rurale de Zambo est située à une douzaine de kilomètres de la frontière ghanéenne. Elle compte 21 villages avec environ 21 000 âmes. 41 conseillers composés de 23 pour le CDP, 10 pour le PDP/PS et 8 pour l’ADF/RDA ( ils étaient 9 conseillers mais un est aujourd’hui décédé). Depuis le 27 mai 2007, le conseil municipal n’a jamais réuni la totalité de ses membres lors de ses sessions. Dans cette commune perdue dans les forêts boisées du Sud-ouest, on ne parle que de cette crise que traverse le conseil. Des conseillers du parti majoritaire CDP à ceux de l’opposition en passant par certains responsables coutumiers, d’aucuns affirment que la crise de 2007 n’est pas terminée.
Mais Michel Sobanfo Méda rassure : « aujourd’hui tout se passe bien ». Il lance d’ailleurs cet appel aux conseillers qui continuent de s’absenter : « je demande aux conseillers mécontents de venir. Puisque la décentralisation est un facteur de développement, l’union fait la force. Il faut qu’ils viennent nous appuyer dans le processus. S’ils ne viennent pas et ils écrivent ce ne sont pas les écrits qui vont développer Zambo ». La commune a besoin d’électrification, de téléphone fixe, de forages, d’aménagement de retenues d’eau, de lycées mais aussi de micro-crédits pour ses femmes qui excellent pour la plupart dans la vente du dolo (bière de mil).

E.K

Sidwaya

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