Actualités :: La peau de lion d’Arly : Jean Claude a failli y laisser la sienne

« Je ne chasserai plus du lion… », lâche avec émotion Jean Claude Bachelet qui a failli perdre la vie au cours d’une chasse au lion dans le parc d’Arly. Le dimanche 15 mars 2009 à l’hôtel OK-IN, le Français, qui s’apprêtait à rentrer chez lui à Bourgogne en France, nous a retracé les péripéties de la traque au lion qui s’est transformée plus tard en un exercice cauchemardesque.

Il avait 3,50 mètres de long, sa patte avant faisait 25 cm et celle arrière 23 cm ; ces informations, obtenues à la suite de l’abattage du lion à la crinière qui tenait à faire la peau à ses poursuivants, montrent à quelle enseigne l’animal était énorme. Malgré tout, Gaïndé le lion, roi de la brousse, pour paraphraser un livre scolaire, a finalement succombé, après 48 heures de traque, dans la zone d’Arly, située à l’est du pays. Il ne s’agit donc pas là d’une fiction mais d’une histoire vraie.

Elle est celle de Jean Claude Bachelet, officiant dans le jardinage dans sa Bourgogne en France, qui a débarqué pour la énième fois au Burkina Faso il y a de cela quelques semaines pour chasser. Cet homme est un fin connaisseur de l’univers faunique du Pays des hommes intègres qu’il visite depuis une quinzaine d’années : Arly, Nazinga, Nobéré, Tapoa Djerma, etc. sont, entre autres, les concessions qui l’ont déjà accueilli. Il y a deux ans, le Français abattait pour la première fois son premier lion.

Sûrement emporté par cette victoire historique, car ne tue pas le roi de la brousse qui veut, il tente de rééditer l’exploit cette année. Comme en 2007, il s’acquitte des taxes d’abattage de 1400 euros (plus de 900 000 FCFA) et d’autres aspects non moins importants (safari, hébergement, voyage, transport, etc.). Au total, c’est au tour de 10 000 euros (6 550 000 FCFA). Ce jardinier reconnaît qu’il faut consentir d’énormes sacrifices financiers pour rêver aller un jour à la chasse d’un lion.

C’est donc tout heureux qu’il fréquente pour la 5e fois la zone d’Arly, concession de Noufou Compaoré, dont la notoriété dans ce domaine n’est plus à démontrer. Objectif donc de Jean Claude, abattre son deuxième lion. Il s’embarque donc avec un guide, pisteur, et un chauffeur du camp d’Arly, sans savoir que ce deuxième exercice, hautement dangereux, aurait pu leur être fatal.

Retour sur une folle journée avec le veinard Jean Claude Bachelet, blessé au bras droit par un lion blessé et traqué, ce qui a failli tourner au drame. « Après 8 à 9 jours de recherche, nous avons aperçu des traces de deux lions qui marchaient ensemble. Mon guide, qui s’appelle Kondjo, m’a dit de retourner au camp pour revenir l’après-midi parce qu’il n’y a pas un bon vent.

Il m’a assuré qu’on retrouverait les lions. Effectivement, lorsque nous sommes repartis vers 16 heures, nous avons repris les traces et subitement nous nous sommes retrouvés nez à nez avec un des animaux. Je lui ai tiré dessus et l’ait blessé. En ce moment, le deuxième est sorti des arbustes pour prendre le large. Pendant une demi-heure, on a mené des recherches jusqu’à tomber sur des traces de sang laissées par l’animal fuyard.

La traque fut éprouvante et sanglante

Entre-temps, on a entendu rugir le lion, non loin de nous. J’ai tiré deux fois et il a encore pris la fuite. C’est là que mon guide m’a conseillé, pour éviter de se faire surprendre par le fauve, de suspendre la poursuite à pied pour recourir à la voiture. Ce que nous avons fait. J’étais à l’avant de la voiture avec le chauffeur. Le guide et le pisteur étaient à l’arrière avec une chevrotine et un fusil calibre 12. Moi, j’avais à ma possession une carabine.

A un moment donné, il y a eu de fausses alertes qui ont amené à faire d’autres tirs dans le vide, sans gain de cause. Et brusquement, en une seconde ou deux, l’animal blessé, qui avait bondi sur nous, s’était retrouvé sur le capot de la voiture. Ma chance est que le chauffeur avait immédiatement enclenché une marche-arrière ; ce qui a déséquilibré le fauve.

De sa patte avant-gauche, il m’a saisi par le bras. J’étais debout comme cela (NDLR : il nous répète la scène), avec ma carabine, j’ai voulu vainement lui tirer sur la tête. Avec sa gueule, il a retiré la carabine, avec force, qu’il a emmenée avec lui dans la brousse. Je n’avais plus de fusil, mon guide n’avait que sa chevrotine. Le lion a, ensuite, laissé l’arme pour revenir nous charger. Pendant ce temps, je saignais abondamment du bras droit.

Le guide lui a donné un coup de chevrotine sur la tête. Le lion s’est arrêté tandis que nous avons quitté les lieux en direction du camp, avant d’échouer à l’hôpital de Diapaga où on m’a fait des points de sutures au bras. J’ai alors appelé Yves Mougnard, qui est le représentant de la concession de Noufou Compaoré en France, pour lui signifier qu’il fallait à tout prix achever l’animal blessé, car il allait commettre de nombreux dégâts.

Les agents de la concession, avec ce dernier à bord, ont pris une voiture fermée et sont retournés le lendemain matin vers 6 heurs au lieu où le lion nous a chargés. L’animal attendait toujours au même endroit. Il a encore chargé l’équipe. Yves Mougnard lui a donc tiré dessus entre 7 et 8 fois, avant que le lion ne tombe. Nous avions eu la chance parce que si le lion avait pu, du capot, pénétrer dans notre véhicule, il nous mangeait tous parce qu’il avait des crocs énormes.

Nous avons eu la peur de notre vie. C’est surtout après l’incident que j’ai vraiment éprouvé une grande peur ». En dépit de la charge émotionnelle, Jean Claude reste amoureux de la zone d’Arly qu’il qualifie « de camp merveilleux », avant d’ajouter ceci : « Il ne faut pas croire qu’il n’y a que de mauvaises choses qui arrivent là-bas. Il y a également des choses très intéressantes. La preuve, l’année dernière et même cette année, deux chasseresses, Chantal et Martine, ont tué, chacune, un buffle. Leurs actes, qui relève de la bravoure, ont été mentionnées dans une grande revue française appelée

La peau du lion est revenue de droit au Français

Le chasseur d’Arly n’a jusque-là pas pipé le moindre mot à son épouse, restée en France, de peur qu’elle ne soit complètement choquée et ébranlée. « Ma femme sait seulement que j’ai tué un lion, même si dans la réalité, c’est quelqu’un d’autre qui l’a achevé. Elle ignore que je suis blessé. Je lui dirai demain lorsque j’y serai (NDLR : il est rentré lundi en France, après avoir décollé de Ouagadougou le dimanche soir) ».

Tout s’étant bien terminé, le lion abattu a été ramené au camp ; et selon la coutume, à l’entrée du camp, trois coups de fusil ont été tirés en l’air. Tout le monde a été ainsi informé que le lion est mort. On a accouru de part et d’autres pour admirer l’animal et faire des photos. Dès que le fauve a été dépouillé, la coutume veut que les pisteurs récupèrent les yeux.

Quant à Jean Claude Bachelet et ses amis, ils se sont régalés du foie et du rognon de l’animal. La peau, elle, sera envoyée plus tard au chasseur français, qui n’oubliera pas de sitôt cette mésaventure.
Le concessionnaire se prononce

Noufou Compaoré, concessionnaire de la zone d’Arly : « Nous remercions le Bon Dieu de nous avoir épargnés d’un drame. Le client est presque un ami et cela fait 5 ans qu’il vient pour tirer sur son animal préféré. Chaque métier a ses risques, il en est, certes, conscient, mais nous n’avions pas imaginé ce scénario. Finalement, tout est rentré dans l’ordre, mais nous déplorons la blessure de Jean Claude Bachelet.

S’agissant du lion blessé et abattu, c’est un spécimen très rare parce que, dans nos zones, les nôtres sont sans crinière. Il était énorme ; c’est vraiment exceptionnel et rarissime. En plus, nous avons constaté qu’il était en compagnie d’un autre mâle, ce qu’on ne voit pas souvent, car le mâle défend toujours son territoire. Nous nous sommes renseignés auprès de vieux guides chasse qui nous ont fait comprendre qu’il devrait s’agir de deux frères ».

L’Observateur Paalga

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