Depuis un certain temps Bobo-Dioulasso connaît les rumeurs selon lesquelles des enfants seraient en train d’être enlevés par des inconnus à des fins mystiques. La peur et la panique qui s’étaient emparées des habitants et plus particulièrement des parents ont pris une autre dimension vendredi dernier en fin de matinée lorsque des individus accusés d’enlèvement d’enfants venaient d’être appréhendés par la police. C’était au secteur 09 (Accart-Ville) où une foule surexcitée s’était rendue sur les lieux avec pour ambition d’en finir avec ces présumés coupables.
L’actualité à Bobo ces derniers jours reste dominée par ces histoires d’enlèvement d’enfants. Dans les gargotes ou les grains de thé et surtout dans les marchés des secteurs, le sujet domine les débats et suscite de nombreuses inquiétudes, notamment chez les femmes ; elles qui ont redoublé de vigilance et qui assurent depuis un certain temps une surveillance minutieuse de leur progéniture.
C’est donc une ville presque en état d’alerte qui a été secouée vendredi aux environs de 12 heures par des informations selon lesquelles des hommes venaient d’être pris en flagrant délit d’enlèvement d’enfants à l’école Accart-Ville Sud. La nouvelle qui a fait l’effet d’une bombe s’est vite répandue à travers toute la ville.
Et il n’en fallait pas plus pour voir la zone du campement Ran jouxtant l’école primaire d’Accart-Ville refuser du monde en si peu de temps. Ce qui était encore considéré comme rumeur par certains était en train de devenir réalité.
Des curieux arrivés précipitamment sur les lieux n’hésitaient pas à manifester leur désir d’en finir avec ces présumés ravisseurs d’enfants. C’est donc dans cette ambiance électrique que nous avons tenté d’approcher la 4x4 de la police. Un véhicule englouti par une foule en colère et dans lequel deux suspects étaient menottés.
Les nombreuses tentatives des gens pour les débarquer dans le but de les lyncher sont demeurées vaines. Des présumés coupables qui auront la vie sauve grâce à l’ingéniosité et à la perspicacité du chauffeur qui a réussi à forcer le passage pour rejoindre le commissariat.
Pendant ce temps, le commissaire Franck Elvis Compaoré du Service régional de la police judiciaire (SRPJ) accompagné de quelques agents s’était introduit dans le long tunnel longeant la clôture du campement. Il en ressortira quelques instants plus tard pour ensuite s’intéresser à ce groupe d’enfants qui était devenu l’objet de toutes les curiosités. L’un d’eux raconte.
« Trois hommes masqués nous ont en effet approchés et ont demandé qu’on les suive. Nous avons tout de suite pris peur et ils nous ont poussés pour nous faire tomber dans le tunnel. Ensuite, ils ont commencé à nous bâillonner avec la main, mais l’un de nous à pu s’échapper des mains des ravisseurs pour aller vers la sortie du tunnel en criant. C’est là que des passants sont intervenus et nous avons pu être sauvés ».
Mais qui sont alors ces trois hommes et quelle était leur intention ? Selon certains témoignages recueillis sur place, il s’agirait bien sûr de ces individus malintentionnés et qui procéderaient depuis un certain temps à des enlèvements d’enfants dans la ville. Et ce qui semblait convaincre davantage la foule dans cette affaire, c’est ce véhicule noir aux vitres teintées dont on parle tant et qui aurait été aperçu sur les lieux, ce vendredi.
Confirmation en a été faite par l’un des enfants qui a déclaré avoir vu le véhicule démarrer à sa sortie du tunnel. Toujours est-il que des trois personnes incriminées dans cette affaire, deux seraient en fuite et la troisième aurait été appréhendée par la gendarmerie.
Quant aux deux suspects convoyés à la police, ils seraient plutôt soupçonnés de consommation de stupéfiants et auraient eu la malchance de se retrouver sur les lieux au moment des faits. En attendant, les enquêtes sont en cours et au stade actuel des choses, il est encore difficile de dire avec précision s’il s’agissait d’enlèvement ou pas et à quelle fin ?
Jonas Apollinaire Kaboré
L’Observateur Paalga
