Actualités :: Grand reportage : Alix et Princesse, deux homosexuels burkinabè à coeur (...)

L’homosexualité en Afrique ? Une réalité qui fâche, une pratique qu’on cache, un fait qui se répand, un sujet qui divise. A l’échelle des Etats, la pratique est diversement codifiée par la loi : légale en Afrique du Sud, l’homosexualité reste passible d’une peine d’emprisonnement dans bien de contrées. Au Sénégal, pour ne prendre que cet exemple, neuf personnes ont été condamnées en janvier dernier à huit ans de réclusion pour relations sexuelles pas correctes. Si chez nous, au Burkina Faso, une sorte de vide juridique plane au-dessus de ce phénomène de société, ce n’est pas bientôt qu’au pays des hommes intègres éclora le printemps des homosexuels, jusque-là contraints à la clandestinité.

Imaginez que rien qu’à l’annonce, dans l’édition du vendredi 06 au mardi 10 mars 2009, du présent grand reportage, nous avons enregistré sur notre site Internet plus d’une centaine de réactions pas toujours favorables, loin s’en faut, aux homosexuels. Nous avons pu en rencontrer deux : un homme, Alix, et une femme, Princesse, qui ont accepté de nous parler à cœur ouvert de leur cas. Tout en nous excusant par avance auprès de nos lecteurs pour l’usage de certains mots qui pourraient choquer leur sensibilité, nous les invitons à ne pas manquer de lire les encadrés, car c’est là qu’ils feront connaissance avec Alix et Princesse, noms de code de nos interlocuteurs.

« C’est un risque que nous prenons en acceptant ton invitation. Mais cela en vaut la peine, car notre objectif, c’est de mieux éclairer les gens sur l’homosexualité ». Alix, un quadragénaire, accepte de parler de son homosexualité. A ses côtés, Princesse, une lesbienne qui ne tarit pas d’éloges sur les plaisirs exquis que procure l’amour entre femmes.

Lui, Alix, a 47 ans et exerce dans un corps très prestigieux et hautement humanitaire de la Fonction publique. Elle, Princesse, a 42 ans et officie dans le privé. Tous deux sont Burkinabè, ont des enfants, trois chacun, mais vivent aujourd’hui séparés de leurs premiers conjoints.

Tous ont accepté de parler à la presse de leurs orientations sexuelles : Alix de sa bisexualité (attirance sexuelle à la fois pour les femmes et les hommes) et Princesse de son lesbianisme (rapports sexuels entre femmes). Une première en dehors du mouvement raëlien, où les deux francs-tireurs semblent avoir trouvé, depuis un certain temps, un cadre d’expression. Mieux, ils ont trouvé dans les enseignements de Raël (fondateur du mouvement raëlien, basé sur le principe de la création de toutes les formes de vie terrestre par les extraterrestres, les Elohim, grâce au génie génétique), les explications scientifiques de leur spécificité sexuelle.

En effet, dans une brochure publiée par l’Association raëlienne des minorités sexuelles (ARAMIS), dont les ramifications se trouvent sur tous les cinq continents, il est écrit : « On trouve chez les êtres humains différents types d’orientations sexuelles dont les plus connus sont l’hétérosexualité [NDLR : sexualité entre personnes de sexes opposés], la bisexualité et l’homosexualité. L’orientation sexuelle est d’ordre génétique ».

Mais, avant de poursuivre, levons, ici et maintenant, toute équivoque : tous les raëliens ne sont pas homosexuels et tous les homosexuels ne sont pas raëliens.

Cela dit, depuis que nos deux interlocuteurs ont mis pied dans l’Association il y a de cela quelques années, ils ne vivent plus leur homosexualité comme une blessure coupable.

« Le mouvement m’a appris à mieux me connaître et à vivre mon côté homosexuel de façon épanouie, totale et sans culpabilité. Si aujourd’hui je vous parle librement de mon homosexualité, c’est grâce au mouvement raëlien », tient à préciser Alix.

Mais de là à témoigner à visage découvert, c’est un pas de géant que ni Alix ni Princesse ne se risquent à franchir. En tout cas, pas pour le moment. Malgré nos supplications assorties de toutes les garanties sur les mesures de précautions à prendre en de pareilles circonstances (masquer ou flouter les visages, clichés de dos), ils sont restés catégoriques sur leur refus d’être photographiés.

Pas question non plus de faire mention de leurs identités complètes. « Comprenez nous, ce n’est pas par honte, explique Alix d’une voix meurtrie, mais par peur du rejet par la société. Et puis, vu ma profession, je crois que c’est mieux que je ne parle pas à visage découvert. Les gens ne sont pas encore psychologiquement préparés à nous accepter » (lire témoignage).

Pour lui, l’acceptation de l’homosexualité suppose une certaine maturité psychologique. Chose dont peu de gens font preuve selon lui. Alors, discrétion, discrétion et toujours discrétion. Aucun de ses enfants (l’aîné a 19 ans), aucun membre de sa grande famille, aucun collègue, pas même un ami fidèle, ne partage son secret.

Même son ex-compagne, qu’il désigne toujours par « la mère de mes enfants », après 7 ans de vie commune, n’a eu droit à la moindre confidence : « Un jour, la mère de mes enfants m’a posé une question vraiment embarrassante. Mais, dans ma réponse, j’ai dévié pour qu’elle ne sache rien parce qu’elle n’y était pas encore psychologiquement préparée ».

Une collectionneuse de femmes

Contrairement à Alix, Princesse, elle, a obtenu la garde de ses enfants, dont le géniteur, un Burkinabé, vit aujourd’hui en Europe. Ces manières très raffinées contrastent avec son goût très prononcé pour les allures d’homme. Teint noir de jais, mince, coiffée à la garçonne et boucles d’oreille discrètement fixées, cette femme lesbienne a fini par cracher le morceau à quelques rares proches, qui ne lui ont pas tenu rigueur.

Son ex-mari, à qui elle a d’abord avoué son penchant, et qui se doutait déjà de quelque chose ne s’en est pas offusqué outre mesure : « L’important, a-t-il trouvé à dire, c’est que tu ne m’as pas trompé avec un autre homme ».

Même sentiment de tolérance chez sa fille aînée : « Il y a trois ans de cela, j’ai pris mon courage à deux mains et j’en ai parlé à ma fille, qui avait 22 ans. Puisqu’elle vit avec moi, je savais qu’elle se doutait de quelque chose, mais le courage lui manquait pour me poser ouvertement la question. Après mes révélations, elle a apprécié ma franchise et depuis, elle m’a acceptée comme telle » (lire témoignage).

Et depuis, cette collectionneuse de femmes au tableau de chasse bien garni, une polygame pour reprendre sa propre expression, s’affiche chez elle avec ses partenaires. Au vu et au su de sa progéniture.

Sans dérangement, sans gêne et sans le moindre signe de stigmatisation. « J’amène mes partenaires chez moi à domicile, dans ma chambre. La présence des enfants ne me dérange pas. Personne ne s’immisce dans la vie de l’autre ».

Mais cette tolérance apparente semble être une exception rarissime dans une société africaine profondément homophobe.
Qu’en est-il au Burkina Faso ?

Tenez ! Suite à l’annonce du présent article, parue dans notre édition du week-end dernier, nous avons enregistré sur notre site Internet un nombre impressionnant de réactions. Sur la centaine d’internautes qui ont réagi, c’était la quasi-unanimité contre l’homosexualité. Morceaux choisis :

- « Les homosexuels seront châtiés à la hauteur de leur maladie mentale et boutés hors du Burkina… » ;

- « C’est la première fois que je m’invite sur ce forum et c’est pour dire que nos racines, notre culture et notre identité d’anciens Voltaïques et d’actuels Burkinabé nous interdisent d’être indulgents avec cette tare et pulsion animalière qu’est l’homosexualité » ;

- « Que la colère de Dieu s’abatte sur ces vauriens et maudits de la société » ;

- « Le jour où les homosexuels vont oser se montrer en public, je commets mon premier meurtre ».

Des réactions très symptomatiques du rejet que la société burkinabè, dans son ensemble, voue à une pratique sexuelle jugée « obscène », « animalière », « contre nature », « criminelle », « tare venue de l’Occident ».

Toutefois, chez nous, un vide juridique entoure la pratique homosexuelle. En effet, le code des personnes et de la famille, en stipulant que « les mariages se font entre personnes de sexes opposés », interdit, par déduction, les unions entre individus du même sexe.

Mais, sur l’homosexualité proprement dite, notre loi reste muette. « En droit pénal, ce qui n’est pas interdit par la loi est, en principe, autorisé », rappelle un juriste qui a accepté de donner son avis sur la question. « Mais, prévient-il, tant que l’homosexualité ne se pratique pas publiquement, il n’y a pas de problème. Dans le cas contraire, elle devient un outrage public à la pudeur ».

L’homosexualité a toujours existé en Afrique

Même si, de plus en plus, on dénombre à Ouagadougou des lieux de rencontre pour gays, l’homosexualité reste réduite à la clandestinité à cause de la très forte réprobation sociale. « J’entends souvent des gens dire que le jour où ils apprendront que leur enfant est homo, ils le tueront. Et des personnes de ce genre, elles sont, malheureusement, les plus nombreuses à Ouagadougou », constate Alix. Alors, que faire ? « Rentrer sagement dans sa coquille », soupire Princesse.

Sur le plan scientifique, des études convergent aujourd’hui sur le déterminisme génétique de l’orientation sexuelle. Brandissant des explications anatomiques, génétiques ou même hormonales, de nombreux chercheurs affirment que tout individu naît avec son orientation hétérosexuelle, homosexuelle ou bisexuelle, indépendamment de son éducation et de son environnement.

Dans les domaines sociologique et anthropologique, les chercheurs sont unanimes : l’homosexualité existe et a toujours existé dans toutes les sociétés. Sa pratique est universelle et le pourcentage de personnes concernées serait à peu près le même dans toutes les communautés et à travers toutes les époques : 3% de la population.

Interrogé sur la question, le chef du département socio-économique et anthropologique de l’Institut des sciences des sociétés (INSS), Ludovic Kibora, est formel : « Il faudra que les Africains arrêtent de dire que c’est [NDLR : l’homosexualité] une invention venue d’Europe. Dans nos cultures africaines et burkinabé, il y a des situations d’homosexualité. C’est la méconnaissance de la réalité qui amène les gens à se braquer contre cette pratique, que l’on pense venue d’ailleurs ».

Point de vue corroboré par le sociologue camerounais Charles Gueboguo. Dans sa publication, l’homosexualité en Afrique : sens et variations d’hier à nos jours, le chercheur définit la finalité de son œuvre : « L’objectif est de démontrer que l’homosexualité a toujours été connue et pratiquée en Afrique. Nous le faisons, poursuit-il, dans le but de lever le mythe occidental savamment élaboré d’une Afrique qui n’aurait jamais connu l’homosexualité ».

Parti de la Grèce antique, où est né le concept de l’homosexualité, l’auteur, à travers plusieurs études de cas au Cameroun, au Togo, au Soudan, en Afrique du Sud, au Congo, au Burkina Faso et au Sénégal, pour ne citer que ces contrées, a démontré que, quelle que soit sa forme, l’homosexualité a existé en Afrique bien avant la colonisation du continent et en a cité les différentes formes :

- l’homosexualité identitaire : orientation sexuelle chez un individu ayant une attirance explicite ou non pour les personnes de son sexe, et qui, après une série d’étapes psychologiques, parvient à la reconnaissance et à l’acceptation de son identité en tant qu’homosexuel ;

- la pseudo-homosexualité : elle est basée sur l’activité sexuelle exclusivement et imite, le plus souvent, les rapports hétérosexuels ;

- l’homosexualité situationnelle : circonstancielle, elle se rencontre surtout dans les prisons, dans les internats ou au cours de certaines cérémonies initiatiques.

Alain Saint Robespierre


Alix nous a confié

A 47 ans, cadre supérieur dans la Fonction publique après un brillant cursus universitaire, Alix, comme il se présente, est bisexuel. C’est-à-dire qu’il est aussi bien attiré par les femmes que par les hommes. Sans tabou ni gêne, il nous ouvre, grandement, les portes de sa vie intime. Le ton calme, il répond, sans détours, à toutes les questions. Même à celles qui semblent osées. Lisez plutôt.

A quel moment de ta vie tu as senti de l’attirance pour les personnes du même sexe que toi ? C’est quand j’étais petit, entre 8 et 9 ans. A cet âge, j’étais attiré par les garçons. J’avais aussi envie d’avoir les comportements et les caractéristiques d’une femme pour expérimenter les plaisirs que les femmes pouvaient avoir.

Je sentais déjà que j’étais différent des autres garçons. Arrivé à l’université, j’avais des amis. Un jour, un d’entre eux m’a dit : « Si tu étais une fille, je t’aurais fais la cour ». Cette déclaration m’a énormément fait plaisir. En même temps, cela a renforcé mon envie d’avoir des caractéristiques féminines.

Après, j’ai connu le mouvement raëlien, dont les enseignements m’ont permis de mieux me connaître puis de me libérer des tabous imposés par la société. Petit à petit, j’ai pris conscience que ma différence avec les autres était quelque chose de naturel en moi.

Et quand a eu lieu ta première expérience homosexuelle ?

C’était en août 2003.

Avant cela, avais-tu déjà eu des relations avec une femme, puisque toi, tu es bisexuel ?

Oui, j’avais des copines.

Et au lit tout se passait normalement ?

Tout se passait normalement. Moi, je suis attiré par les deux sexes. Quand je vois un homme, par exemple à la télé ou dans la rue, qui me plaît, j’ai envie de l’embrasser. C’est quelque chose qui est en moi.

Est-ce que tu as parlé de ta différence aux membres de ta famille ou à des amis proches ?

Dans le mouvement raëlien, comme on parle librement, j’ai fais part de ma différence à des gens. Mais, dans ma famille, jamais. Une fois, la mère de mes enfants a eu à me poser une question embarrassante. J’ai alors dévié la question dans mes réponses. Je n’ai pas voulu qu’elle apprenne ma situation parce qu’elle n’y était pas psychologiquement préparée.

Tu as donc une femme et des enfants ?

Oui, j’ai trois enfants. Le premier a 19 ans, et le dernier, 12.

Et jusqu’à présent, ton épouse n’est pas au courant de ton côté homosexuel ?

Nous ne sommes plus ensemble.

Combien de temps tu as vécu avec elle ?

Environ 7 ans.

7 ans et elle n’a rien su ?

Absolument rien.

Et les enfants ?

Ni les enfants ni les membres de ma grande famille ne sont au courant de mon homosexualité. Je suis sûr que s’ils l’apprenaient un jour, ils en seraient choqués.

Actuellement, ou vivent les enfants ?

Avec leur mère.

Dans ton milieu de travail, les gens ne se doutent-ils de rien ?

Un peu. Dans l’environnement du travail, les gens soupçonnent un peu, à cause de mes comportements et de mes prises de position. C’est le dilemme que nous autres, nous vivons. On ne peut pas s’exprimer totalement et librement.

Moi, j’ai la chance d’être bisexuel. Alors, je peux vivre la partie de ma sexualité autorisée par la société. Mais celle qui n’est pas tolérée, je ne la vis pas dans toute sa plénitude. C’est uniquement chez moi que je peux me permettre certaines choses.

En tant que bisexuel, est-ce qu’il y a un penchant sexuel qui domine en toi ?

Pour le moment, je pense que c’est le côté hétérosexuel qui domine. Peut-être que cela est dû à l’influence de la société.

Est-ce que cette impression n’est pas liée au fait qu’avoir un partenaire homosexuel est plus difficile que de trouver un partenaire du sexe opposé ?

C’est possible. Oui, c’est possible parce qu’effectivement, il est plus aisé d’avoir un partenaire du sexe opposé qu’un partenaire du même sexe. Vous savez, les homosexuels représentent 5% de la population totale.

Actuellement, as-tu un titulaire, c’est-à-dire un homme avec qui tu couches quand tu veux ?

Non.

Quand le besoin se fait pressant, comment tu fais alors ?

Je peux me masturber. La masturbation est une activité sexuelle qui se mène seul en faisant intervenir des fantasmes et des actes physiques qui permettent à l’individu d’atteindre l’orgasme.

A quand remonte ton dernier rapport sexuel homo ?

(Silence). C’était en août dernier, je crois [NDLR : 2008]. Et ce n’était pas au Burkina Faso.

Il y a des lieux à Ouaga réputés être pour les gays. Tu ne les fréquentes pas ?

Personnellement non. Mes activités professionnelles ne me laissent pas beaucoup de temps libre pour fréquenter ces lieux-là. Mais, je vais tenter de les explorer.

Pendant les rapports homosexuels, toi Alix, tu joues quel rôle ? Celui de l’homme ou celui de la femme ?

Je joue les deux rôles. Alternativement, je fais la femme puis l’homme. Plus précisément, chaque partenaire joue tour à tour le rôle de récepteur et le rôle de donneur.

Quels sont le genre d’homme qui t’attire, et tes critères de choix ?

La beauté, la régularité des traits, la minceur et la douceur. Quand un homme est ainsi fait, j’ai envie de le toucher, de l’embrasser et de me coller à lui.

A l’exception de quelques raëliens, tu n’as avoué ton homosexualité à personne. Sens-tu véritablement un relent d’homophobie à Ouaga ?

Lors de notre passage à une émission radio, des gens appelaient au studio avec un ton menaçant. Ce sont des signes de rejet et d’intolérance de l’homosexualité. Si déjà à la radio, nous sommes menacés, qu’en serait-il si les gens avaient directement accès à nous ? Même accepter ton invitation est un risque que nous prenons. Mais cela en vaut la peine, car notre objectif, c’est de mieux éclairer les gens sur l’homosexualité.

L’OMS a supprimé l’homosexualité de la liste des maladies mentales en 1990, l’association américaine des psychiatres, depuis 1973. En Afrique du Sud, l’homosexualité est autorisée et le mariage entre personnes du même sexe est légal. Ailleurs, il y a des gays pride [NDLR : carnaval d’homosexuels]. Il y a des personnalités politiques qui sont homo.

N’empêche, pour beaucoup, le coït anal est contre nature parce que, disent-ils, l’anus n’est pas fait pour ça. Effectivement, dans l’esprit de bien de gens, l’anus n’est pas fait pour recevoir. Ces personnes ont été formatées dans cette perception.

Pourtant, quand on utilise des lubrifiants, comme le font d’ailleurs certains couples hétéros, il n’y a pas de problème. Il faut savoir prendre ses précautions. Il faut toujours avoir pour partenaire un homme qui te convient.

Si tu as un anus qui n’est pas très souple et tu prends un partenaire qui a un membre viril, il va sans dire que tu vas te blesser. Même lors des rapports hétéros, il arrive que la femme se blesse par perforation du douglas (membrane qui recouvre le col de l’utérus) due au pénis.

Vous appartenez à l’Association raëlienne des minorités sexuelles (ARAMIS). Le mouvement raëlien est-il un refuge pour homosexuels ?

D’abord, il faut préciser tout de suite que tous les raëliens ne sont pas homos. Dans le mouvement raëlien, on accepte les minorités. Le mouvement lui-même est une minorité philosophique. Il permet à l’individu de se découvrir et de s’épanouir totalement. La sexualité fait partie des aspects les plus importants de l’épanouissement de l’être humain. Elle est une recherche du plaisir qui permet à l’esprit de se développer.

Puisque tous les raëliens ne sont pas homosexuels, n’y a-t-il pas certains qui manifestent, d’une manière ou d’une autre, des comportements homophobes ?

Pas du tout. Au contraire. Le mouvement m’a amené à mieux me connaître et à vivre totalement ma situation sans culpabilité. Nous, les homos, aimons tous les humains. Nous souhaitons qu’il y ait une tolérance et qu’il y ait une logique d’intégration de l’humanité au lieu d’une logique d’exclusion. L’exclusion engendre des souffrances tant pour les exclus que pour ceux qui excluent.

Tout récemment au Sénégal, 9 personnes ont été emprisonnées pour pratiques homosexuelles. C’est scandaleux. C’est inconcevable. L’Etat sénégalais a failli à son rôle de garant des libertés individuelles.

Et que dit la loi burkinabé en la matière ?

La législation burkinabé interdit seulement les mariages homos, elle n’est pas explicite sur la pratique de l’homosexualité.

A.S.R.


Dans le jardin secret de Princesse

Le ton décalé, le langage direct, Princesse, lesbienne de 43 ans, raconte, comme elle ne l’a jamais fait, sa vie intime d’homosexuelle. Une cascade de révélations qui fera tanguer bien d’opinions. Attachez vos ceintures !

A quel moment de ta vie tu as commencé à éprouver de l’attirance pour les personnes du même sexe que toi ?

Très tôt et je m’en souviens encore aujourd’hui. Tout est parti vers l’âge de 9 ans, au primaire. J’étais attirée par les filles, mais je n’avais aucune notion de la sexualité. Je sentais seulement que j’avais du plaisir à être avec les filles. Je les admirais. Au collège, à l’âge de 12 ans, je me suis approchée d’une fille et lui ai demandé de m’embrasser. Elle l’a fait. Et depuis ce jour, on flirtait ensemble jusqu’en classe de 3e.

Donc après ce premier baiser, vous avez poursuivi les relations ?

Les relations amoureuses ont continué, comme je l’ai dit, jusqu’en 3e. Jeunes, on vivait toujours sous le toit de nos parents. Ma mère à cette époque faisait du commerce. Elle voyageait souvent à Accra, à Lomé et à Lagos. A son absence, ma copine venait chez moi et on faisait l’amour.

Donc cette fille en question était homo comme toi ?

Je ne sais pas. Il n’y a qu’elle seule qui puisse vous répondre. Ce qui est sûr, elle vit aujourd’hui dans un foyer et a 4 filles. Après notre séparation, nous nous sommes revues il y a de cela quelques années, mais il n’y avait plus cette attirance d’autrefois. Je ne lui ai pas demandé si après moi elle a eu d’autres rapports sexuels avec des filles.

As-tu parlé de ta tendance sexuelle à un membre de la famille ?

J’ai eu le courage d’en parler à ma première fille, qui a actuellement 25 ans. Je me suis confiée à elle lorsqu’elle était âgée de 22ans.

Quelle a été sa réaction ?

Je savais qu’elle se doutait de quelque chose. Mais elle n’avait pas le courage de me poser ouvertement la question. Elle remarquait que j’avais des comportements différents de ceux des autres femmes. Je m’habillais en garçon et tout ce que je faisais s’apparentait à des caractéristiques d’un homme. Même toute ma grande famille a fini par nourrir des soupçons. J’entendais des rumeurs autour de moi. Mais c’est seulement à ma famille que j’ai avoué mon homosexualité.

Mère de trois enfants, tu as donc eu des relations hétérosexuelles. Comment s’est opéré le retournement de situation ?

Depuis mon jeune âge, je savais que j’étais lesbienne. Mais il y avait le poids de la famille. J’ai vécu dans un milieu où il fallait faire comme les autres. Mes sœurs et mes cousines se mariaient. Donc je ne pouvais continuer à vivre seule. Il fallait sauver les apparences. C’est ce qui m’a amenée à tenter des expériences avec les hommes.

Je me suis trouvée un mec et on est restés ensemble pendant 12 ans au foyer. Mais durant notre vie à deux j’entretenais toujours des relations homosexuelles avec des copines. A son insu bien sûr. Si je lui avais avoué mon attirance pour les femmes, il y aurait forcément eu problème. Je constatais que, de part et d’autre, les relations ne me donnaient pas grande satisfaction. J’étais là en tant que mère de famille.

Ça veut dire quoi « pas grande satisfaction » ? Manque de plaisirs sexuels ?

(Hésitation) Non. Parfois au lit, ça me tentait de me laisser aller. Dans ces conditions, pour atteindre l’orgasme, la femme est obligée de fantasmer. Je faisais tout pour le satisfaire, mais chaque fois il y avait des blocages.

Tu ne ressentais rien non plus de ton côté ?

Pas du tout. Ce n’était pas un besoin pour moi. Mes envies étaient satisfaites ailleurs. Durant nos 12 ans de vie commune, on s’est séparés trois fois. Il y avait toujours de petites bagarres entre nous sans doute liées aux rapports sexuels. On n’avait pas le même rythme : lui, il avait toujours envie de me prendre et je n’étais pas toujours partante. Quand il persistait, moi, je fuyais le domicile. Après un séjour de 6 ans en Europe, il est revenu et m’a proposée de le rejoindre au pays des Blancs. Mais durant sa longue absence, j’ai connu le mouvement raëlien. Et c’est ça qui m’a permis d’avoir le courage de lui avouer que j’étais lesbienne. Amicalement et harmonieusement, on s’est quittés.

Etiez-vous légalement mariés ?

Non. Mais coutumièrement oui. Heureusement pour moi. Quand il est retourné en Europe, il a continué à m’envoyer de l’argent pour l’entretien des enfants. Mais aujourd’hui, il a coupé les ponts.

Concrètement entre femmes, comment ça se passe ?

[Rires]. Il y a plusieurs façons de faire l’amour. Il y a plusieurs moyens d’atteindre l’orgasme. Au lit, les lesbiennes ont surtout besoin de caresses et d’attouchements qui peuvent les envoyer au 7e ciel. Il y a aussi celles qui aiment se faire pénétrer. A ce moment, une des partenaire joue le rôle d’homme en utilisant un gode [NDLR : godemiché].

Ce qui est sûr, quand on se retrouve, c’est parti pour l’orgasme. Il y a des femmes qui sont bi. [NDLR : bisexuelle]. Ce sont ces genres de femmes qui ont surtout tendance à se faire pénétrer. Moi, toutes les partenaires que j’ai eues se sont déclarées hétéros. Mais, par la suite, elles ont pris goût au lesbianisme et aujourd’hui elles ont oublié ce qu’on appelle bite [NDLR : terme familier pour désigner le sexe masculin].

Elles se sont donc littéralement reconverties ?

Non, ce n’est pas une reconversion. Elles se sont découvertes. L’amour dans sa plénitude ne privilégie pas une partie du corps mais concerne tout le corps ; chose que beaucoup d’hommes ignorent.

Est-ce que, comme Alix, tu as des difficultés à avoir des partenaires ?

Depuis que j’ai découvert mon homosexualité, je n’ai pas de difficultés à avoir une partenaire. Il y a quelque chose en moi qui fait que quand je commence à draguer une femme, je parviens toujours à mes fins. Je suis une femme donc je sais ce dont les femmes ont besoin. Je ne rate jamais ma proie.

Comment tu procèdes ?

Ouvertement, avec tous les risques possibles. Seulement, une dame que j’ai pu conquérir m’a conseillée de ne plus aller vers n’importe quelle femme.

Il ne t’est jamais arrivé d’être violemment repoussée ?

Heu… Je dirai non. Mais je connais des gens qui ont été violemment repoussés. Moi je drague toujours avec stratégie : d’abord, j’essaie de collaborer avec ma future partenaire sans laisser entrevoir mes intentions. Une fois l’amitié renforcée et la confiance établie, j’avance mes pions puis je dévoile petit à petit mon identité sexuelle.

Mais au cas où il s’agirait d’une femme mariée ?

Je ne tiens pas compte de son statut matrimonial. Si elle me plaît, je fonce.

Et qu’est-ce qui te plaît chez une femme ?

Le teint noir, la beauté naturelle du visage. Par contre, les grosses femmes ne sont pas de mon goût.

Au lit, vous êtes toujours à deux ou en groupe ?

[Longs rires]. Il m’arrive de faire l’amour avec un groupe de femmes.

Où se déroulent vos ébats amoureux ? A domicile ou en des lieux particuliers ?

Moi, j’amène toujours mes partenaires chez moi à la maison.

As-tu une partenaire fixe et toujours dispo ?

Si, j’en ai.

Entre lesbo, la fidélité est-elle de rigueur ?

La fidélité non, la propreté oui. Si ma partenaire ne supporte pas mon rythme, je cherche compensation ailleurs. En la matière, je suis polygame.

Tu sembles être une collectionneuse de femmes. Parle-moi de ton tableau de chasse. J’ai connu des femmes de différentes nationalités. Mais j’avoue que je ne suis jamais sortie avec une Blanche. Rappelle-toi, je n’ai d’attirance que pour le teint noir.

Il t’arrive souvent d’aller chasser dans les clubs réservés aux homos ?

Non.

Que penses-tu de l’homophobie ?

C’est de l’intolérance qui ne saurait se justifier. En quoi le fait qu’une femme procure du plaisir à une autre peut-il être considéré comme contre nature ? En quoi un homme qui fait l’amour à un autre commet-il un crime ? Je respecte la femme, je loue la femme, pour ne pas dire le vagin. Je ne vois rien de mal en cela.

A.S.R.


L’Afrique, l’islam et la papauté, en rangs serrés contre l’homosexualité

C’est la triple alliance contre l’homosexualité. En effet, un groupe de pays du continent noir, des Etats musulmans et le Saint-Siège se sont coalisés à l’Organisation des Nations unies (ONU) pour faire barrage à une éventuelle reconnaissance de l’homosexualité.

Ils ont exprimé leur vive opposition à la mention du concept « d’orientation sexuelle » dans le projet de déclaration internationale sur le racisme, actuellement en cours d’élaboration. Dans sa version actuelle, ledit projet de déclaration propose de « condamner toutes formes de discrimination et toutes les autre formes de violation fondées sur l’orientation sexuelle ». L’adoption du texte final est prévue pour avril lors de la conférence de Genève.

Sources : Internet

L’Observateur Paalga

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