La Journée internationale de la Femme sera célébrée cette année sous le thème " Investir dans les femmes et les filles pour un développement humain durable". C’est la capitale de la Région du Sahel, Dori, qui abritera les cérémonies entrant dans le cadre de cette journée au cours de laquelle le monde entier marque un temps d’arrêt pour réfléchir sur le sort de cette moitié du ciel, mesurer le chemin parcouru dans les volontés tant publiques que privées de promouvoir les droits de la femme.
La Journée du 8-Mars est l’occasion de rendre hommage à toutes ces femmes qui se battent, sur tous les fronts pour le développement de notre pays. Par exemple, devant la démission de certains hommes dans la bataille contre la vie chère, elles ont attaché solidement leurs pagnes, enfilé le pantalon et la culotte laissés par leurs hommes pour monter sur les rings.
Elles sont montées au front pour la recherche d’une vie meilleure. Honneur à ces femmes qui se battent, qui refusent l’abdication face aux adversités de toutes sortes de la vie ! Malheureusement, ces battantes ne sont pas parties prenantes des discours qui sont faits sur les victoires quotidiennes qu’elles enlèvent. Elles entendent de loin et à peine les flonflons et les applaudissements à tout rompre, les bruits de fourchette dans les assiettes, qui vont rythmer cette fête qui leur est dédiée, le 8 mars. Elles ne prennent pas part aux djanjobas qui seront organisés ici et là. Elles n’ont pas, elles, le temps de faire admirer leurs parures.
Premières à se lever dans le foyer, elles sont les dernières à rejoindre leur lit ou leur natte. Chaque jour, elles remportent des victoires. Sur toutes les routes, on les rencontre, qui à pied, qui à vélo, qui sur un cyclomoteur, avec sur la tête de lourds fardeaux, attachés derrière leur monture. Elles parcourent les marchés qui se trouvent dans la périphérie de la capitale. Elles voyagent souvent loin de leur foyer pour acheter légumes, tubercules, céréales, qu’elles reviennent écouler sur les divers yaars de la capitale, Ouagadougou. Le 8 mars est l’occasion pour honorer ces femmes-là. Quant aux cérémonies, elles sont l’affaire des quelques citadines, ces femmes aux gros sacs à main en cuir, ainsi que les appellent leurs soeurs des campagnes.
Parce que, elles sont nombreuses les femmes au Burkina qui ne connaissent du 8-Mars que le pagne imprimé à cet effet qu’elles ont acheté avec le produit de leurs diverses tontines. Et encore ! Pour le reste, elles ne semblent pas concernées. Pour d’autres femmes, moins nombreuses bien sûr, ce qui retient leur attention, c’est l’aspect festif du 8-Mars. Il revient au ministère de la Promotion de la Femme de travailler pour rapprocher ces diverses attitudes, ces différentes perceptions de la signification de la Journée internationale de la Femme. Il pourra commencer par s’interroger pour savoir à qui profite la fête, et finir par la question suivante : "Quels changements les activités des femmes ont -elles apportés dans la vie économique nationale ? La femme est-elle un agent économique au même titre que l’homme ?..."
Les réponses adéquates à ces questions doivent s’appuyer sur un bilan véridique des activités du ministère de la Femme. S’agissant particulièrement de ce ministère, il faut reconnaître que quelques progrès ont été faits pour l’amélioration du sort de la femme burkinabè. Mais, il n’est pas encore venu le temps pour l’État de se désengager ou de baisser les bras. Il faut davantage accompagner l’activité féminine. Le gouvernement doit encourager l’institution des microcrédits tout en travaillant à adoucir leurs conditions d’octroi.
Dans le même temps, on doit se garder d’une très grande politisation des structures des microcrédits. Il en est de même des associations des femmes que d’aucuns considèrent comme un vivier électoral. En tout état de cause, il y a une très grande différence entre une femme qui se trouve dans l’incapacité de solder un crédit de cent mille (100 000) francs pour des raisons objectives et ces opérateurs économiques qui doivent des centaines, voire des milliards de F CFA aux établissements financiers et bancaires. C’est une grande injustice de refuser de donner sa chance à une telle femme sous le prétexte qu’elle doit.
Une autre injustice, c’est le refus de la propriété foncière à la femme. Les textes sur le foncier rural en cours d’élaboration doivent veiller à corriger cette injustice. En tous les cas, les femmes sur tous les plans, ont fait la preuve qu’elles sont des productrices compétentes et avisées. Il ne leur manque souvent que l’accompagnement de l’État. Il est temps pour qu’il y pense, et le 8 mars est l’occasion pour l’affirmer. La moitié de la population du Burkina est composée de femmes. N’est-ce pas un crime que de la marginaliser ?
Le Fou
Le Pays
