Actualités :: CHEIKH ADAMA HEMA, GUIDE SPIRITUEL : "Je ne considère pas Ben Laden comme un (...)

Cheikh Adama Héma revient de loin. C’est le moins que l’on puisse dire en prenant connaissance de sa biographie. En effet, avant d’être aujourd’hui un guide spirituel, il a d’abord été un grand féticheur craint à Banfora où il avait été amené tout petit de la Côte d’Ivoire après la mort de son père. Comme Saint Paul sur la route de Damas au moment où il persécutait les croyants, il a eu une vision et a abondonné tous ses fétiches pour embrasser la religion musulmane. C’était en 1990. Et pour mieux découvrir la religion à laquelle il s’est converti, il est allé à la recherche du savoir avec l’aide de bonnes volontés. Son aventure l’a conduit au Yémen et en Inde où, en plus de l’Islam, il s’est intéressé au Bouddhisme, à l’Hindouisme. Aujourd’hui, devenu guide spirituel, il ne cesse de prêcher le bien, l’amour du prochain, la solidarité, la tolérance et le dialogue interreligieux. En séjour au Burkina, nous l’avons rencontré le 26 février 2009 au moment où il s’apprêtait à s’envoler pour l’Arabie Saoudite.

"Le Pays" : Qui est Cheikh Adama Héma ?

Cheikh Adama Héma : Avant de devenir musulman en 1990, j’étais le plus grand féticheur de Banfora. Après avoir embrassé l’Islam, je suis allé à l’aventure, à la recherche du savoir. Pour cela, je suis allé à Abidjan en Côte d’Ivoire, puis au Yémen où j’ai fait 9 mois avant d’aller en Inde où je suis resté 3 ans. J’ai appris le Coran et après je suis revenu au Burkina. J’ajouterai à ma présentation que je suis né en Côte d’Ivoire et que c’est après le décès de mon père en 1964 que mon oncle m’a amené à Banfora.

Comment êtes-vous devenu musulman ?

J’ai fait 3 ans avec des génies. Après, je pratiquais beaucoup le fétichisme. Par exemple, je ne mettais pas de l’essence dans ma moto. Je me mettais avec ma moto à côté d’une autre, j’ouvrais mon réservoir et toute l’essence de la première moto se retrouvait dans la mienne. Si je condamnais le nom de quelqu’un avec mon cadenas, ce dernier mourrait au bout d’une heure s’il ne satisfait pas tout ce que je lui demandais. C’était reconnu à Banfora que j’étais dangereux et on m’avait même donné un surnom : "Gnoumaké- djamoukoudougou". Dans le même temps, j’aidais les musulmans. Par exemple, je leur donnais du mil au mois du Ramadan. En 1990, j’ai eu une vision qui me disait de me convertir à l’Islam.

Qu’est-ce que vous êtes allé chercher exactement au Yémen et en Inde ?

J’y suis allé faire des recherches parce qu’il est dit dans la Bible : "Cherchez et vous trouverez, frappez et l’on vous ouvrira". Je suis allé aussi pour rechercher le savoir et venir servir mon pays.

Avez-vous le sentiment d’avoir appris quelque chose et qu’est-ce que vous avez d’ailleurs appris ?

Cela, c’est entre Dieu et moi. Ce que je peux vous dire, c’est que j’ai appris beaucoup de choses que je compte mettre au service de mon pays, de tout le monde sans distinction de religion. Musulmans, chrétiens ou autre, on doit s’aimer, travailler ensemble pour développer le pays. On doit faire le bien. Jésus-Christ a dit aux chrétiens de laisser le mal et faire du bien. Le Prophète Mahomet a dit aussi la même chose aux musulmans. Mais aujourd’hui, pourquoi il y a la guerre partout ? Pourquoi on ne s’entend pas entre nous ? Pourquoi il n’y a plus l’amour du prochain, l’entraide ? C’est le chrétien et le musulman qui jugent le monde. Or, les deux ne s’entendent pas parce que chacun veut manger et laisser l’autre. Ce n’est plus une affaire de Dieu parce que Dieu n’a pas créé l’homme pour qu’il fasse du n’importe quoi, du mal. La Bible et le Coran ont pour objectif de sensibiliser le monde.

Qu’est-ce que vous pensez de Ben Laden et des Etats-Unis d’Amérique ?

J’aime l’Amérique parce que c’est un pays que Dieu ne peut jamais abandonner. Les Etats-Unis aiment tout le monde, que tu sois Noir, Blanc, Arabe. Et Dieu aime cela. Même si tout le monde peut être contre l’Amérique, Dieu ne sera pas contre elle.

Etes-vous déjà allé aux Etats-Unis ?

Non. A propos de Ben Laden, je ne le considère pas comme un musulman. Il ne l’est pas parce que Dieu n’a jamais dit de tuer quelqu’un parce qu’il n’est pas de la même religion que toi. Je mets George Bush aussi dans le même sac parce qu’il a écrit dans un livre qu’il est un messager de Dieu. Or, Dieu n’a pas dit par exemple : "George Bush, va attaquer l’Irak !". Tout cela c’est de la politique, une guerre pour l’argent. Ce n’est pas une affaire de Dieu.

Avez-vous profité de votre séjour en Inde pour vous intéresser au Bouddhisme, à l’Hindouisme ?

En Inde, il y a tout. Il y a le Bouddhisme, le Vaudou, le "Koro" qui est un grand fétiche. Il y a aussi ce que l’on appelle Mahawiya matérialisé par une statue en bois avec une tête de femme. Cette religion considère que tout vient de la femme et il faut la vénérer. C’est vrai que je suis allé étudier l’Islam, mais je me suis intéressé aussi à ces différentes religions. Par exemple, je me suis intéressé à la concentration et laissez-moi vous dire que la prière même est de la concentration. Si tu manques de concentration, tu ne peux pas entrer en contact avec Dieu. J’ai vu par exemple des adeptes de Bouddha qui se sont concentrés et ont fait trembler du bois placé devant eux. Si tu utilises la même concentration en te mettant devant Allah, tu auras sa représentation en face de toi.

Avez-vous pu concilier sans difficultés Islam et Bouddhisme ?

Au moment où je m’intéressais au Bouddhisme, je n’avais pas encore étudié en profondeur le Coran. J’étais toujours en train de faire des recherches et comme je voulais vraiment tout connaître, je me suis intéressé à tout. C’est après avoir étudié le Coran de fond en comble que je me suis concentré sur l’Islam.

Est-ce que l’Islam et le Bouddhisme se ressemblent ou bien y a-t-il des choses qui les opposent ?

L’adepte du Bouddhisme dit que ce qu’il fait, c’est pour Dieu. Le féticheur dit aussi la même chose. Quand j’étais féticheur, je faisais tout au nom de Dieu et j’appelais les musulmans pour égorger mes poulets. Et le vendredi, personne ne travaillait chez moi au village. S’il y avait une sécheresse, on m’appelait. Et le jour des sacrifices, on ne finit pas de griller les poulets égorgés sans que la pluie tombe. Je faisais cela en étant convaincu que c’est une volonté de Dieu. En ce moment, j’avais 17 ans.

Etes-vous musulman, bouddhiste ou les 2 à la fois ?

Je suis musulman ; je ne suis pas bouddhiste. Je me suis intéressé au Bouddhisme juste pour savoir ce que c’est. C’est la même chose avec le "Koro". J’ai fait des recherches sur ces religions hindoues et même le fétichisme. Aujourd’hui, si je regarde tout fétiche malfaiteur, il prend feu au nom de l’Eternel. C’est pour cela d’ailleurs que je suis venu au Burkina pour combattre le mal. Je veux que l’on fasse du bien, rien que le bien. Je ne veux pas que ce qui se passe de mauvais ailleurs arrive au Burkina.

Selon vous, qu’est-ce qui pourrait menacer la stabilité, la paix au Burkina ?

La guerre survenue en Côte d’Ivoire a été une guerre de religion. Je ne veux pas que cela arrive au Burkina. Je veux que les chrétiens et les musulmans mangent dans le même plat. Celui qui fait le bien sera récompensé par le bien dans l’au-delà et celui qui fait le mal sera récompensé sur terre bien avant l’au-delà. Il y a aussi les querelles politiques qu’il faut bannir à jamais parce qu’elles sont sources de troubles. Et il faut éviter de dire que ce qui se produit ailleurs de mauvais ne peut pas nous arriver. Ce que l’on voit, entend, c’est comme une odeur qui se répand.

Parmi vos enfants, y en a-t-il qui comptent prendre votre place un jour ?

J’ai 2 femmes que j’adore et 22 enfants. Il faut que je précise que les enfants n’appartiennent pas tous à mes 2 épouses parce que je faisais du n’importe quoi avant d’embrasser l’Islam. C’est pour cela que je n’arrête pas de demander à Dieu de me pardonner. Parmi mes enfants, celui qui pourra faire ce que je fais, si Dieu lui donne longue vie, est en bas âge.

Comment le saviez-vous ?

C’est un choix de Dieu. Et quand Dieu choisit, il fait des miracles. Il y a des enfants qui font des choses qui te ressemblent beaucoup en tant que père.

Entretien réalisé par Séni DABO et Cheick Beld’hor SIGUE

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