Actualités :: Vente de pain à domicile : Une autre façon pour les femmes de se (...)
A pied, les femmes font la ronde des concessions très tôt le matin pour écouler le pain.

A Bobo-Dioulasso, un nouveau genre d’activité génératrice de revenus a fait son apparition, précisément dans les secteurs périphériques. La vente à la criée du pain occupe de plus en plus la gent féminine, qui visiblement, semble trouver son compte.

Mardi 25 août 2008, 4h 30 mn, boulangerie Wend Konta au secteur n° 6, sur le prolongement de l’avenue du gouverneur Louveau. Les clients arrivent au compte-gouttes, à vélo ou à pied, par groupes de deux ou de trois. A distance déjà, une odeur de pain chaud chatouille les narines et provoque l’appétit du visiteur.

A l’intérieur, des clients, pour la plupart accostés au comptoir attendent. Le temps passe. Les incessants va-et-vient révèlent une certaine impatience. Un problème technique, a-t-on appris, a réduit le rythme de production. Disséminées au milieu du groupe, les femmes donnent de temps en temps de la voix. Sac en polyéthylène ou bassine en main, elles s’imposent par leur vacarme. Alima Barro, les yeux encore sommeilleux en fait partie. Ce matin elle a dû se lever à 4 heures pour rallier la boulangerie. La trentaine bien sonnée, elle s’est lancée avec succès dans cette activité depuis deux ans. Le petit commerce de pain fait désormais partie de son quotidien. Et visiblement, elle semble s’y épanouir. Chaque matin, des miches de pain dans un plateau en équilibre sur la tête, elle fait la ronde des concessions pour écouler sa marchandise. Avec une quarantaine de pains vendus en moyenne par jour, cette femme réalise un chiffre d’affaires quotidien de 5 000 F CFA. En temps ordinaire, confie-t-elle, elle en vend davantage, mais avec les fortes pluies qui s’abattent sur la ville en ce moment son commerce a pris un coup.

Sur 55 miches de pain prises la veille, témoigne Fanta Sanou rapatriée de Côte d’Ivoire, une autre vendeuse de pain au secteur n° 21, il lui en reste toujours trois sous les bras, qu’elle tente d’écouler en vain, assise sur une grosse pierre transformée pour la circonstance en tabouret au coin de rue de la pharmacie « Bien-être » à Colsama. Juste à côté d’elle, deux autres vendeuses assises sur les rebords d’un pont, scrutent la rue. L’une d’elle, Fanta Drabo mariée et mère de trois enfants réside depuis quatre ans au secteur n° 21. Son air serein dissimule mal sa joie. Elle nous confiera avoir écoulé 100 baguettes de pain cédées chacune à 100 F CFA par la boulangerie.

La même baguette est revendue au consommateur à 125 F CFA, soit une marge bénéficiaire de 25 F CFA qui lui seront reversés en cumul en fin de mois. Avant affirme-t-elle, il fallait payer cash le pain, mais avec la vie chère, les boulangers se sont résolus à leur livrer le pain à crédit à la seule condition de solder la dette de la veille avant de bénéficier d’un autre ravitaillement. Mais certains boulangers dont Wend Konta au secteur n° 21 de la ville ont décidé de ne plus traiter avec ces vendeuses. Un employé de la boulangerie qui a préféré garder l’anonymat justifie cette décision extrême de son patron par le non respect des consignes de vente par les femmes qui, obnubilées par le gain, bradent souvent le pain en sauvegardant toutefois le prix de cession. Par contre, à la boulangerie Assana, située à une centaine de mètres de là, c’est la lune de miel entre ces femmes et le gérant Moussa Dao.

Au secteur n° 17 (Sarfalao), également, ce commerce fait son lot de femmes heureuses. Assétou Traoré qui fait partie de celles-ci, peut en tout cas s’enorgueillir puisqu’ avec son bénéfice mensuel de 20 000 F CFA, elle participe un tant soit peu aux charges familiales. Mieux, c’est une source de fierté pour elle : « Depuis que j’arrive à apporter quelque chose au foyer, mon mari me respecte davantage », soutient-elle. Mariam Zongo, une autre femme qui est dans ce commerce, de renchérir qu’en l’absence de son mari occupé par les travaux champêtres dans les environs de Kuakualé, localité située à une vingtaine de kilomètres au Sud de Bobo-Dioulasso, elle assure seule, la ration alimentaire de ses deux enfants.

Et « C’est le revenu du pain qui permettra à son enfant de 7 ans d’aller à l’école dans quelques semaines », confie-t-elle avec une certaine fierté également.
Mais ce commerce, prévient-elle, a ses risques. En cette période de fortes pluies, on est constamment exposé aux intempéries et les quantités vendues sont en chute libre. En plus, il y a les risques de viol. Il faut se lever souvent à une heure indue, pour pouvoir obtenir du bon pain. Elle souligne par ailleurs qu’une de ses collègues a été dépouillée un jour de son argent par des délinquants. A cela, il faut ajouter les éventuelles de méventes.

Concurrentes sérieuses des boutiques de quartiers

Le pain non vendu ne peut être retourné à la boulangerie. Ce qui constitue un manque à gagner. Toujours est-il que l’activité nourrit…sa femme. Ces femmes s’inscrivent en faux contre l’idée répandue selon laquelle à Bobo-Dioulasso, elles consacreraient plus de temps aux « djandjoba » (réjouissances populaires) qu’aux initiatives de développement. Mieux, elles sont en train de bousculer les habitudes dans un domaine traditionnellement réservé aux boutiquiers des quartiers. D’où le mécontentement de Zakaria Zerbo, boutiquier à Ouezzin-Ville (secteur 15) qui, au fil des jours voit son chiffre d’affaires en pain se réduire comme une peau de chagrin.

Comme l’a si bien chanté l’artiste congolaise, Pierrette Adam’s, « ceux qui font quelque chose ont toujours contre eux ceux qui font la même chose ». Tant et si bien qu’aujourd’hui une guerre d’intérêt semble opposer les deux parties. Certains boutiquiers, à l’image d’Inoussa Kaboré au secteur n°17 (Sarfalao) n’hésitent pas à rappeler qu’eux, paient régulièrement les taxes, ce qui n’est pas le cas de ces « intruses ». Toujours est-il que de plus en plus, le nombre de femmes à s’investir dans le commerce de pain va, grandissant. D’autres vont même de marché en marché dans les villages environnants pour vendre le pain. Leur part de vente représenterait dans certaines boulangeries atteindrait 20 à 30% de la production journalière, selon certaines sources.

Frédéric OUEDRAOGO

Sidwaya

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