Actualités :: LOTISSEMENT A KOUBRI : La polémique fait rage

Le recensement dans le cadre du projet de lotissement dans la commune rurale de Koubri suscite des gorges chaudes. Pour le maire Félix Compaoré, il s’agit plutôt d’intrigues politiciennes menées contre sa personne.

Le premier lotissement intervenu à Koubri en 1999 n’a pas connu l’assentiment de toute la population du département. Suite à l’opération, la population résidente s’était sentie marginalisée. Sur environ 3000 parcelles dégagées à l’époque, la population résidente elle-même n’a été bénéficiaire que d’environ 800.

Saisi du problème, par le biais de l’association Développement communautaire de Koubri (DCK) et du Médiateur du Faso, le ministère de l’Administration territoriale a autorisé un second lotissement. C’est ainsi que le conseil municipal mis en place à la faveur des élections municipales de 2006 a, avec l’accord du MATD, engagé le nouveau lotissement. Selon le maire, Félix Compaoré, le MATD qui s’est désengagé du financement dudit lotissement, en a confié la gestion au conseil municipal qui, faute de fonds, demande des contributions aux demandeurs de parcelles.

Ces contributions, selon une commission ad hoc qui a travaillé sur la question, vont de 40 000 F CFA pour les résidents et 50 000 F CFA pour les ressortissants non résidents à 100 000 F CFA pour les autres demandeurs. Selon les estimations de la commission, en fonction du nombre de demandeurs et de l’espace disponible qui seront connus à la fin du processus de recensement en cours depuis le 25 août 2008, le nombre de parcelles à dégager pourrait atteindre 3000 à 4000.

Le mode de recensement des résidents, notamment la catégorisation de leurs bâtiments, suscite présentement quelques gorges chaudes. Un habitant, Boureima Sodré, s’explique : " Nous avons constaté qu’il y a des maisons qui n’ont même pas un bon mur et qui ont été recensées dans la première catégorie, c’est-à-dire la catégorie "A", alors qu’il y en a d’autres bien construites mais qui ont pris des "B." Il y en a aussi qui n’ont pas de toit mais qui ont été numérotées. D’autres personnes, après avoir hâtivement construit des murs, les ont démolis aussitôt, juste après leur recensement, et sont allés en construire d’autres ailleurs. Là encore, ils ont été recensés."

Sur le site, notre équipe de reportage a pu effectivement constater des maisonnettes dont les murs étaient encore frais, le 8 septembre dernier. Des maisons étaient d’une hauteur dépassant à peine deux mètres de haut sur un mètre carré, avec de la paillote au-dessus. Ce sont ces constructions qui intriguent également le conseiller municipal, Jérôme Zangré. Celui-ci les qualifie même de "poulaillers." Interviewé le lundi 8 septembre, le conseiller a indiqué que "le recensement a débuté le 25 août 2008.

Ce jour-là, on a eu la chance que l’Inspection d’Etat soit descendue à la mairie pour une vérification, et on attend toujours son rapport parce qu’elle a été témoin de ce qui se passait. En ce qui concerne le recensement, à la date du 25 août, il n’y avait pas un arrêté du maire pour matérialiser le début des travaux de la commission ad hoc de recensement ; en plus, un règlement intérieur de cette même commission n’était pas adopté par le conseil municipal. A moins que ce ne soient des délibérations falsifiées.

Hormis cet aspect technique, le maire a recruté un cabinet pour le recensement, certains membres de ce cabinet éprouvent même des difficultés rien qu’à remplir les fiches ; on se demande par quelle acrobatie la passation du marché a pu se faire." Pour le recensement proprement dit, a-t-il ajouté, "chaque jour que Dieu fait, nous recevons des plaintes. D’abord par rapport à la période, nous sommes dans une commune rurale, donc la majorité des populations s’adonnent aux travaux champêtres ; le mieux, c’était d’attendre la saison sèche pour ce genre de travaux parce que ça perturbe énormément les activités de nos braves paysans. La plupart des plaintes portent sur la vente des bons numéros "A" à des prix variant entre 50 000 F CFA et 150 000 F CFA."

Un règlement intérieur sur le lotissement

Parlant de fiches, il faut noter que les équipes de recensement, à leur passage, délivrent aux habitants de la cour ou au propriétaire du bâtiment une fiche de recensement sur laquelle est mentionnée la catégorie du bâtiment recensé ; cette fiche est également accompagnée d’un reçu relatif à la contribution de 1 500 F CFA que le propriétaire du bâtiment aura à verser. Selon le conseiller Zangré, il y aurait parmi les fiches délivrées par les équipes de recensement, des "bons numéros A" et qui donnent automatiquement droit à des parcelles. Le conseiller se demande d’ailleurs pourquoi au lieu que les reçus soient délivrés au niveau même de la mairie, ce sont les équipes de recensement qui les délivrent sur le site. Comment comprendre, se demande-t-il, que des résidents se retrouvent avec des numéros "C" ou "D", alors que d’autres personnes qui n’ont pas de maisons se font recenser avec des numéros "A" ou construisent des maisonnettes de 100 briques seulement ?

A entendre le maire Félix Compaoré, rencontré plus tôt dans la matinée, l’on est plutôt porté à croire que les populations n’ont pas été suffisamment sensibilisées sur la procédure appliquée dans le cadre de ce lotissement, même si tous les protagonistes conviennent à dire qu’il y a eu plusieurs séances d’explication entre les autorités municipales et la population.

Un règlement intérieur établissant le fonctionnement de la commission ad hoc qui travaille sur le recensement, indique que les bâtiments des zones à lotir doivent être différenciés par catégorie. La catégorie "A" concerne les concessions appartenant à des résidents autochtones ou ayant plus de 15 ans de résidence dans la zone, la catégorie "B", les résidents ayant moins de 15 ans de résidence, tandis que les "C" comprend les maisons construites entièrement avec 8 tôles au minimum et non habitées par le propriétaire. Catégorie "D" : maisons inachevées d’au moins 8 tôles construites par un ressortissant. Catégorie "E" : toutes constructions n’entrant pas dans les catégories indiquées plus haut. Pourtant, voici comment Boureima Sodré, lui, a compris les choses : "Le numéro "A" concerne ceux qui sont nés dans le village, le "B" les étrangers qui y ont duré, le "C" concerne aussi les étrangers, tandis que le "D" est pour la zone commerciale, les kiosques et les boutiques, et la catégorie "E", les maisons mal construites et les cases."

Des tentatives de sabotage ?

Lors de notre passage à la mairie de Koubri, dans la matinée, lundi dernier, le bourgmestre a d’abord commencé par nous expliquer comment se fait l’organisation du recensement : "Dans notre organisation, nous avons une cellule de supervision qui est composée du maire ou de son représentant, d’un rapporteur qui est le chef du service technique du foncier communal, d’un trésorier qui est le régisseur de la mairie, d’un responsable aux finances qui est le président de la commission Affaires économiques et financières, d’un coordonnateur des opérations sur le terrain qui est le président de la commission Environnement et développement local au sein du conseil municipal. Et nous avons prévu des formateurs en matière de recensement. En plus de cette cellule de supervision, nous avons une équipe sur le terrain. Celle-ci a été décomposée en 6 unités ; ces unités ont chacune leurs zones respectives.

Chacune de ces équipes est composée de quatre personnes dont un conseiller municipal qui intervient en tant que superviseur. Dans le souci de la transparence, nous avons voulu associer les populations. C’est la raison pour laquelle au sein de chaque unité sur le terrain, il y a un résident autochtone délégué par les habitants de la zone. Celui-ci participe en tant que personne ressource et à partir de sa connaissance du milieu et des populations, joue le rôle de guide au sein de l’équipe de recensement", a indiqué Félix Compaoré.

Le maire était assisté de son deuxième adjoint, du secrétaire général de la mairie, ainsi que du coordonnateur de l’équipe technique de recensement. Selon eux, le recensement ne peut se faire sans tenir également compte des gens qui construisent à la dernière minute. Ceux qui construisent pendant le recensement sont en réalité des résidents, ont-ils soutenu. En général, selon le maire et ses collaborateurs, ce sont des gens qui n’ont pas les moyens de réaliser des bâtiments, mais qui, du fait du recensement s’efforcent quand même de construire des maisonnettes, aussi petites soient-elles, ou même inachevées, juste pour être recensés comme les autres. Et les équipes de recensement n’ont d’autre choix que de les recenser, surtout lorsque la personne ressource qui les guide confirme que ce sont des résidents.

Le maire Félix Compaoré a aussi traité de délateurs, ceux qui racontent qu’il y a eu vente de fiches de recensement. Pour mieux s’expliquer, il a présenté une fiche de recensement ainsi qu’un reçu sur lesquels il est indiqué que ceux-ci ne donnent aucunement droit à une attribution de parcelle. Le maire qui est du RDB soupçonne l’opposition de vouloir saboter l’opération.

L’opposition dans la commune rurale de Koubri, n’est autre que le CDP. En effet, la commune de Koubri est l’une des rares localités où le méga parti, le Congrès pour la démocratie et le progrès, est sorti perdant des dernières élections municipales.

Par Lassina Fabrice SANOU

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