Actualités :: Reprise des cours à l’université : Savoir raison garder

Il faut sauver l’année académique 2007-2008. Tel est le sentiment qui doit animer tout Burkinabè soucieux de l’avenir de son pays. Les autorités politiques en ont également fait un défi majeur, en mobilisant des moyens exceptionnels pour la reprise des cours à l’université de Ouagadougou. Le paquet de mesures prises coûtera la bagatelle de deux milliards de FCFA au budget de l’Etat, donc aux contribuables burkinabè.

C’est dire qu’indirectement, chaque citoyen de ce pays a participé à l’effort engagé par le gouvernement pour une rentrée effective le 1er septembre prochain. Mais le succès de l’opération de sauvetage est-il pour autant assuré ? Une chose est de préparer le terrain pour la reprise des cours, et une autre, que les étudiants soient au rendez-vous. Car il ne faut pas l’oublier, autorités universitaires et étudiants se sont séparés dans une situation de conflit larvé que rien n’est venu aplanir. Il s’agit donc de savoir si les propositions du gouvernement vont rencontrer l’assentiment des étudiants et mettre ainsi fin à la guerre froide observée depuis les violentes manifestations du 17 juin dernier.

Si tous conviennent que la crise est strictement d’ordre académique , qu’elle n’a rien de politique, et que la volonté commune est de sauver l’année, il n’ y a pas de raison que le boycott persiste. Certes, des questions fondamentales comme les franchises universitaires, avec notamment le déploiement sur le campus d’une police spéciale, continuent de constituer des points d’achoppement. Certes, les conditions d’études demeurent toujours difficiles. Personne n’en disconvient. Mais il appartient aussi aux étudiants de savoir reconnaître les réalités objectives d’un pays comme le nôtre où tout est prioritaire. Au sein même de la communauté universitaire, on trouverait également à redire aux conditions de vie et de travail des enseignants, du personnel administratif, des ouvriers, etc. Quand on examine froidement la situation de l’université, en rapport avec les ressources du Burkina, on se fait une idée plus objective des efforts du gouvernement. Ailleurs, certains pays sont déjà à l’étape des universités privatisées et il ne viendrait à l’idée d’aucun étudiant d’ y aller en grève à la moindre difficulté. C’est pourquoi le sens du compromis propre au dialogue responsable et fécond doit animer tous les acteurs de l’université burkinabè, qui n’est pas encore au stade où l’enseigné doit prendre en charge toute sa formation. Par cette prise de conscience collective, on rendra à l’université sa vraie vocation, celle d’un temple du savoir.

Au-delà de l’avenir des étudiants eux-mêmes, c’est celui de l’université de Ouagadougou qui est en jeu. Car si des groupes continuent d’entretenir un climat de désordre sur le campus avec des positions jusqu’au-boutistes, c’est la grande masse des étudiants qui paiera les pots cassés. Majoritairement issus de milieux pauvres, ils ne peuvent s’offrir des études ailleurs, si l’UO venait à femer. Mais il ya surtout l’image de l’UO à sauvegarder. Réputée pour sa stabilité et sa rigueur, elle pourrait pâtir des nombreuses convulsions dont elle est prise, du fait essentiellement des grèves estudiantines. Beaucoup d’universités ouest-africaines se remettent à peine des troubles qu’elles ont connus ces dernières années et auxquels l’UO avait échappé. En perdant le label de qualité propre aux universités sérieuses, elles ont vu du coup leurs diplômes se dévaloriser. Veut-on que l’UO subisse le même sort ? L’on ne peut imaginer que des patriotes militent pour cela. Surtout pas les étudiants, car ce serait une catastrophe pour eux-mêmes d’abord, qu’ils soient nantis de diplômes ou pas.

Les efforts accomplis par le gouvernement sont importants mais ils ne peuvent pas à eux seuls restaurer un climat de confiance totale sur le campus. Au caractère bouillant des étudiants, les autorités doivent savoir opposer la sagesse des aînés. Car les étudiants ont cette excuse d’être jeunes et donc, par nature, impatients face à certaines attentes. L’université est de ce fait un champ d’expression de forces centrifuges dont le management demande beaucoup de délicatesse. L’Etat doit donc tenir les engagements à court terme qu’il a pris, pour rassurer les plus sceptiques. Il devra ensuite instaurer un climat de dialogue favorable à l’apaisement total de la situation sur le campus. Les problèmes ne manqueront jamais, mais tout dépend des instruments mis en place pour leur règlement. Bien sûr, l’attachement à la discussion n’exclut pas la fermeté quand, visiblement, la mauvaise foi entre en jeu. L’université doit donc rouvrir et les cours reprendre parce que l’avenir de ce pays en dépend. Pauvre parmi les pauvres, il ne peut se permettre de sacrifier la formation de ses bâtisseurs de demain sur l’autel d’intérêts inavoués.

"Le Pays"

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