Actualités :: Affaire à suivre : Le sale boulot de la police

28 octobre 2006. Un car de transport en commun, en provenance de Fada N’Gourma, est en partance pour Bogandé. A quelques kilomètres du village de Bilanga, situé sur cet axe, la course du véhicule est subitement arrêtée par trois individus munis d’armes à feu, cagoulés et circulant sur une moto. Les passagers de l’autocar vont ainsi subir un braquage en règle.

Après le départ des bandits, des policiers en faction à Bilanga sont alertés par les victimes. Au même moment, Bamdambé Lankoandé et Hamissonguini Mano, deux ressortissants de Pièla, village situé dans la même contrée, sont de retour de Fada N’Gourma. Ils sont aussitôt interpellés par la police d’autant qu’ils se déplacent sur une moto tout comme les auteurs du braquage. Jusque-là, rien ou presque d’anormal.
Dans la soirée de ce 28 octobre 2006, trois corps criblés de balles sont retrouvés dans la forêt de Pièla. L’identification faite par les populations riveraines indique qu’il s’agit des deux individus arrêtés par la police quelques heures plus tôt, et d’un troisième, Yarga Djolgou, commerçant demeurant à Pièla.

2 novembre 2006. La Direction générale de la police nationale, au vu des remous engendrés par cette ténébreuse situation, se fend d’un communiqué. Elle déclare que dans le cadre de la lutte contre le grand banditisme, une patrouille de police informée de la présence de trois coupeurs de route armés aux abords du village de Bilanga, s’est déportée sur les lieux. Lors de l’interpellation, il s’en serait suivi un affrontement qui s’est soldé par la mort des trois individus.

Mais il y a un gros problème dans cette version simpliste des faits. D’abord, les cadavres retrouvés par les populations l’ont été loin des lieux présumés du braquage tel qu’indiqués par les policiers. Ensuite, ils avaient les mains liées dans le dos. Comment ont-elles pu alors tenir des armes face à la police dans ces conditions, à moins que quelqu’un l’ait fait après leur mort ? Et même si c’était le cas, qui a intérêt à leur nouer les mains dans le dos ?

En fait, ces pauvres gens ont été victimes d’une grossière bavure policière. Ce que la Direction générale de la police ignorait ou feignait d’ignorer, c’est l’existence d’un témoin capital : Falalou Namoano, jeune lycéen de Pièla. Le jour des faits, raconte-il, il était à Pièla avec Yarga Djolgou quand ce dernier a reçu un coup de fil de l’un de ses employés se trouvant à Fada, l’informant notamment qu’il avait trouvé de l’or à acheter mais qu’il ne disposait pas de suffisamment d’argent. Djolgou décide alors d’envoyer un autre employé à Fada avec la somme nécessaire. Plus tard, il apprend des populations que ses deux employés, de retour de Fada, se seraient fait arrêtés par la police de Pièla. Accompagné du lycéen, il se rend au commissariat pour s’informer. Son accompagnant doit lui servir d’interprète puisqu’il ne parle pas français. A leur arrivée, ni les policiers ni les deux employés ne sont encore là. La patrouille arrive bien plus tard avec les deux employés. Ils sont vivants.

Le commissaire Djina Ouattara décide non seulement d’incarcérer ceux qu’il qualifie déjà de braqueurs. Mais aussi leur patron, Yarga Djolgou, venu pour obtenir leur libération, convaincu qu’il s’agissait d’une méprise.
Le jeune Namoano, lui, est plus chanceux. Après quelques intimidations, un interrogatoire et une garde à vue de 24 heures, il est remis en liberté. C’est d’ailleurs lui qui va alerter la famille. Mais trop tard. Les corps des trois individus seront retrouvés sans vies. Ainsi commence l’affaire de Pièla.

La justice saisie mettra pourtant plus d’une année avant de poser des actes concrets. Des sources proches de l’enquête révèlent qu’un juge d’instruction du Tribunal de grande instance de Ouagadougou aurait été saisi du dossier pendant le mois avril 2007. Mais il a fallu attendre 2008 pour que la procédure accouche de quelques arrestations. Le commissaire de police Djina Ouattara et cinq de ses agents auraient été mis aux arrêts par le juge d’instruction. Ce dernier a jugé qu’il disposait de suffisamment d’éléments pour mettre en cause le commissaire de police et ses complices. Contrairement à la version servie par la police à l’opinion nationale, il n’y aurait donc jamais eu d’affrontements entre les policiers de Pièla et quelque bandit que ce soit.
Deux ans après les faits, les populations de Pièla sont impatientes de connaître l’issue de cette grossière bavure policière. Une de plus.

Affaire à suivre !

Par Glory NEMARO

Le Reporter (reporterbf@yahoo.fr)

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