- Pascal Tiga Ouédraogo, maire de Sig-Noghin
Que deviennent les citoyens d’une mairie où celui qui devait faire régner l’ordre, la tranquillité et la paix, en l’occurrence le maire, crée lui-même le désordre ? A qui les citoyens doivent-ils se confier quand ils sont victimes de violences et de voies de faits ? Naturellement, aux services d’ordre chargés de la sécurité des personnes et de leurs biens qui ont été mis à la disposition du maire.
Mais qu’arrive-t-il si ce maire lui-même ne s’est jamais illustré comme un artisan de la sécurité de ses concitoyens ? Quand un maire porte la main sur une dame, quand il se fait accompagner de son fils et que tous les deux brutalisent et expulsent une tenancière de maquis, convenons tous que c’est un peu fort et même intolérable.
Pourtant, c’est ce qu’a fait le maire Pascal Ouédraogo de l’arrondissement de Sig-Noghin. On ne peut pas manquer d’être décontenancé à la lecture de cette histoire digne du far-west et d’une autre époque que rapporte notre confrère L’Evénement du 25 juillet dans son édition n° 144. Du reste, dans sa dernière livraison n° 881, un autre confrère, Le Journal du Jeudi dans sa célèbre rubrique Faso mètre met le maire Pascal Ouédraogo en panne. Ce confrère écrit : "En tout cas, si ce forfait était avéré, il devrait rendre des comptes car, de ce qu’on dit, c’est avec un de ses fils qui serait un gendarme, qu’il aurait passé la pauvre tenancière de maquis à tabac"
A qui le maire Pascal va rendre des comptes ? Au ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation ? Au maire central Simon Compaoré ? A son parti , le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) ? A l’Association des maires du Burkina ? Que dit son conseil municipal ? Chacune de ces structures, qu’elles soient étatiques ou pas, connaissent les faits imputés au maire Pascal Ouédraogo. Elles n’ont pourtant pas levé le moindre petit doigt pour le rappeler à l’ordre. Si bien qu’aujourd’hui, le maire Pascal et son entourage sont acquis à l’idée qu’ils peuvent se permettre tout dans l’arrondissement de Sig-Noghin. Si le conseil municipal de Sig-Noghin compte des conseillers de partis de l’opposition et que ceux-ci se taisent sur cette malheureuse attitude de leur maire, on les accusera de compromission.
La violence comme mode de règlement des différends dans les sociétés modernes est très dépassée. On tentera en vain de justifier la réaction du maire qui a consisté à gifler violemment la dame après lui avoir tenu un propos qui ne devrait pas sortir de la bouche d’un maire. Un maire, un vrai, qui a le sens de la gestion des hommes et des choses, ne se comporterait pas si petitement. Il aurait simplement inculpé la dame " d’outrage à autorité". Un tel comportement l’aurait beaucoup grandi. Malheureusement, monsieur le maire a préféré le pugilat, comme s’il s’agissait d’une bagarre entre enfants de la rue. La récurrence des incartades du maire Pascal commande qu’il se forge une autre conception de son rôle. Un maire doit être par-dessus tout un rassembleur, un conciliateur.
Pour prétendre à certaines fonctions comme à certains postes, il y a lieu de se débarrasser des attitudes de CDR. On se demande d’ailleurs comment certaines personnes sont parvenues à certains postes au Burkina, tant leur comportement dans la société les disqualifie même d’oser y prétendre. C’est essentiellement la faute au scrutin de liste qui fait que l’élu ne se sent pas responsable devant son électeur, mais plutôt devant son parti. C’est aussi parce qu’il n’existe pas au Burkina le principe des candidatures indépendantes. Si fait que chaque élu peut faire ce qu’il veut car il sait que par la magie du scrutin de liste, quelles que soient ses exactions, il peut encore se faire élire par les mêmes populations, que cela leur plaise ou pas ! La tyrannie du parti leur est bénéfique à tout moment.
Le morceau de bois, même s’il séjourne mille ans dans l’eau, ne sera jamais un caïman, et à la première occasion, sa nature première resurgit. Ce genre d’élus, par leurs actes, causent des torts au parti qui est obligé d’assumer, toutes choses qui nourrissent l’impunité. Il est clair que certaines personnes sont disqualifiées pour occuper certains rôles. Mais que la hiérarchie du parti, après un, deux et trois comportements, tous aussi répréhensibles les uns que les autres, les y maintienne, c’est causer du tort aux populations qui finiront par ne plus se reconnaître en leurs élus. Celui qui est incapable de maîtriser ses pulsions et sa colère est indigne de commander aux autres. Mais très probablement, le maire de Sig-Noghin est assis sur du béton en termes de soutiens et d’appuis. Ainsi va la démocratie au Faso !
Le Fou
Le Pays
