Actualités :: FDC/BF : Les Ecoles communautaires passent en classe supérieure

Avec l’appui technique et financier de l’Organisation non gouvernementale Enfants du monde/Suisse, la Fondation pour le développement communautaire (FDC) a tenu, du 28 juillet au 1er août 2008 à Bobo-Dioulasso, un atelier de validation du curriculum de ses Ecoles communautaires (ECOM). Un examen de passage en classe supérieure qui devrait permettre à ses structures d’être encore plus efficientes.

Association nationale "philanthropique, non gouvernementale, non confessionnelle et à but non lucratif", la Fondation pour le développement communautaire/Burkina Faso (FDC/BF), comme son nom l’indique, œuvre au développement des communautés défavorisées.

C’est dans ce cadre qu’en 1994, elle a porté sur les fonts baptismaux les "Ecoles communautaires" (keoogo en mooré), une alternative d’éducation de base non formelle pour les enfants de 9 à 15 ans non scolarisés ou précocement exclus de l’école formelle. A ce jour, une cinquantaine d’ECOM ont ainsi essaimé dans la province du Bazèga et une ouverture vient d’être faite sur le Zoundwéogo qui ouvre ses premières salles de classe en novembre prochain.

Depuis 1994, quelque plus de 2000 pensionnaires sont passés par ces structures qui offrent, au bout des quatre ans que dure le cursus (1), une possibilité de passerelle au formel pour les plus jeunes et les plus brillants (au moins une moyenne de 13/20 et un bon niveau en français) qui sont intégrés au Cours élémentaire deuxième année (CE2) ou au Cours moyen première année (CM1).

Si l’on en croit les concepteurs de l’affaire, ils suivent à la trace leurs protégés dont ils collectionnent tous les bulletins de notes. "Nos premiers élèves admis en passerelle (deux filles NDLR) où, soit dit en passant, le taux de réussite est de 92%, passent le baccalauréat l’année prochaine", confie Zakarie Sorgho, conseiller en éducation à la FDC. "Parmi les lauréats de nos prix d’excellence figurent d’anciens élèves des ECOM", renchérit le directeur provincial de l’enseignement de base (DPEBA) du Bazèga.

Depuis bientôt quinze ans donc, les ECOM vont leur petit bonhomme de chemin. Avec, comme postulat de départ, le fait que c’est d’abord la chose des populations concernées qui en sont l’alpha et l’oméga, de la demande d’implantation à la prise en charge des enseignants/animateurs en passant par le recrutement, la participation à l’érection des salles de classe, au forage des points d’eau, à la construction des latrines. Il n’est pas jusqu’au contenu des enseignements dispensés qui ne soit élaboré avec leur concours puisqu’il est censé répondre à leurs besoins.

Une éducation de qualité pour un maximum d’enfants

Mais si au début de l’aventure, il s’agissait de "donner un minimum d’éducation de base à un maximum d’enfants", selon le slogan-fétiche des ECOM, cette vision a évolué vers "une éducation de qualité pour un maximum d’enfants". D’où la nécessité de dépoussiérer les plans d’études des ECOM, de rendre son curriculum beaucoup plus pertinent, notamment par l’introduction de ce que les spécialistes appellent la Pédagogie du texte (PDT) et l’Approche par les compétences (APC) qui feront d’abord l’objet d’expérimentation dans trois écoles pilotes.

Gaston Sobgo, coordonnateur des programmes de la FDC, résume : "Ce que nous voulons introduire va amener les enfants à développer des compétences pour ne plus seulement savoir mais à savoir se servir de leurs connaissances". C’est cet impératif de bond qualitatif qui a nécessité la retraite bobolaise où, pendant cinq jours, une trentaine de participants aux profils divers (linguistes, enseignants, infirmiers, spécialistes de l’agriculture et de l’élevage, responsables étatiques...) ont disséqué l’avant-projet conçu par une équipe plus restreinte.

A la baguette, Monique Taonda, directrice de l’Alphabétisation/Formation pour le développement au ministère de l’Enseignement de base et de l’Alphabétisation (MEBA). Des débats nourris, parfois passionnés et qu’il fallait parfois recadrer tant ils allaient dans tous les sens.

"C’est la preuve que le document qui va sortir sera réellement de qualité parce qu’il aura pris en compte toutes les sensibilités que comporterait un programme d’éducation", assure Mme Taonda, qui a dit toute la reconnaissance des premiers responsables du MEBA à la FDC, dont "nul n’ignore la contribution combien inestimable".

Un travail de bénédictin

Après une première journée de plénière consacrée à des exposés magistraux sur les ECOM, la PDT, l’APC ponctuée par une introduction sur le document à examiner, les séminaristes se sont scindés en quatre groupes de travail qui épousaient les principales articulations du curriculum que sont la langue et la communication (mooré et français), les mathématiques (arithmétique, géométrie, système métrique...), les sciences de la vie et de la terre (santé, hygiène, nutrition, environnement, agriculture, élevage), les sciences sociales (morale et civisme, histoire, géographie).

Avec, pour chaque disciple et niveau, des compétences de base à acquérir, des paliers de compétences à franchir, des objectifs spécifiques, des contenus, des suggestions pédagogiques et des critères d’évaluation. Un véritable travail de bénédictin qui n’a, pour le moment, concerné que les deux premières années des ECOM dont la finalité est de "former des adultes capables de s’intégrer harmonieusement sur le plan socioculturel et économique dans leur milieu".

Il faut dire que les programmes des ECOM ont, à intervalles réguliers, connu des réajustements pour les rendre plus opérationnels, la dernière révision en date s’étant opérée il y a deux ans à Bobo-Dioulasso. Avec la PDT et l’APC qui viennent s’ajouter aux programmes notionnels et à la Pédagogie par objectifs (PPO) jusque-là utilisés, les ECOM sont, dit-on, désormais dotées d’un "référentiel pertinent pour orienter les activités pédagogiques".

Et si, après les amendements, les réaménagements proposés par ceux qui ont décortiqué le document de base, "la mise en œuvre respecte l’agencement recommandé, on peut parvenir à de très bons résultats", foi de Bayé Dao, directeur de la recherche et du développement pédagogique au Centre de recherche des innovations éducatives et de la formation.

Ousséni Ilboudo

Notes :
(1) L’année scolaire dure de décembre à mai et les cours se tiennent entre 8h et 13h.


Des participants apprécient

Monique Taonda (directrice de l’Alphabétisation/Formation pour le développement au MEBA) : Il faut se dire que l’élaboration d’un curriculum suscite des échanges de profondeur et qu’on ne peut pas se contenter de passer de façon superficielle sur les propositions initiales.

Ce travail qui a suscité les débats que vous avez suivis montre tout simplement l’intérêt que l’ensemble des acteurs accordent, ici, aux contenus des formations qui doivent être dispensés au groupe cible que sont les adolescents. L’éducation est une tâche très délicate et on ne peut pas recommencer facilement une œuvre d’éducation, je dirais même qu’elle ne se recommence pas.

C’est toute l’attention requise qui a valu les échanges nourris auxquels nous avons assisté et que nous avons appréciés à leur juste valeur. C’est la preuve que le document qui va sortir de ces cinq jours de travail sera réellement de qualité parce qu’il aura pris en compte toutes les sensibilités que comporterait un programme d’éducation pour les adolescents.

Il faut d’ailleurs dire que les ECOM faisaient déjà un travail de qualité. Mais tout évolue et nous évoluons aussi pour intégrer davantage l’école à son milieu dans la droite ligne de la philosophie des ECOM.

Dans ce sens, avec les nouvelles approches que sont la Pédagogie du texte (PDT) et l’Approche par les compétences (APC), il était tout à fait indiqué de relire le curriculum pour atteindre les objectifs initiaux qui sont le développement communautaire.

Gaston Sobgo (coordonnateur des programmes de la FDC) : Les résultats de l’atelier seront importants pour nous en ce sens que ça va apporter une amélioration de la pédagogie dans les Ecoles communautaires (ECOM). Ce que nous voulons introduire va amener les enfants à développer des compétences pour ne plus seulement savoir, mais savoir se servir de leurs connaissances.

Au niveau des ECOM, on ne dira plus : "Qu’est-ce que tu as comme papiers ?" mais : "Qu’est-ce que tu sais faire ?". C’est surtout ça qui nous intéresse, et ça répond à la problématique actuelle de l’éducation formelle. Nous voulons donc travailler sur la qualité pour que les pensionnaires des ECOM soient des enfants "aptes à" et non pas seulement bourrés de connaissances théoriques. C’est surtout ça l’important.

Dans les principes généraux des ECOM, la démarche de mise en œuvre ne va pas changer, mais dans les aspects pédagogiques, il y aura une évolution qualitative. Cela va du reste répondre aux besoins exprimés par les communautés qui veulent que leurs enfants soient "capables de faire quelque chose" et non pas seulement qu’ils "sachent quelque chose".

Lawali Amani (Organisation nigérienne des éducateurs novateurs - ONEN) : Quand j’ai vu l’objet et le contenu de l’atelier, je me suis rendu compte que ce sont des approches que nous utilisons depuis trois ans dans des écoles que nous appelons de "seconde chance" pour des enfants de 9 à 13 ans, qu’ils aient déjà été scolarisés ou non.

A première vue, j’ai pensé que ça devrait être une revue de ce que je connaissais, mais je vous dis honnêtement que j’ai appris beaucoup de choses. Je me suis enrichi. Ce que j’ai pu m’approprier ici me servira sans doute avec mes collègues du Niger à rectifier certaines insuffisances que nous avons constatées dans la conduite de nos enseignements/apprentissages dans ces écoles de seconde chance.

Germaine Ouédraogo/Ouédraogo (secrétaire générale de l’Association pour la promotion de l’éducation non-formelle APNENF) : Notre association fait la promotion de la Pédagogie du texte (PDT) depuis un certain nombre d’années. Nous avons d’ailleurs bénéficié d’une formation à l’université de Ouaga qui nous a dotés d’un peu plus de bagages dans le domaine. Cela dit, tel que le document a été conçu, avec la participation de personnes-ressources de différents profils, c’est bien un avantage pour aller au-delà de ce qui se faisait.

La PDT et l’Approche par les compétences (APC) sont des approches qui visent à amener les enfants à aller au-delà de ce qu’on a l’habitude de leur donner. N’oublions que les ECOM relèvent du non-formel, et généralement les apprentissages du non-formel sont techniques. Il faut donc mettre l’accent sur la production de compétences plutôt que l’évaluation cognitive uniquement.

Adama Sourwéma (Directeur régional des ressources animales du Centre-Sud) : L’objectif global des approches qu’ils veulent appliquer sur le terrain touche à notre activité. Ce sera une bonne chose, car l’un des objectifs recherchés est de montrer aux enfants comment produire. Cela va permettre aux ECOM d’évoluer davantage.

Bayé Dao (Directeur de la recherche et du développement pédagogique à la Direction générale du Centre de recherche, des innovations éducatives et de la formation) : Etant donné que la finalité globale de l’atelier était de valider un curriculum des ECOM construit par un groupe de spécalistes, au bout de la semaine de travail, on peut retenir que les propositions de reconstruction du curriculum des ECOM, qui a été demandée sur la base de la PDT et de l’APC ont, dans l’ensemble, pris une bonne orientation. Les débats ont tout de suite pris une bonne direction.

C’était presque un pari d’intégrer ces deux approches pour construire un nouveau curriculum, car c’est une première. Mais au terme des travaux, on voit quand même que l’agencement a été fait de façon prometteuse, et si la mise en œuvre respecte cet agencement, on peut parvenir à de très bons résultats.

Propos recueillis par

O.I.

L’Observateur

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