Actualités :: Universités de Ouagadougou : Galère des étudiants expulsés

Les universités de Ouaga 1 et Ouaga 2 sont fermées depuis le samedi 28 juin 2008. Et avec elles, les cités et restaurants universitaires. Les décisions tombées en cascades samedi dernier au terme d’arrêtés ministériels, concernent également les bourses, aides et prêts scolaires qui sont suspendus jusqu’à la reprise des cours. Déguerpis des cités, des étudiants ont trouvé refuge chez leurs camarades en location dans les quartiers de Ouagadougou. Nous en avons rencontré quelques-uns aux quartiers Zogona, Wemtenga et Dassasgho qui racontent leurs problèmes et fustigent la décision de fermeture de l’université.

L’herbe pousse déjà à l’entrée principale du restaurant universitaire de Zogona resté fermé depuis une dizaine de jours. Les amphis et salles de cours sont hermétiquement clos. Les pavillons des cités universitaires aussi. Il n’y a presque personnes, sinon le personnel du CENOU et de la présidence de l’université dans leurs bureaux. On peut librement accéder à l’intérieur du campus, même si l’on est lorgné par les forces de l’ordre en poste dans les principales entrées. Nous avons néanmoins pu rencontrer sur les lieux, l’étudiant Idrissa Sawadogo. Assis sur un pilier dans l’enceinte de la cité universitaire, il a le regard perdu dans un livre. Il nous a toutefois confié avoir rangé dans un carton, tous ses cahiers et autres documents de première année de droit, en attendant la mi-septembre pour, peut-être, les reprendre. Mais M. Sawadogo dit avoir perdu toute envie de poursuivre ses études, suite aux difficultés qu’il vit depuis octobre dernier, lorsqu’il s’est inscit à l’université de Ouaga. "Je tiens à réussir à un concours de la Fonction publique et m’en aller", nous a-t-il dit, en brandissant le fascicule de préparation des concours qu’il lisait.

Les étudiants ont donc quitté le campus. Beaucoup d’entre eux se tournent les pouces à la maison, dans leurs "célibatériums". Certains d’entre eux ont accuilli leurs camarades expulsés des cités universitaires. C’est le cas de Sébastien Kinda que nous avons rencontré chez lui mardi dernier. Son hôte, un expulsé de la cité universitaire de Tampouy, est absent. "Il est allé voir son oncle à Pissy", précise le troisième occupant de la maison du type "chambre-salon". Invités à se prononcer sur leurs conditions d’existence avec la fermeture de l’université et la suspension des allocations financières, les deux étudiants répondent brièvement par "on se débrouille", avant de voler dans les plumes des autorités universitaires dont ils disent ne pas comprendre l’attitude.

A Zogona se trouve un "célibatérium" aussi vieux que l’université de Ouaga, selon le groupe d’étudiants qui l’occupent. Plus connue sous le nom de "La CIA", cette demeure maintenue propre a l’air d’une cité universitaire. Lorsque nous y avons mis les pieds hier mercredi 2 juillet aux environs de midi, nous y avons trouvé un groupe d’étudants devisant sous un arbre, et échangeant autour d’un fascilcule de préparation aux concours de la Fonction publique. Pour l’étudaint Karim Ouandaogo, en 2e année de géographie, qui a le premier répondu à nos questions, la fermeture de l’université est une décision "méchante". "Et ce qui m’a le plus fait mal, poursuit-il, c’est la fermeture des cités. J’ai pas pu contenir mes larmes lorsque j’ai vu dimanche dernier, des étudiants dans la rue avec leurs valises, sans savoir où les déposer." Et son voisin Abdoulaye Ouédraogo, en 3e année d’économie, de se demander si, en fermant les cités, les autorités ont pensé aux étudiants venus de l’étranger et qui n’ont aucun parent à Ouaga. "Que vont-ils devenir ?" s’interroge-t-il en se penchant particulièrement sur le cas des filles qui, selon lui, sont ainsi exposées à la prostitution. "Comment peut-on, avec une telle politique, atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement ?" s’est-il inquitété.

On vit au jour le jour

On s’ennuie dans les quartiers à Zogona. Aboubacar Ouédraogo dit avoir même perdu l’envie de lire un bouquin. On galère aussi. Pas de FONER, pas du RU (restaurants universitaires). Pour Karim Ouandaogo, c’est une vie au jour le jour : "On n’a pas de plan préétabli, dit-il. On dort, on se réveille. Si un ami a du bassi (nldr : couscous sec de petit mil) ou des arachides, on gère ensemble. Et s’il n’y en a pas aussi, c’est pas grave, on s’asseoit et on cause sous l’arbre jusqu’au soir."

Au quartier Dassasgho, nous avons été reçus par un groupe d’étudiants logeant, eux aussi, dans une cours commune. Ils sont logés par groupe de 4, voire 5 personnes par maison, leur effectif ayant été grossi par des expulsés des cités universitaires. Ce n’est pas la joie là aussi. On se débrouille pour ne pas crever de faim. "C’est la solidarité qui marche ici", nous a confié Kader Yanogo, étudiant en première année de sociologie. Il n’en dira pas plus, malgré notre insistance à lui arracher quelques mots. Ses camarades refusent également de faire le moindre commentaire, nous invitant à approcher l’ANEB qui, en principe, tient une assemblée générale ce matin, pour échanger autour de ces questions.

Par Paul-Miki ROAMBA


Suspension des allocations sociales : L’ANEB organise le "djatiguiya"

Le 29 juin dernier, le ministère des Enseignements secondaire, supérieur et de la Recherche scientifique (MESSRS) prenait une série de décrets pour suspendre les activités académiques à l’université de Ouaga I et Ouaga II, la fermeture des restaurants et cités universitaires ainsi que la suspension des allocations sociales (bourse, aide, Foner). Pour l’Association nationale des étudiants burkinabè (ANEB), ce sont des mesures répressives qui ne peuvent se justifier.

Son président Moumouni Derra, étudiant en DEA de physique appliquée, estime d’ailleurs que les solutions aux problèmes posés sont loin des décisions prises. Et d’indiquer qu’une longue période difficile s’ouvre pour des milliers d’étudiants qui se retrouvent du jour au lendemain sans logis et sans ressources financières pour se prendre en charge. Pour parer à la situation, le comité exécutif de l’ANEB, selon Moumouni Derra, a lancé un appel à la solidarité entre les étudiants. Mieux, une commission sera mise en place pour recenser les étudiants qui ont des besoins spécifiques.

L’ANEB, à entendre son premier responsable, n’exclut pas d’organiser des "kolkhozes" ou des repas communautaires. Pour l’instant, elle a déjà reçu quelques soutiens mais certainement un appel à contribution sera lancé pour mieux organiser le "djatiguiya" auprès des étudiants dont la situation est précaire. Toutes ces questions devraient être débattues ce matin à la Bourse du travail au cours de l’assemblée générale que l’ANEB organise.

Par Dayang-ne-Wendé P. SILGA

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