Actualités :: Université : Question posée, à résoudre

La crise du 17 juin 2008 à l’Université de Ouagadougou (UO) a été diversement commentée par les observateurs de la scène socio-politique burkinabè. Mal gérée pour les uns qui reprochaient au président de l’UO, Jean Kouldiati d’avoir "logé" des forces de l’ordre au campus, traitée de façon "républicaine" selon les autres, qui affirment que l’Université "n’est pas en dehors de la République", cette crise s’est déportée au palais de justice où "les casseurs de juin" ont été jugés dans une ambiance qui rappelle l’époque des "djafouleurs" du Collectif.

Une énième crise à Zogona qui fait dire à d’aucuns, que le ver est dans le beau "fruit" que constituait jusque-là l’UO, classée parmi les plus sérieuses et les plus studieuses de la sous-région. Ouaga a perdu son pouvoir d’attraction entend-on dire, comme si le contenant (les locaux) et le contenu (les professeurs chargés de dispenser les cours) n’avaient pas évolué. Ce qui n’est pas le cas, la modernisation des infrastructures universitaires et la qualité du personnel enseignant ne souffrant d’aucune contestation. Ce qui a changé, ce sont les méthodes de lutte usitées par le principal syndicat étudiant, l’ANEB, dont les accointances avec une chapelle politique clandestine sont connues depuis le congrès de 1979 qui a "explosé" les communistes burkinabè et, par ricochet, le mouvement scolaire et estudiantin.

Une proximité idéologique qui amène le syndicat à s’opposer systématiquement aux régimes politiques qui se sont succédé au Burkina Faso et cela, qu’ils soient d’exception ou constitutionnels. En vertu de sa ligne "anti-impérialiste", il refuse donc la "capitulation" face à l’ordre mondial et son corollaire, l’aliénation de la souveraineté nationale. Cela a du reste entraîné des joutes enflammées avec les tenants de la révolution d’Août, qui n’étaient pas loin de qualifier cette analyse "d’aveugle". La question de la souveraineté étant dépassée avec les indépendances des années 60, les aoutistes préconisaient une révolution démocratique (qui combat les pesanteurs socioculturelles et économiques) et populaire (avec le peuple). De nos jours, l’ANEB et ses militants ne se contentent plus d’idéologie, la riposte armée face aux forces de "l’ordre capitaliste" étant prônée. C’est donc l’étape de la guerilla ainsi qu’a pu le dire le ministre de la Sécurité, Assane Sawadogo, avec les machettes et les cailloux quartz qui ont fait leur apparition sur le campus.

La gangrène de la violence s’est installée au détour des années 90, et, est devenue une question posée, à résoudre. Car, en dehors du fait qu’elle ternit durablement l’image de marque de l’UO, elle pose en filigrane la gestion du pays par les élites futures. Nourries à la sève de cette intolérance, il y a fort à craindre que ces élites ne la cultivent une fois aux "affaires". Cela constituerait un recul pour le Burkina Faso. Le "cas" de l’UO "regarde" donc, tous les démocrates soucieux de l’avenir de ce pays. Ceux qui entretiennent le "feu" juste pour nuire à leurs adversaires politiques du moment devront faire preuve de vision prospective pour circonscrire le danger de la pensée unique qui se profile derrière les luttes (?) étudiantes. La république, elle, devra rester en veille permanente pour maintenir le cap démocratique.

Boubakar SY (magnasy@yahoo.fr)

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