Actualités :: Flambée des prix des produits : Des Dédoulais crient à la misère

La flambée des prix alimente les conversations dans la cité de Bankuy. Elle a quelque peu accentué la misère des populations qui subissaient déjà les effets de l’arrêt prématuré des pluies. Un tour au marché central de Dédougou nous a permis de faire le constat ci-après.

"La vente de quelques cubes de potasse me permettait de chauffer la marmite le soir. Mais depuis le début du mois de janvier, les choses coûtent si chères que même avec la vente de deux centaines de cubes, vous ne pouvez pas vous acheter deux boîtes de mil. Pour ma part, je crois que la mort vaut mieux que cette vie de misère." Ces propos sont de Hagnaniza, sexagénaire et vendeuse de potasse dans un angle du marché de Dédougou. En effet, les propos de la vieille dame illustrent parfaitement la difficile condition de vie de certaines populations de Dédougou depuis la flambée des prix des produits de première nécessité.

Du savon au sel en passant par les céréales, l’huile, le lait, le beurre de karité, tout, ou presque, a connu une flambée de prix. Ce qui a fait dire au catéchiste Michel Traoré qu’il faudrait intensifier les prières afin que les choses changent positivement. Cette approche ne semble pas convaincre Massita Konaté, vendeuse de beurre de karité. " Nous sommes obligées de diminuer le poids de la boule de beurre de karité et de soumbala, autrement, nous allons végéter et mourir avant l’heure." Et sa voisine de conclure, fataliste : "C’est la fin du monde qui s’annonce."

Cette grogne est perceptible aussi bien chez les commerçants que chez les acheteurs. Moussa Mané, boutiquier au marché de Dédougou, raconte : " Nous avons perdu beaucoup de clients. Le prix des produits n’est plus à leur portée. Auparavant, je pouvais faire des recettes de plus de 125 000 francs par jour. Mais aujourd’hui, je ne gagne même pas la moitié de cette somme. Je me vois parfois obligé de céder certaines marchandises à crédit aux plus fidèles clients en espérant qu’ils reviendront régler la note." Ces dires sont confirmés par Irène Bassolet. "L’échéance de nos dettes a été allongée, sinon c’était grave. Le prix des produits a augmenté alors que les salaires sont restés en l’état. Avec 500 F CFA, je pouvais faire le marché. Actuellement, il faut au minimum 1000 FCFA. Si rien n’est fait, le taux de la délinquance et de la prostitution va culminer", lâche-t-elle. Selon elle, la flambée des prix des produits aura des conséquences fâcheuses sur les jeunes, qui vont multiplier le vagabondage sexuel ou la délinquance à la recherche d’espèces sonnantes et trébuchantes. Pour éviter ces dérives, elle propose que l’Etat fasse un effort en augmentant les salaires et/ou en créant des emplois pour les jeunes. Dans les boutiques et au marché, ce n’est pas l’affluence des grands jours dans la matinée du jeudi 28 février. Les vendeuses de légumes, de céréales et d’effets d’habillement n’ont pas bonne mine. Le regard absent, Mamina Séré nous confie : " Le marché est lent. Depuis 6h que je suis arrivée, je n’ai pas vendu pour plus de 175 francs de marchandises." (Elle présente les jetons : une pièce de 100 francs et 3 pièces de 25 francs) Et sa voisine de se demander de quoi sera fait demain.

Rares sont ceux qui échappent à cette réalité. Pire, certains produits de première nécessité, comme le savon Citec, ont disparu des rayons de la quasi-totalité des boutiques à Dédougou. Même le prix du savon traditionnel a connu une hausse, si bien qu’il n’est plus à la portée de certains, comme cette vieille dame qui nous a confié qu’elle ramassait des tiges de mil pour en faire de la potasse afin de laver ses habits, comme du temps de Faidherbe. Cette situation ne fait que des mécontents. Les pauvres s’appauvrissent davantage et finalement ce sera le dénuement total car ils n’arrivent plus à manger à leur faim, ni à se soigner et sont exposés à toutes sortes de maladies. Aussi, certains enfants scolarisés risquent d’abandonner l’école car la flambée des prix des produits de première nécessité vient ajouter à la misère des populations, déjà touchées par l’arrêt prématuré des pluies.

Par Serge COULIBALY

ENCADRE

Variations des prix des produits avant et après la flambée des prix

Produits prix d’avant prix actuel

Sel 150 frs /kgrs 200 francs/ kgrs

Huile 600 frs/ litre 850 francs/litre

Huile Dinor 750frs bidon (litre) 1250 frs bidon

Riz 250 frs/kgrs 300frs/kgrs

Farine de Blé 350 Frs /kgrs 450Frs/kgrs

Savon BF petite boule 250 Frs 300 Frs

Savon BF grosse boule 500 Frs 625 Frs

Haricot 350 (unité de mesure) (Boite tomate) 425 Frs

Petit mil 200 Frs 225 Frs

Sorgho 175 Frs 200Frs

Arachide décortiquée 600 Frs (unité de mesure) 650 Frs

Fonio pilé 600 Frs (unité de mesure) 800 Frs

Mais 175 Frs (unité de mesure) 200 Frs

Farine de mais 300 Frs (unité de mesure) 400 Frs

Par Serge COULIBALY

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