Actualités :: Manifestations « contre la vie chère » : 29 manifestants de Bobo-Dioulasso (...)

La Chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance de Bobo-Dioulasso a jugé le 29 février les présumés auteurs de manifestations sur la voie publique et de destructions de biens publics et privés les 20 et 21 février 2008. Plusieurs de ces manifestants ont été libérés tandis que d’autres ont été condamnés à des peines allant de trois mois à trois ans fermes.

Le palais de justice de Bobo-Dioulasso a vécu une ambiance particulière ce 29 février 2008. Les forces de l’ordre ont en effet pris d’assaut les lieux très tôt le matin. La circulation était interdite aux alentours et seuls les travailleurs du palais de justice y avaient facilement accès. Les autres usagers et ceux qui venaient assister au procès devaient montrer patte blanche. Les manifestants qui avaient été arrêtés ont été conduits de la maison d’arrêt de Bobo-Dioulasso et installés dans l’ancienne salle d’audience en attendant d’être entendus par les juges. Dans la nouvelle salle où a eu lieu le procès, les curieux, les parents et les Gardes de sécurité pénitentiaire (GSP) y avaient déjà pris place.

Des mères ou des épouses des prévenus, la plupart venues avec des plats et des sachets contenant de la nourriture qu’elles leur ont apportés, et presqu’en larmes étaient assises sous les arbres où elles ont préféré s’installer. Vers 8 h 30, les GSP firent sortir par groupes les présumés manifestants et les dirigèrent vers la salle. Il y avait six groupes pour un total de 153 personnes. Elles étaient pour la plupart des apprentis chauffeurs, des mécaniciens, des apprentis tailleurs, des élèves coraniques, des pousseurs de charettes, des commerçants ambulants, un musicien et des élèves. Chose curieuse, aucun grand commerçant ne figurait parmi les personnes arrêtées. Au cours les différentes rencontres avec les autorités, les commerçants de Bobo-DIoulasso ont toujours nié être associés aux événements.

Une seule fille de 15 ans, gérante d’un télécentre s’est retrouvée parmi les manifestants arrêtés, dont les âges varient entre 15 et 45 ans. Les plus âgés (35 à 45 ans) sont les moins nombreux. Les différents groupes qu’on faisait entrer dans la salle d’audience à tour de rôle ont défilé devant les juges pour répondre des faits qui leur sont reprochés. Ceux-ci ont pour noms : participation à des manifestations illégales, destruction de biens publics et privés. Chaque personne a individuellement répondu aux questions des magistrats et s’est défendue toute seule, sans être assistée par un avocat. Les manifestants ont dans l’ensemble rejeté les accusations portées contre eux. Certains n’ont même plus reconnu les déclarations préliminaires faites à la police ou à la gendarmerie au moment des enquêtes. Ainsi, des prévenus ont affirmé aux juges avoir été arrêtés à leurs lieux de travail, à domicile et même dans un cabaret. Certains ont même affirmé ne pas résider à Bobo-Dioulasso. C’est pendant leurs courses en ville qu’ils ont été appréhendés, ont-ils soutenu.

D’autres ont laissé entendre qu’ils ont été pris après la manifestation. Un des prévenus, en pantalon jean et en chemise a affirmé avec insistance qu’il a été arrêté devant une mosquée où il était pour sa prière. « On ne vous aurait pas arrêté si vous étiez en boubou », lui a répondu le président du tribunal, Mathias Niamba. Un autre, musicien (un ratasman) qui était au procès sans ses « dreads loks » a affirmé qu’il était lui « à la recherche de l’inspiration dans le mouvement de la foule ».

Pris avec des savons

Plusieurs des manifestants arrêtés l’ont été avec des objets soustraits dans des alimentations saccagées. L’un d’eux a, par exemple, été « cueilli » avec trois paquets de spaghetti et des boîtes de lait, un autre avec deux boules de savon, d’autres encore, avec des sachets de couscous et bien d’autres articles. Amado Souabo, un forgeron, a été arrêté lui, avec un cyclomoteur volé à la mairie de Dô. Un élève a, quant à lui, été pris avec un ordinateur, tandis qu’un autre manifestant a été pris avec des balles de prêts-à-porter qu’il dit avoir ramassé dans des fossés. Après avoir entendu un à un les 153 prévenus, le procureur du Faso avait requis des peines d’emprisonnement ferme allant de 3 à 60 mois. Des sursis ont été requis à l’encontre des mineurs et des élèves. Lorsque la parole leur fut donnée, les prévenus ont demandé le pardon et la clémence du parquet.

A 22 h 50, le tribunal a suspendu l’audience pour délibérer. Le public qui avait faim a alors vidé la salle pour chercher de quoi manger. Malheureusement, il n’y avait rien à cette heure de la nuit car tous les restaurants étaient déjà fermés. Quelques-uns qui ne tenaient plus, se sont allongés sur les bancs de la salle d’audience pour un sommeil forcé qui a dû leur faire oublier momentanément la faim. Le matin à 2 heures, les forces de l’ordre qui ont résisté au sommeil, réveillèrent le public de la salle transformée en dortoir, le temps de la délibération.

Le verdict tombe : 122 personnes ont été relaxées au bénéfice du doute, 2 autres prévenus (dont la seule fille) condamnés respectivement à 6 et 24 mois avec sursis ont pu rentrer chez eux. Amado Souabo, l’auteur du vol de cyclomoteur a écopé la plus lourde peine, à savoir 36 mois fermes. 12 manifestants ont été condamnés à 24 mois de prison ferme. 12 mois fermes ont été infligés à un seul manifestant, Kalifa Konaté tandis que 15 autres s’en tirent avec 3 mois fermes. « Les condamnés ont 15 jours pour faire appel », ont lancé les juges avant de quitter la salle vers 2 h 30 minutes.

Adaman DRABO


Vu et entendu à l’audience : Un procès qui a duré 18 heures

Le procès a débuté le matin vers 8 heures vendredi 29 février 2008. Il s’est achevé vers 2 heures le lendemain 1er mars. Il a donc duré plus de 18 heures ! La seule pause a eu lieu entre 12h30 et 14 heures pour permettre sans doute aux musulmans de faire leur prière du vendredi. On comprend alors pourquoi certaines personnes n’arrivaient plus à tenir sur leurs jambes à la fin du procès.

Des femmes en pleurs au tribunal

Des femmes venues assister au procès n’ont pas pu retenir leurs larmes quand elles ont vu leurs enfants de 15 ou 16 ans défiler devant les juges. Pauvres mamans, est-on tenté de dire !

« J’ai faim »

C’est la phrase qu’a lancée un prévenu à un agent de la GSP au moment où tout le monde attendait le verdict du procès. Le jeune doit avoir raison parce que du début à la fin du procès, certains d’entre eux n’avaient rien mis sous la dent. Du reste, cette faim explique le fait qu’une fois à la barre, certains prévenus n’arrivaient pas à parler fort.

A.D.

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Séquelles et désarroi à Ouagadougou

La ville de Ouagadougou a connu, jeudi 28 février 2008, une atmosphère assez mouvementée dans certains de ses quartiers, suite à des manifestations dites « contre la vie chère ». Si le climat s’est apaisé le même jour, les séquelles, elles, demeurent.

Feux tricolores saccagés, traces de pneus brûlés sur le goudron, panneaux publicitaires détruits, etc. C’est ce spectacle désolant qui s’offre à l’usager empruntant certaines rues de Ouagadougou, aux lendemains des manifestations du 28 février 2008.
Samedi 1er mars 2008, il est 9 heures 30 mn. Nous quittons le secteur n° 13 (Zoghona) pour le secteur n°17 (Pissy) en passant par le centre ville. Nous empruntons le boulevard Charles-de-Gaulle, passons devant l’Université de Ouagadougou, la Radiodiffusion télévision du Burkina (RTB). Dans notre progression, nous arrivons au rond-point des Nations unies, jusque-là, pas de traces de vandalisme. Les feux tricolores sont intactes. On circule normalement. Il en est de même lorsque nous longeons la maison du Peuple, dépassons le rond-point des Cinéastes, la place de la Nation pour atteindre le rond-point du 2-Octobre. Toujours pas de traces notables de violence sur les édifices ou sur la voie publique. Un étranger qui serait venu de Kaya, de Koupèla ou de Fada et qui aurait emprunté le même trajet dans la ville de Ouagadougou que nous, se serait sans doute posé la question suivante : « Mais où sont les dégâts d’il y a deux (2) jours dont on a parlé et continue de parler ? » L’étranger n’aurait pas eu tort de s’étonner de la sorte. En effet, cette partie de la capitale burkinabè (traversée jusque-là) n’a pas été touchée par les manifestants.

Feux tricolores et bitume en ont souffert

Du moins, « peut-être que les casseurs, les brûleurs ou les pillards ne sont pas passés par là », comme l’a laissé entendre quelqu’un que nous suivons. Là où ils sont passés, et où ils ont posé des actes de destruction, les séquelles sont encore visibles (à l’œil nu).
Ainsi, lorsque nous avons dépassé le rond-point du 2-Octobre, notre désarroi commence au monument de la Bataille-du-rail. Premier signe, les feux tricolores qui rendaient fluide la circulation à cet endroit, sont détruits. Nous constatons également des traces d’objets brûlés sur le goudron autour du monument. Une bonne partie du reste du trajet avant d’atteindre le secteur n°17 laisse apparaître des dégâts similaires. C’est-à-dire des feux tricolores complètement ou partiellement saccagés. Conséquence : la circulation n ‘est pas très aisée, surtout quand on arrive à un carrefour. Visiblement, ce sont les feux tricolores et le goudron qui ont fait les frais des manifestants dans ce secteur de la ville de Ouagadougou.

« Avant-hier (Ndlr jeudi 28 février), j’étais arrêté devant ma boutique fermée lorsque les marcheurs sont arrivés. Ils n’ont pas pu piller les boutiques parce qu’elles étaient toutes fermées », nous a expliqué Roger Kinda, un commerçant dont la boutique est à proximité du marché de Gounghin. M. Kinda nous fait savoir que les manifestants étaient pour la plupart très jeunes. Il a mentionné la réaction des forces de l’ordre ce jour-là, pour disperser la foule des manifestants.
La zone est toujours sous surveillance. En témoigne la présence des policiers par petits groupes en des lieux stratégiques. Un policier nous a d’ailleurs confié qu’ils y seront et à bien d’autres endroits de la ville, jusqu’au soir du dimanche 2 mars 2008, « dans un but essentiellement dissuasif », a-t-il précisé.

Le même policier nous a affirmé qu’en plus de Gounghin, les quartiers beaucoup touchés sont entre autres, la Patte d’Oie, Larlé, Dapoya, Tangin.
Avant que les autorités municipales ne dressent un bilan assez exhaustif des dégâts, il faut reconnaître que l’esthétique et la fluidité de la circulation à Ouagadougou en ont pris un coup.

Alban KINI

Sidwaya

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