Le Groupe scolaire Le Plateau (GSP), à Ouagadougou, était en ébullition le 14 avril dernier. Les élèves ont manifesté pour réclamer le paiement d’ arriérés de salaires de leurs professeurs, qui ont cessé de dispenser les cours.
" Payez nos professeurs, pas de négociation", scandaient les manifestants à notre arrivée au Groupe scolaire Le Plateau, sis à Zogona. Groupés devant l’entrée de la direction de l’établissement, les élèves voulaient visiblement en finir avec une situation qui, de leur avis, devenait insupportable. Il s’agit du retard dans le règlement des salaires de leurs enseignants. Après plusieurs semaines d’attente, plusieurs mois même, selon certaines sources, ces derniers ont cessé, depuis mercredi dernier, de dispenser les cours aux élèves, ce jusqu’à nouvel ordre.
Et c’était, selon la direction, pour trouver une solution de sortie de crise que les professeurs ont été conviés à une rencontre avec le fondateur, Alfred Kaboré, dans la matinée du vendredi 14 avril. Chef de parti politique (la CNDP), député, et candidat au poste de conseiller à la mairie de Zorgho, M. Kaboré était en pleine campagne dans le cadre des municipales du 23 avril prochain. Il venait donc calmer la tension et repartir aussitôt dans son Ganzourgou natal pour la suite de la campagne électorale.
Malheureusement pour lui, tout ne s’est pas passé comme prévu. Les élèves, qui en avaient assez, voulaient entendre autre chose que des promesses. "C’était la même chose l’année passée. Ce n’est qu’à la rentrée que certains professeurs ont reçu leurs arriérés", ont laissé entendre des élèves. Ce qui a, selon eux, négativement influé sur les résultats scolaires de l’année écoulée : 2 admis au Bac A sur 40 candidats, et 20 bacheliers au Bac D sur 110 prétendants.
Avec ce débrayage illimité des enseignants, la situation, cette année, risque d’être catastrophique. Les élèves disent accuser d’énormes retards dans plusieurs disciplines (maths, histoire-géographie notamment). D’où leur farouche volonté d’en finir une fois pour toutes. Pour traduire leur détermination, le dytaniè a été entonné à plusieurs reprises par les manifestants. Pneus et autres objets ont été brûlés au sein de l’établissement.
un complot contre le fondateur ?
La situation a failli empirer quand le fondateur a voulu quitter les lieux. Craignant qu’il y revienne, les élèves ont bloqué le passage, lui interdisant toute retraite. Avec les pierres qui avaient entre-temps commencé à pleuvoir sur le véhicule, le chauffeur du député a foncé sur la foule, manquant, au passage, écraser un écolier de la classe de CE1. Ce qui a eu pour conséquence immédiate de raviver la colère des manifestants. Portes, fenêtres et meubles ont alors été saccagés.
S’exprimant sur la situation, le fondateur dit ne pas comprendre la tournure qu’ont prise les évènements. "L’établissement existe depuis 30 ans et il n’en a jamais connu", explique-t-il. Il n’accuse qu’un mois de salaires non payés, soit environ 2 millions de francs CFA. A l’en croire, cela serait dû au fait que les parents d’élèves lui doivent encore plus de 4 millions de francs. C’est pourquoi le président de la CNDP pense à une chose : un complot politique ourdi contre sa personne, surtout qu’il est donné favori à ces municipales dans la commune de Zorgho, dont il ambitionne d’être le maire.
Finalement, c’est après l’intervention des forces de l’ordre que le calme est revenu dans l’établissement. Un autre rendez-vous avec les enseignants et les délégués des élèves a été pris pour la soirée. Quant à la rentrée, elle est fixée pour le mercredi prochain. Mais déjà, ils sont nombreux, les élèves qui regrettent de s’être inscrits dans cet établissement.
Par Grégoire B. BAZIE
Le Pays
