Actualités :: Burkina / Entrepreneuriat : Catherine Gnoula/Bambara, la « mère de (...)

Catherine Gnoula/Bambara est considérée à Bobo-Dioulasso, depuis quelques temps, comme la « mère de l’agroalimentaire ». Elle s’est lancée dans cette activité par volonté d’être autonome financièrement. Elle est aujourd’hui la promotrice de l’unité Dakupa, (entraide en langue bissa). Cette entreprise évolue dans la production et la transformation de plusieurs variétés de produits comme le couscous de maïs, le couscous de riz, la farine de haricot, le fonio, la bouillie de petit mil, les biscuits, la poudre de pain de singe. Allons à la découverte de cette dame dynamique et ambitieuse, un modèle d’entrepreneuriat féminin.

Voler de ses propres ailes pour être autonome financièrement et susciter l’esprit entrepreneurial chez les femmes, telle est l’ambition de Catherine Gnoula/Bambara. Elle a donc décidé de créer son unité de transformation agroalimentaire, située au secteur 22 de Bobo-Dioulasso. Portée sur les fonts baptismaux en 2006, cette unité n’a eu sa reconnaissance qu’en 2014. Elle est aujourd’hui spécialisée dans la transformation des produits locaux.

A travers cette unité, madame Gnoula prône le « consommons local ». Elle emploie aujourd’hui une vingtaine de femmes dont six femmes déplacées internes ainsi que deux garçons pour le conditionnement et la livraison. L’entreprise reçoit également des étudiants pour des stages de fin d’année. De femme au foyer, comment Catherine Gnoula s’est-elle retrouvée dans la transformation agroalimentaire ?

Catherine Gnoula/Bambara, un modèle d’entrepreneuriat féminin

A l’en croire, l’idée de mener cette activité a été un long parcours. L’histoire commence lorsque son mari est affecté à Bobo-Dioulasso, dans le cadre de son travail. « Lorsque nous sommes arrivés, il fallait chercher quelque chose à faire parce que je ne voulais pas rester à ne rien faire. C’est ainsi que j’ai commencé avec la broderie que j’avais apprise avec une amie après ma troisième. Au début, je faisais les nappes et les têtières juste pour la maison. Mais lorsque les amis de mon mari voyaient ça à la maison, ils trouvaient que c’étaient beau et ils commandaient. J’ai donc libéré mon génie créateur et je produisais pour eux. Après je me suis lancée aussi dans la vente de draps car les gens en demandaient. Petit-à-petit, j’ai eu un petit fonds de commerce et je me suis lancée dans le sésame parce que ma maman était dolotière (vendeuse de bière de mil). Le sésame salé se consommait bien dans les cabarets. Je torréfiais, je mettais un peu d’huile avec du sel et j’attachais dans les sachets que je déposais au cabaret », a-t-elle expliqué.

Quelques temps après, son mari est réaffecté à Banfora, dans les Cascades. « Donc les activités que je menais ici tombent à l’eau. Arrivé à Banfora, six mois après on rappelle mon mari à Bobo encore. C’était compliqué, parce qu’il fallait que je trouve quelque chose à faire. J’ai donc pris du fonio avec une voisine à Banfora pour venir essayer à Bobo. Et lorsque je finissais ma cuisine, je sortais pour vendre dans les services, les stations d’essence et au grand marché. Ensuite, j’ai associé du couscous de petit mil, puis des gâteaux. Chaque après-midi, je sortais, mon enfant au dos, pour vendre et ça marchait », a laissé entendre madame Gnoula.

Avant de poursuivre : « A un moment j’ai appris à faire le fonio moi-même parce que quand j’appelais la dame qui me ravitaillait, la commande traînait et c’était difficile d’honorer mes commandes. J’ai demandé à une dame qui m’a appris à faire le fonio. C’est là que tout a commencé. Je lavais mon fonio avec soin, j’épierrais et je conditionnais. J’ajoutais à mon couscous que je vendais au grand marché et dans les stations-services ».

Madame Gnoula en activité avec des femmes de son unité

C’est dans ses activités que madame Gnoula a été repérée par l’organisation Afrique verte pour bénéficier d’un accompagnement, en 2006. C’est Afrique verte qui a contribué à améliorer la stratégie de production et de commercialisation de l’unité Dakupa. « C’est grâce à Afrique verte que nous sommes devenues des transformatrices professionnelles. Afrique verte nous a formées dans beaucoup de domaines notamment sur les bonnes pratiques d’hygiène, la commercialisation, le marketing, la gestion de stocks. Elle nous accompagnait souvent dans les foires », a-t-elle confié.

L’agro-alimentaire est un moyen de valorisation de l’agriculture

Selon elle, l’agro-alimentaire est aujourd’hui un secteur clé de l’économie burkinabè et un moyen de valorisation de l’agriculture. Plus qu’un moyen pour subvenir à ses besoins, cette activité lui permet aussi de contribuer au développement économique du pays tout en créant des emplois. Tournée vers la qualité et l’innovation, madame Gnoula n’hésite pas à se former et se perfectionner afin d’offrir le meilleur à sa clientèle. Elle est titulaire du certificat de qualification professionnelle (CQP) qu’elle a obtenu à l’issue d’une formation au Lycée professionnel Guimbi Ouattara, en 2017.

Grace aux multiples soutiens, l’entreprise a pu augmenter sa production, doubler son chiffre d’affaire et recruter davantage d’employés. A ce jour, l’entreprise a une capacité de production en petit mil de plus de quinze tonnes par an, plus de sept tonnes de fonio, plus de cinq tonnes de maïs, le sorgho plus de deux tonnes et le haricot environ 500Kg. Pour la transformation du riz, l’unité est à deux tonnes par an. Aujourd’hui, l’entreprise transforme huit produits. « Nous transformons tout ce que nos braves producteurs cultivent pour donner une valeur ajoutée à ces produits », a souligné Catherine Gnoula.

Une vue des échantillons de produits transformés par l’unité Dakupa

Tout début est certes difficile, Mme Gnoula a connu des hauts et des bas, mais sa détermination et sa conviction ont fait aujourd’hui d’elle une femme entrepreneure qualifiée. A l’en croire, les difficultés au sein de l’unité Dakupa sont d’ordre financier car elle estime que rien ne peut se faire sans argent. « La question financière fait que ce n’est pas facile. Beaucoup de femmes abandonnent parce qu’elles n’ont pas de soutien financier », a-t-elle déploré. Par ailleurs, l’entreprise fait face à un problème d’emballages ainsi qu’à un manque d’équipements nécessaires.

Viser le marcher international

« Nous souhaiterons avoir des emballages personnalisés et des équipements adéquats parce que tout ce que nous faisons se fait à la main », a-t-elle dit. En plus de ces difficultés, Catherine Gnoula note qu’elle est confrontée aujourd’hui à un problème de local. En effet, face à l’évolution de ses activités, le personnel se retrouve un peu coincé dans un local actuellement. « Nous comptons délocaliser l’unité dans un espace plus grand. Nous sommes dans les démarches pour l’acquisition du terrain et nous souhaitons que les autorités nous accompagnent dans ces démarches. Cela va nous permettre de certifier nos produits et nous permettre de viser le marché international même si déjà nos produits sortent », a-t-elle lancé.

Catherine Gnoula invitant toutes les femmes à se battre pour leur autonomisation

Son ambition aujourd’hui, est de faire en sorte que Dakupa se développe sur le plan international. Pour cela elle lance un appel à l’endroit des autorités du pays pour qu’elles puissent créer un environnement favorable afin que les entreprises privées puissent émerger et soient compétitives. Elle invite aussi les populations à avoir une fierté à consommer local. Elle nourrit par ailleurs l’idée d’apporter sa modeste contribution pour l’autonomisation de la femme, faire en sorte que les jeunes et les femmes puissent avoir un emploi qui va leur permettre de gagner dignement leur vie.

« Employer 20 personnes n’est pas petit. Si j’arrivais à construire une unité plus grande que celle-là, j’allais pouvoir embaucher plus de personnes. Donc si les autorités peuvent nous aider pour l’acquisition du terrain, nous n’avons pas dit de donner gratuitement mais faciliter son obtention », a-t-elle souhaité. [ Cliquez ici pour lire l’intégralité ]

Romuald Dofini
Lefaso.net

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