Actualités :: Burkina / Santé : « Pour concilier harmonieusement le jeûne et la prise de (...)

Comment concilier ramadan et traitement médicamenteux ? C’est la question que nous avons posée à Dr Issaka Sondé, pharmacien de son état. Dans cet entretien, il donne des conseils pratiques pour concilier harmonieusement jeûne et prise de médicaments.

Lefaso.net : Est-il raisonnable de jeûner quand on a un traitement médicamenteux à prendre ?

Dr Issaka Sondé : Je vous remercie pour l’opportunité que vous m’offrez pour m’exprimer sur cette question complexe qu’est l’observance aux traitements médicamenteux par les patients, pendant la période du jeûne, en ce mois du Ramadan, 9ème mois du calendrier lunaire islamique. Le jeûne est le quatrième des 5 piliers fondamentaux de l’Islam. Le mois de Ramadan a été ordonné dans le Coran dans la sourate 2 La Vache (Al-Baqarah) aux ayats 183, 184 et 185 : « Ô les croyants ! On vous a prescrit as-siyam comme on l’a prescrit à ceux d’avant vous, ainsi atteindrez-vous la piété, (183) pendant un nombre déterminé de jours. Quiconque d’entre vous est malade ou en voyage, devra jeûner un nombre égal d’autres jours.

Mais pour ceux qui ne pourraient le supporter qu’(avec grande difficulté), il y a une compensation : nourrir un pauvre. Et si quelqu’un fait plus de son propre gré, c’est pour lui ; mais il est mieux pour vous de jeûner ; si vous saviez ! (184) (Ces jours sont) le mois de Ramadan au cours duquel le Coran a été descendu comme guide pour les gens, et preuves claires de la bonne direction et du discernement. Donc, quiconque d’entre vous est présent en ce mois, qu’il jeûne ! Et quiconque est malade ou en voyage, alors qu’il jeûne un nombre égal d’autres jours. Allah veut pour vous la facilité, Il ne veut pas la difficulté pour vous, afin que vous en complétiez le nombre et que vous proclamiez la grandeur d’Allah pour vous avoir guidés, et afin que vous soyez reconnaissants ! (185) »

Le jeûne consiste à s’abstenir d’un certain nombre d’actes, du lever au coucher du soleil, sous peine de voir son jeûne annulé. Parmi ces actes, figurent en bonne place, l’interdiction de manger et/ou de boire volontairement.

En principe, le jeûne est obligatoire pour tout musulman à partir de la puberté mais comme l’atteste la Sourate 2, l’Islam prescrit des dérogations spécifiques pour des personnes ne remplissant pas les conditions requises pour jeûner. C’est ainsi que les enfants sont exemptés jusqu’à la puberté. Parmi les adultes, les personnes âgées à la santé défaillante, les malades, les femmes enceintes, allaitantes ou menstruées et les voyageurs sont dispensés du jeûne, mais doivent rattraper avant le Ramadan suivant, le nombre de jours qu’ils n’ont pas pu jeûner.

Par conséquent, de prime abord, quand on a un traitement médicamenteux à prendre, ne pas jeûner est parfaitement possible au musulman au vu des dispenses licites et légales et des alternatives possibles pour se rattraper. Comme l’atteste la Sourate 2, en Islam, jeûner n’est nullement une obligation absolue et selon la situation, des possibilités sont offertes licitement pour ne pas le faire. On pourrait donc être enclin à dire qu’il n’est pas raisonnable, prudent, rationnel, ou sage de jeuner si on a un traitement médicamenteux à prendre pour pouvoir bien se soigner.

Mais c’est à prendre au cas par cas et c’est pourquoi nous sommes très ravi d’en parler car la religion n’est pas du domaine du rationnel comme le dit la Bible dans Romains 11:33 « Quelle profondeur dans la richesse, la sagesse et la science de Dieu ! Ses décisions sont insondables, ses chemins sont impénétrables ».

Pour la conduite à tenir, il revient donc à chacun de se référer à son libre arbitre. Cependant, les agents de santé, notamment le prescripteur du médicament et surtout le spécialiste du médicament qu’est le pharmacien, peuvent aider le patient à mieux concilier la nécessité de prendre le traitement et le devoir moral de jeûner.

De façon globale, quels conseils donneriez-vous pour concilier harmonieusement jeûne et prise de médicaments ?

Pour concilier harmonieusement le jeûne et la prise de médicaments, il convient d’assurer une bonne éducation thérapeutique du patient. Cela devrait se faire tout au long du circuit du patient dans le système de santé. A chaque étape, il faut convenablement discuter avec le patient. A l’accueil, le médecin doit faire l’effort nécessaire de connaître les aspects socio-démographiques du patient (âge, profession, niveau d’instruction, religion…) pour mieux cerner ses réalités quotidiennes et sociales avant toute prescription.

Le prescripteur doit avoir à l’esprit que les diurétiques, les laxatifs, les sulfamides hypoglycémiants ne doivent jamais être pris en cas de jeûne ; que les médicaments à prendre à jeun, doivent être avalés au moins une demi-heure avant, ou trois heures après un repas ; que certains médicaments sont à prendre au milieu du repas, pour favoriser leur absorption (passage dans le sang) ou pour éviter l’apparition des nausées ; qu’il y a toujours des interactions possibles lorsque deux ou plusieurs médicaments sont pris au même moment ou à un intervalle rapproché et qu’il faut espacer les prises d’au moins deux heures pour pallier cette interaction.

Lors de la dispensation du médicament, le pharmacien doit prodiguer tous les conseils nécessaires et toutes les alternatives possibles pour que le patient puisse adapter la prise des médicaments par rapport au jeûne. Il existe de nombreuses possibilités pour y parvenir. Ces possibilités dépendront de l’état du patient, de la voie d’administration, de la nature du médicament (forme galénique, dosages, posologies, toxicité, index thérapeutique, …).

Il suffit seulement de s’écouter, d’en discuter et de formaliser un schéma de prise pour l’adapter dans la mesure du possible aux heures du jeûne. Cela est d’autant plus facile pour les médicaments qui se prennent une seule fois ou deux fois par jour et qui ne serait pas influencés par la prise de nourriture. Dans ces cas il suffira juste de convenir avec le patient sur les moments de prise qui lui conviennent le mieux. Du reste, même en situation ordinaire, cette démarche doit être privilégiée. Il ne revient pas à l’agent de santé de fixer péremptoirement les heures de prises des médicaments pour le patient. Il faut les adapter aux réalités et à la vie du patient.

Pour les maladies dont le traitement nécessite une prise de médicaments plusieurs fois et à des intervalles réguliers dans la journée, que leur conseillez-vous ?

Dans ces cas spécifiques, nécessitant plusieurs prises de médicaments (au moins 2) par jour et à des intervalles réguliers, la marge de manœuvre est faible pour concilier le devoir de jeûner et la nécessité de se soigner. Un médicament qui se prend 2 fois par jour, c’est chaque 12h. Un autre qui se prend 3 fois par jour, c’est chaque 8h. Celui qui se prend 4 fois par jour, c’est chaque 6h. Selon qu’il s’agisse d’une maladie chronique comme l’hypertension, le diabète, ou le VIH/Sida ; d’une maladie infectieuse comme la tuberculose ou le paludisme ; d’un épisode de maladie comme le rhume, l’approche sera différente. En outre, la marge de manœuvre dépendra de la partie du monde où on se trouve car l’heure du début du jeûne et celle de sa rupture varient selon les pays et changent progressivement durant le mois en fonction du moment du lever et du coucher du soleil. Par conséquent, le nombre d’heures du jeûne par jour varie d’un pays à un autre en tenant compte de la prescription de sourate 2 :87 : « …mangez et buvez jusqu’à ce que se distingue, pour vous, le fil blanc de l’aube du fil noir de la nuit. Puis accomplissez le jeûne jusqu’à la nuit… ».

Par exemple, au Sultanat d’Oman dans le village de Wekan, le jeûne dure seulement 3 heures par jour ; aux Comores, le jeûne dure environ 12h30 ; en Afrique subsaharienne, le jeûne dure entre 13h et 14h30 ; dans le monde arabe, la durée peut aller jusqu’à 17h. Alors que dans les pays scandinaves et en Russie, la durée moyenne est de 21h30 par jour.

Dans chaque situation, pour le patient, la meilleure conduite à tenir c’est de demander conseil à son pharmacien ou à son médecin. Il y a toujours des alternatives pour faire face. Il faut une bonne communication en amont et une éducation thérapeutique efficace. Il faut informer suffisamment le patient sur sa pathologie en lui expliquant le principe du traitement et lui permettre un meilleur choix et ne pas lui imposer un schéma inadapté à son rythme de vie ou à sa profession. Par exemple, des médicaments à longue durée d’action peuvent être privilégiés. Les horaires de prises peuvent être réadaptés.

Tout dépendra aussi du type de maladie. Un traitement curatif, pour guérir le patient, un traitement palliatif pour soulager les manifestations d’une maladie ou un traitement préventif pour éviter la survenue de la maladie ne seront pas gérés de la même manière dans le cadre d’une conciliation entre le jeûne et les soins. Pour les maladies infectieuses par exemples, du fait de l’impact sur la vie du patient et la répercussion en santé publique, la rigueur ne sera pas la même que pour une maladie banale comme le rhume. Dans tous les cas, il convient d’avoir les arguments nécessaires pour bien convaincre le patient.

Quels sont les types de médicaments pour lesquels il est fortement déconseillé de perturber la prise ?

Dans le jargon pharmaceutique, il est dit que tout médicament est une drogue mais toute drogue n’est pas un médicament. En outre, Paracelse, considéré comme le fondateur de la toxicologie, l’a si bien dit : « Tout est poison, rien n’est poison : c’est la dose seule qui fait le poison (dosis sola facit venenum) ».
Donc par principe, pour le pharmacien, il est déconseillé de perturber la prise de tout médicament par le patient. Cet aspect est désigné par le terme médical « observance thérapeutique » qui désigne la manière dont un patient suit ou ne suit pas une prescription médicale.

Quel que soit le type de médicament, toute perturbation de sa prise peut avoir des conséquences plus ou moins graves sur la santé d’un patient.

C’est pourquoi, le patient doit toujours s’abstenir de l’automédication et discuter dès que possible avec son médecin ou son pharmacien lorsqu’il doit prendre un médicament ou s’il ne supporte pas un médicament se manifestant par des troubles digestifs (douleurs abdominales, diarrhées importantes, nausées, vomissement), une fatigue importante, des maux de tête, la fièvre, une modification du comportement (confusion, humeur extrême, discours désorganisé…). Il doit s’abstenir de prendre une décision tout seul en lien avec le traitement notamment le changement des posologies, des intervalles de prises, l’association avec d’autres médicaments, la prise des repas et des boissons, la durée du traitement... Cela peut engendrer des interactions aux conséquences désastreuses avec 3 types d’effets. Il peut y avoir une diminution de l’action du médicament en entravant l’absorption ou l’action dans l’organisme, une augmentation de son élimination. Par exemple, le thé vert empêche l’organisme d’absorber correctement le fer par voie orale. Il diminue donc l’efficacité des traitements à base de fer, présentés sous forme de comprimés prescrits lors de la grossesse ou contre certaines anémies.

Cela peut engendrer aussi une augmentation de l’action du médicament en empêchant sa dégradation par l’organisme, ou son élimination. Cela conduit à des risques de surdosage et de toxicité. Par exemple, le curcuma, utilisé comme épice ou colorant alimentaire, peut augmenter l’action des antidiabétiques pris par voie orale, et provoquer un risque d’hypoglycémie.

Cela peut engendrer enfin une augmentation de certains effets indésirables du médicament. Le tabac, par exemple, augmente l’effet excitant de la caféine présente dans certains médicaments, notamment ceux contre la migraine. Ce qui peut provoquer de la tachycardie, des nausées et des insomnies.

Peut-on changer les horaires de prise des médicaments ?

Tout à fait ! En matière de prise des médicaments, rien n’est figé dans l’absolu. En principe, dès le départ, les horaires de prise des médicaments doivent être bien discutés et convenus avec le patient. C’est pour cette raison qu’il convient de bien connaître son patient. Sur la plupart des ordonnances reçues en pharmacie, vous verrez que sur les horaires de prise des médicaments, le prescripteur met juste : 01 Cp matin, midi et soir ou 2Cp x 2/j, ou un Cp le soir au coucher…

Ce n’est pas une bonne façon de procéder car cela reste théorique et tient peu compte de la réalité de la vie quotidienne du patient. Prenons le cas d’un patient à qui on prescrit un médicament à prendre le soir au coucher ! Cela peut bien convenir pour quelqu’un qui est actif le jour et qui dort la nuit. Par contre, pour un gardien, un vigile ou tout professionnel de nuit, son coucher, ce n’est point le soir mais le matin ou dans la journée à la fin de son activité.

En outre, pour une maladie chronique, il est tout fait indiqué de changer les horaires de prise des médicaments si le patient change d’activité professionnelle, ou en cas de survenue de problèmes spécifiques tels une insuffisance rénale ou hépatique ou lorsque survient un changement des habitudes de vie comme le jeûne. Du reste, la prescription de bon nombre de médicaments est assortie de la consigne : à prendre avant, pendant ou après le repas. Cette recommandation tient compte des effets du repas sur l’efficacité des médicaments.

Par contre, nous insistons sur le fait que tout changement d’horaire de prise des médicaments soit bien discuté avec le médecin traitant qui évaluera la situation avant de retenir la meilleure alternative.

Le malade peut-il demander que son traitement soit modifié, pour changer notamment les voies d’administration ?

Vous faites bien d’aborder la notion des voies d’administration qui désignent l’ensemble des moyens utilisés pour introduire le médicament dans l’organisme
Globalement on distingue 3 principales voies d’administration des médicaments. Il y a la voie cutanéo-muqueuse qui fait recours à la peau, aux muqueuses (voies auriculaire ou otique ; nasale ; pulmonaire ; vaginale / intra-utérin ; oculaire) ou aux membranes. Les médicaments administrables par cette voie sont : les patchs, les gels, les crèmes, les pommades, les lotions, les collyres, les sprays, les gouttes ou encore les ovules.

Nous avons ensuite la voie entérale qui fait recours au tube digestif et qui se subdivise en deux entités. La voie haute comprenant la voie buccale (le médicament diffuse à travers la muqueuse de la bouche. Ce sont les comprimés, granules, solutions, gouttes, sprays) et la voie orale ou Per os ou PO (le médicament est avalé par la bouche. Ce sont les comprimés, les gélules, les dragées, les granules, les solutions buvables comme les sirops, les suspensions buvables, les potions. La voie basse qui est la voie rectale pour l’administration des formes galéniques comme les suppositoires.

Nous avons enfin la voie parentérale qui fait recours à toute introduction d’un médicament dans l’organisme autre que par la voie digestive par effraction d’un tissu biologique. L’administration du médicament se fait par injection
Nous voyons donc que pour la voie d’administration, comme le disent les militaires, c’est le terrain qui dicte la manœuvre. Chaque médicament, de par sa formulation galénique, est destiné à être administré par une voie bien donnée pour laquelle il a été testé et validé et pour laquelle son efficacité et son innocuité ont été évaluées. Il revient donc au médecin de privilégier une voie d’administration en fonction de l’urgence, de l’état du patient (coma, vomissement), du lieu de l’action désirée, du type de médicaments (par exemple, certains sont instables dans le tube digestif et ne peuvent pas être avalés) …

Certes, certains patients préfèrent de très loin la voie parentérale par apport à la voie orale en se disant que c’est plus efficace mais ce n’est qu’une vue de l’esprit. La voie orale est la plus sure et elle est aussi efficace que la voie parentérale. Tans que c’est possible, il faut toujours privilégier la voie orale.

De façon globale, comment honorer les recommandations religieuses tout en poursuivant son traitement et en préservant sa santé ?

Allah même recommande à l’homme de bien prendre soin de sa santé.
Sur cette question, Jean de La Fontaine l’illustre bien dans sa fable 18 du livre VI intitulée le Chartier embourbé : « Aides toi et le Ciel t’aidera ». Nous avons aussi évoqué la Sourate 2, (La Vache) qui prescrit aux musulmans, les dérogations spécifiques pour des personnes qui ne sont pas à mesure de jeûner. Il est aussi dit dans le Coran : « Nulle contrainte en religion » (Sourate 2 : 256). L’adage populaire aussi insiste là-dessus : « La santé avant tout » ; « la santé est la plus grande des richesses ».

Cela fait de la santé, le plus précieux des biens et il revient à chacun de faire de son mieux pour la préserver. Dans les livres sacrés notamment la Sainte Bible et le Noble Coran, en lien avec la santé, de nombreux miracles ont été accomplis tant par le Seigneur Jésus Christ (Issa, ibn Maryam) que par le Prophète Mohamed (PSL),

Dans la Sainte Bible, les miracles relatifs à la santé sont : Marc 10 : 51 « Jésus, prenant la parole, lui dit : Que veux-tu que je te fasse ? Rabbouni, lui répondit l’aveugle, que je recouvre la vue. 52.Et Jésus lui dit : Va, ta foi t’a sauvé. Aussitôt il recouvra la vue, et suivit Jésus dans le chemin » ; Matthieu 8:3 « Jésus étendit la main, le toucha, et dit : Je le veux, sois pur. Aussitôt il fut purifié de sa lèpre » ; Matthieu 9:22, Luc 7:50 et Marc 5:34 « Jésus se retourna, et dit, en la voyant : Prends courage, ma fille, ta foi t’a guérie. Et cette femme fut guérie à l’heure même ».

Le Prophète Mohamed (PSL) a également réalisé des miracles relatifs à la santé notamment la guérison de l’enfant possédé rapportée par l’Imam Ahmed sur l’autorité d’Ibn ‘Abbas qu’une femme se rendit auprès du Prophète (‘alayhi salat wa salam) en compagnie de son garçon. Elle lui dit : « Mon fils que voici est touché par un démon. Il est en proie à des crises de folie à l’heure du déjeuner et à l’heure du dîner. Quand il se trouve dans cet état, il nous tient des propos obscènes. » Le Prophète (‘alayhi salat wa salam) passa sa main sur la poitrine de l’enfant et invoqua Allah. Soudain, l’enfant toussa et sortit de sa bouche quelque chose qui ressemble à un chiot noir. ». Nous avons aussi la guérison de l’aveugle par le biais d’une invocation particulière rapportée par l’Imam Ahmed sur l’autorité de ‘Uthman ibn Hanif qu’un aveugle se rendit auprès du Prophète (‘alayhi salat wa salam) et lui dit : « Invoque Allah pour qu’Il me guérisse [de ma cécité] ». Il lui dit : « Si tu veux, je garde mon invocation en ta faveur pour plus tard, ce qui est d’ailleurs bien pour ta vie dans l’Au-delà, mais si tu veux que j’invoque Allah en ta faveur maintenant, je le ferai. – Invoque Allah pour moi maintenant, insista l’aveugle ». L’Envoyé d’Allah (‘alayhi salat wa salam) lui demanda de faire ses ablutions, d’accomplir deux rak’a et d’invoquer Allah en ces termes : « Ô mon Dieu ! Je T’implore et je m’adresse à Toi par l’invocation de ton Prophète Mohamed, le Prophète de la miséricorde ! Ô Mohamed, je m’adresse à mon Seigneur par ton invocation en ma faveur pour que ma requête soit satisfaite ! Seigneur, accepte son intercession en ma faveur et exauce mon invocation ! ». L’homme fit cette invocation et recouvra la vue.
Notons la guérison de la conjonctivite d’Ali (qu’Allah l’agrée), fidèle compagnon du prophète qui fut atteint d’une conjonctivite lors du siège de Khaybar : « Le Prophète (PSL) « souffla dans ses yeux [ceux de ‘Ali] et il guérit aussitôt » (évoqué par Al-Bayhaqi qui rapporte de Burayda).

Des enseignements du noble Coran et de la Sunna, il est fait référence à la médecine prophétique, qui est synthétisé par l’Imam As-Soûyouti dans son ouvrage intitulé : « La médecine du Prophète Mouhammad » qui s’est intéressé à l’homme (son corps, son esprit et son cœur) et qui incite les disciples et les fidèles de la communauté à se soigner et à rechercher les remèdes à toutes les maladies car à chaque maladie, Dieu a fait descendre un remède (une guérison). Quand les délégations des bédouins lui demandèrent : « Ô, Messager de Dieu ! Doit-on se soigner ? » Il leur répondit : « Soignez-vous, car à toute maladie, Dieu a fait descendre un remède, excepté une seule maladie : la maladie de la vieillesse »

« Le bien-être ou la santé est le premier des bienfaits que Dieu dispense à l’Homme puisqu’en dehors de la santé, l’Homme ne peut jouir de sa liberté d’action, ni accomplir ses devoirs envers Dieu, nul bien n’est égal à la santé. ». « Demandez à Dieu la certitude et la santé. Nul, certainement, n’a jamais rien reçu, après la certitude, de plus précieux que la santé. Elle est le bienfait que Dieu aime, par-dessus tout qu’on Lui demande. » ; Ô Prophète de Dieu, demanda un jour un Arabe à l’Envoyé céleste : après mes cinq prières, que dois-je demander à Dieu ? : « Demandes lui la santé », répondit le Messager de Dieu (PSL).
Le prophète David (Dāwūd), dans les Psaumes (Az-Zaboûr) considère la santé comme un trésor secret, et le chagrin d’un moment comme une décrépitude d’un an.

Un ancien a dit : « Combien Dieu a déposé en nous de bienfaits sous chacune de nos fibres !) Ô mon Dieu, ! Donne-nous la santé, la vigueur pour Te servir, pour vivre en ce monde et pour arriver à jouir de l’autre vie.

Il est donc manifeste qu’il est fortement conseiller d’honorer les recommandations religieuses et la quête de la restauration et la préservation de la santé et que, si nécessaire, il faut privilégier les traitements pour restaurer la santé pour pouvoir bien et mieux adorer son Seigneur. La foi en elle-même est un traitement, une source inépuisable de guérison et l’effet placebo le montre bien dans les essais cliniques lors du développement des médicaments.

De façon générale, on parle de risque de mauvaise utilisation des médicaments qui aurait bientôt des conséquences désastreuses en matière de santé publique ; qu’en est-il réellement ?

Cette question aborde la problématique globale de l’usage rationnel des médicaments. On parle d’usage rationnel des médicaments quand « les patients reçoivent des médicaments adaptés à leur état clinique, dans des doses qui conviennent à leurs besoins individuels, pendant une période adéquate et au coût le plus bas pour eux-mêmes et leur collectivité (OMS, 1985, Nairobi, conférence d’experts sur l’utilisation rationnelle des médicaments). A chaque fois qu’un seul de ces éléments n’est pas satisfait, nous sommes dans un usage irrationnel du médicament et les conséquences sont diverses tant pour l’individu qu’au niveau de la santé publique.

Les causes sont diverses et peuvent être liées à l’inadaptation des lois et règlementations en matière des médicaments et des soins au niveau national ; l’inefficacité de la chaîne d’approvisionnement des médicaments (mauvaise qualité des médicaments, indisponibilité des médicaments, inaccessibilité des médicaments et des services de santé) ; l’incompétence des ressources humaines (prescriptions et dispensations irrationnelles) ; l’ignorance des populations. Il en résulte que, dans nos pays, le bénéfice thérapeutique net des médicaments est généralement inférieur à 30%. Concrètement, cela veut dire que si l’Etat injecte 100 millions dans les médicaments, à peine 30 millions bénéficient réellement aux patients. Les reste est perdu pour des raisons diverses (péremptions, mauvaise observance des patients, pertes…).

L’usage irrationnel augmente les morbidités et les mortalités, prolonge les durées d’hospitalisations et des traitements, augmente inutilement les coûts des traitements et engendre des gaspillages énormes des ressources car les médicaments coûtent très chers. Par exemple, une dose à vie de l’étranacogene dezaparvovec (Hemgenix®), utilisée dans le traitement de l’hémophilie et produite par le laboratoire CSL Behring ; coûte 3,5 millions d’euros soit 2,3 milliards FCFA. Une dose de l’onasemnogene abeparvovec (Zolgensma®), du laboratoire Novartis, utilisé pour le traitement de l’amyotrophie spinale chez les enfants coute à 2,1 millions de dollars soit un coût moyen sur une durée de vie d’environ 22 millions de dollars US soit 13 milliards 420 millions de FCFA. Une boite du Pembrolizumab (Keytruda®), du laboratoire Merck Sharp & Dohme, utilisé pour le traitement des cancers, coûte 5 200 euros soit 3,4 millions FCFA.

Le risque majeur relatif à la mauvaise utilisation des médicaments qui aura bientôt des conséquences désastreuses en matière de santé publique, c’est la résistance aux antibiotiques et il y a lieux d’agir rapidement et efficacement.

Votre mot de la fin ?

Je vous réitère mes chaleureux remerciements pour l’opportunité que vous m’avez offerte pour parler de cette problématique globale de la gestion des prises des médicaments pendant le jeûne. A chaque fois qu’il est possible de communiquer pour éclairer et aider les populations, il y a nécessité de le faire. Le savoir et les connaissances n’ont de valeur que lorsqu’ils sont partagés.
En conclusion je dirai que pour une bonne observance des traitements pendant ou en dehors du jeûne, c’est dans la bonne collaboration entre le patient, le médecin et le pharmacien que réside le salut avec l’aide et les conseils éclairés des guides spirituels (Tradipraticiens, Imams, Prêtres, Pasteurs…). Il faut toujours se concerter et discuter et je suggère de sensibiliser les guides spirituels sur ces aspects car ils ont plus d’influence et sont plus écoutés et obéis par les fidèles.

En ce mois béni de Ramadan, qu’Allah Le Très Miséricordieux exauce les prières, et accorde la santé à tous.

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