Plusieurs producteurs ont été outillés en matière de connaissance et de lutte contre les principaux insectes ravageurs des feuilles de Moringa oleifera, le mercredi 13 mars 2024, à Ouagadougou. Cet atelier entre dans le cadre du projet de recherche menée par l’équipe de Dr Madjelia Cangré Ebou Somé/Dao, intitulé : « Gestion durable des insectes ravageurs de Moringa oleifera : pratiques sylvicoles et utilisation d’extraits aqueux à base de plantes locales ». Directrice de recherche au département environnement et forêt de l’Institut de l’environnement et de recherches agricoles (INERA), Dr Somé est la coordonnatrice du présent projet.
Plante aux multiples vertus et dont les bienfaits nutritionnels sont largement reconnus, le Moringa est devenu une culture essentielle dans de nombreuses régions du monde, y compris au Burkina Faso. Cependant, la menace posée par les insectes ravageurs foliaires représente un défi majeur pour les agriculteurs qui dépendent de cette culture pour leur subsistance.
C’est pourquoi, le directeur général du Fonds national de la recherche et de l’innovation pour le développement (FONRID), Dr Babou André Bationo a félicité l’équipe de mise en œuvre du projet « Gestion durable des insectes ravageurs de Moringa oleifera : pratiques sylvicoles et utilisation d’extraits aqueux à base de plantes locales », au regard des résultats obtenus. « C’est une fierté de constater que le peu d’investissement mis à votre disposition a porté ses fruits, à travers les résultats significatifs que vous partagez aujourd’hui avec les producteurs, ayant un impact positif sur leurs productions de Moringa, et partant, sur le développement », a-t-il affirmé.
- « Ce qui est important, c’est l’application que vous ferez des résultats de recherches portés à votre connaissance, pour améliorer le rendement du Moringa », Dr Babou André Bationo, directeur général du FONRID
Noorda blitealis, le principal ravageur du Moringa
L’atelier de formation a ainsi offert une tribune pour échanger des connaissances et des meilleures pratiques dans la lutte contre les principaux insectes ravageurs du Moringa oleifera. Pour ce faire, la communication inaugurale exposée par le Dr Salifou Kabré, a porté notamment sur la diversité des insectes ravageurs des feuilles de Moringa, mettant l’accent sur Noorda blitealis, son cycle de développement et les dégâts qu’il cause aux plants de Moringa.
« Il y a une variété d’insectes que l’on peut rencontrer sur les plants de Moringa. Ces insectes attaquent de façon différente. Les chenilles, les criquets et les sauterelles ont tendance à manger les feuilles. Noorda blitealis, le principal insecte ravageur est une chenille qui passe par cinq stades larvaires avant de devenir adulte. L’adulte de cette chenille est un papillon de nuit donc presqu’absent dans les champs de Moringa le jour. La femelle de ce papillon mesure entre 22 et 24 mm et a une plus longue durée de vie qui est de 37 jours, tandis que la durée de vie du mâle est de 33 jours », a-t-il expliqué.
- « L’œuf de Noorda blitealis va faire deux à trois jours sur la plante de Moringa avant d’éclore », Dr Salifou Kabré, chercheur à l’INERA
Il indique qu’une femelle peut pondre environ 85 œufs par jour et va pondre environ 200 œufs tout au long de sa vie. Ces œufs que l’on retrouve souvent sur les feuilles du Moringa sont très petits et ne sont visibles qu’à l’aide d’une loupe.
« Nous avons aussi cherché à connaître les pratiques sylvicoles qui peuvent servir à minimiser les attaques des insectes ravageurs du Moringa. Cela, afin de tendre vers des solutions pour améliorer la production de Moringa au Burkina Faso », a souligné Dr Madjelia Congré Ebou Somé/Dao. Directrice de recherche au département environnement et forêt de l’Institut de l’environnement et de recherches agricoles (INERA), elle est la coordonnatrice du présent projet.
Le Neem, une alternative efficace
De tous les bio-insecticides testés par le projet, il ressort que le Neem est le plus efficace pour lutter contre les attaques parasitaires. Dr Madjelia Somé a montré que l’extrait de feuilles de Neem a la plus faible concentration létale et est le plus efficace sur les larves de Noorda blitealis, pour avoir été testé au laboratoire, dit-elle.
- « À travers la taille des plantes et la densité de la plantation, on peut travailler à minimiser les attaques parasitaires », Dr Madjelia Congré Ebou Somé/Dao, directrice de recherche au département environnement et forêt de l’INERA
Les participants ont également eu l’occasion de partager leurs expériences sur le terrain, ce qui a enrichi les discussions et permis d’identifier des stratégies innovantes pour protéger les cultures de Moringa. Parmi les sujets abordés figuraient l’utilisation de méthodes biologiques et écologiques, telles que la lutte biologique, les cultures associées, et l’utilisation de produits naturels pour décourager les ravageurs.
Pour Constant Bassolé, participant à l’atelier, l’un des points saillants a été la mise en lumière des propriétés du Neem comme étant la plante la mieux adaptée pour lutter efficacement contre les ravageurs du Moringa. Cette révélation a renforcé sa conviction quant à l’importance de recourir à des solutions naturelles et écologiques dans la gestion des insectes ravageurs, tout en préservant la santé des cultures et de l’environnement.
- Constant Bassolé, producteur et transformateur du Moringa dans la périphérie de Ouagadougou, participant à l’atelier
Promotion d’une agriculture respectueuse de l’environnement
Le Neem, plante aux multiples vertus, est depuis longtemps reconnu pour ses propriétés insecticides et répulsives. En découvrant son potentiel dans la protection des cultures de Moringa, Constant Bassolé a réalisé l’opportunité qu’offre cette plante pour améliorer la durabilité de sa production.
En plus de l’aspect pratique, l’atelier a souligné l’importance de la sensibilisation et de l’éducation des agriculteurs sur la gestion intégrée des ravageurs, afin de promouvoir des pratiques agricoles durables et respectueuses de l’environnement. La mise en place de programmes de surveillance régulière des cultures de Moringa a également été recommandée pour détecter précocement les signes d’infestation et prendre des mesures appropriées.
Financé par le FONRID, le projet « Gestion durable des insectes ravageurs de Moringa oleifera : pratiques sylvicoles et utilisation d’extraits aqueux à base de plantes locales », lancé en 2021, est pratiquement à son terme. En fournissant aux agriculteurs les connaissances et les outils nécessaires pour faire face aux défis posés par les ravageurs foliaires, cet événement a contribué à renforcer la résilience des communautés agricoles et à promouvoir une agriculture plus durable et productive.
Hamed Nanéma
Lefaso.net
