Actualités :: Burkina/Lutte contre le paludisme : La Coalition pour la souveraineté (...)

Le projet Target Malaria ne fait toujours pas l’unanimité à Bobo-Dioulasso. Au cours d’une conférence de presse tenue le samedi 9 mars 2024 dans la ville de Sya, la Coalition pour la souveraineté sanitaire (COSOUSA) a exigé « l’arrêt immédiat » des expérimentations en cours sur les moustiques génétiquement modifiés. La coalition estime en effet que ces expérimentations « hasardeuses et irresponsables » n’ont pas de lien avec la lutte contre le paludisme.

Malgré les nombreuses campagnes de sensibilisation auprès des organisations de la société civile, le projet Target Malaria n’a toujours pas convaincu tout le monde de son bien-fondé. Parmi les personnes qui s’opposent à la mise en œuvre de ce projet, il y a les membres de la Coalition pour la souveraineté sanitaire (COSOUSA). Ces derniers ont donné de la voix ce samedi 9 mars 2024 au cours d’une conférence de presse, à Bobo-Dioulasso.

À travers cette rencontre avec les hommes de médias, la coalition a exigé, entre autres, un arrêt immédiat des expérimentations en cours sur les moustiques génétiquement modifiés ; un moratoire sur les organismes génétiquement modifiés au Burkina Faso globalement, et singulièrement sur le niébé ; ainsi que la promotion et la généralisation des pratiques agro-écologiques qui sont respectueuses de l’environnement, de la santé humaine et animale à travers la mise à l’écart des engrais chimiques et des pesticides de synthèse.

« Le forçage génétique ne fait pas l’objet de réglementation »

La coalition dit être profondément préoccupée par les expérimentations du projet Target Malaria. Selon elle, ces expérimentations qu’elle qualifie de « hasardeuses et irresponsables » n’ont nullement pour objectif de lutter contre le paludisme. « La modification génétique de moustiques, et en définitive, le forçage génétique qui est l’étape ultime recherchée, permettra aux firmes internationales, notamment celles dirigées par Bill Gates, de mettre au point des biotechnologies dangereuses pour la souveraineté alimentaire et sanitaire des populations, notamment africaines », a laissé entendre Nestor Podassé, porte-parole de la coalition.

Les journalistes présents à la conférence de presse de la coalition.

Pour les conférenciers du jour, « le forçage génétique ne fait pas l’objet d’une réglementation ni sur le plan international ni sur le plan national. » Ils affirment aussi que les expérimentations menées au Burkina Faso par le projet Target Malaria ne sont pas en phase avec notre législation, en l’occurrence la loi n°064-2012/AN du 20 décembre 2012 portant régime de sécurité en matière de biotechnologie, et les conventions internationales que le Burkina Faso a ratifiées, notamment le Protocole de Carthagène sur la prévention des risques biotechnologiques.

« Nous avons peur des retombées négatives »

Dans le cadre de la mise en œuvre du projet, un premier lâcher de ces moustiques a eu lieu en 2019 dans le village de Bana, à quelques kilomètres de la ville de Bobo-Dioulasso. Pour les membres de la coalition, l’obligation du consentement libre et éclairé des populations avant tout déploiement en milieu ouvert n’a pas été respectée. « Si elle a été faite par hasard à un échelon village, cela ne nous engage nullement parce que nous estimons qu’au regard de la gravité du sujet, le consentement doit être recherché sur le plan national et même au-delà », a fait savoir Nestor Podassé.

Lire aussi : Burkina/Lutte contre le paludisme : Le projet Target Malaria en opération de charme auprès de la société civile

Prenant exemple sur le cas de la production du coton génétiquement modifié qui a été abandonnée pour plusieurs raisons, la coalition invite les autorités du pays à tirer leçon de cette expérience car, dit-elle, les mêmes causes produisent les mêmes effets. « Si l’on s’entête à poursuivre sur le chemin emprunté avec les moustiques génétiquement modifiés, nous avons peur des retombées négatives dans un futur plus ou moins proche », a-t-elle alerté. Avant de réaffirmer son refus d’être « un cobaye d’une science hasardeuse ».

Pour Ali Tapsoba, président de Terre à vie, membre de la coalition, il est légitime que les membres de la coalition s’interrogent sur les ambitions réelles du projet. « Le ministère de la Santé a déjà un plan d’action de lutte contre le paludisme, il y a un comité de lutte contre le paludisme qui est mis en place, et beaucoup d’actions sont menées sur le terrain dans le cadre de la lutte contre le paludisme. C’est pourquoi on se demande si réellement ce projet vient lutter contre le paludisme. Sinon, pourquoi ils commencent directement les expériences en plein environnement avec des populations civiles cobayes pour observer les faits de mobilité, de vitalité et de comportement de ces moustiques manipulés au laboratoire ? », s’interroge-t-il.

Avant de poursuivre : « Pour nous, une expérimentation est conclue d’abord au laboratoire avant de faire le lâcher en pleine nature. Si nous pensons que le projet ne vient pas pour lutte contre le palu, c’est parce que le principal bailleur de fonds du projet est Bill Gates. À chaque fois que Bill Gates intervient en Afrique, sa préoccupation est de réduire la démographie. Donc nous sommes en droit de nous poser la question, pourquoi il investit autant de milliards dans ce projet ? Il y a un autre bailleur qui est une institution de l’armée américaine ; et lorsque des militaires investissent dans une recherche, l’objectif ultime recherché généralement, ce sont des armes biologiques. Des éléments qui nous amènent à nous demander sur l’objectif réel du projet. »

La coalition poursuivra sa lutte à travers des plaidoyers auprès des autorités du pays et dans la sensibilisation des populations pour « l’arrêt du projet ».

Selon lui, la meilleure manière de lutter contre le paludisme est de mettre en place une bonne politique d’assainissement des cadres de vie des populations. Ali Tapsoba précise tout de même que leur plaidoyer ne remet pas en cause les compétences des chercheurs. « Nous avons les meilleurs chercheurs en Afrique, mais le problème ici, c’est le projet Target Malaria », a-t-il lancé.

Si certaines personnes pensent le projet Target Malaria est à l’origine de l’épidémie de la dengue que le pays a connue, la coalition dit ne pas avoir des études en sa disposition qui lui permettent de faire le lien de causalité entre la dengue et le lâcher de moustiques car, selon elle, la dengue existait bien avant le projet. « Mais nous sommes en droit de nous poser des questions : pourquoi la zone géographique de manipulation des moustiques et le foyer épidémique de la dengue se trouve à Bobo-Dioulasso ? », a souligné Ali Tapsoba. À l’en croire, la coalition poursuivra sa lutte à travers des plaidoyers auprès des autorités du pays et dans la sensibilisation des populations pour « l’arrêt du projet ».

Romuald Dofini
Lefaso.net

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