Le district sanitaire de Boulmiougou a servi de cadre à un atelier d’information et de plaidoyer sur le Projet de renforcement des services de santé à base communautaire et de l’introduction de l’utilisation de l’oxymètre de pouls et du bracelet électronique au niveau communautaire. Un projet porté par Terre des hommes Lausanne avec l’appui financier de l’UNICEF. La cérémonie a été présidée par le secrétaire général de la province du Kadiogo M. Boukary Sawadogo représentant le haut-commissaire.
Au Burkina Faso, la mortalité infanto-juvénile demeure un problème de santé publique et ce, en dépit des efforts déployés par le gouvernement avec l’appui des partenaires techniques et financiers. En effet, selon des données du groupe inter institutions des nations unies, le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans est estimé à 83 pour 1 000 naissances vivantes en 2021. La majorité de ces décès (70%) surviennent en communauté et sont évitables. Ce sont principalement le paludisme (21%), la pneumonie/IRA (19%) et la diarrhée (15%).
La mortalité néonatale liée à la prématurité et les enfants de faibles poids de naissance reste également un fardeau non moins lourd. Pour espérer atteindre l’Objectif de développement durable (ODD) 3.2 qui vise 25 décès pour 1000 naissances vivantes en 2030, ce pays devrait accroître significativement son rythme annuel de réduction de cette mortalité infantile de 13% qui est actuellement à 3,5%.
- Photo de famille
Partant du constat que l’innovation dans le domaine de la santé est le fer de lance pour accélérer l’amélioration de la qualité de l’offre des soins, l’UNICEF dans le cadre de son appui au ministère de la Santé et de l’hygiène publique s’est proposé d’appuyer Terre des hommes Lausanne dans la mise en œuvre du projet de renforcement des services de santé à base communautaire et de l’introduction de l’utilisation de l’oxymètre de pouls et du bracelet électronique au niveau communautaire.
Pour une mise en œuvre réussie de ce projet, un atelier d’information et de plaidoyer s’est tenu ce mardi 5 mars 2024, au district sanitaire de Boulmiougou, à Ouagadougou. L’événement a regroupé des membres des équipes cadre du district, des infirmiers chefs de postes, les présidents des délégations spéciales, les autorités provinciales mais aussi les leaders d’opinions et les communautés elles-mêmes. Était également présentes des équipes des directions centrales, du ministère de la Santé et de l’hygiène publique, de la direction régionale de la santé et de l’hygiène publique du Centre, de Terre des hommes Lausanne et de l’UNICEF.
À cette occasion, le secrétaire général de la province du Kadiogo a, au nom du haut-commissaire de la province du Kadiogo, président du conseil de santé du district, a salué l’arrivée de ce projet et indiqué que « si le bracelet électronique pour le suivi de la température semble tout nouveau au Burkina Faso, l’oxymètre de pouls quant à lui, ne l’est pas car il a fait l’objet d’une expérimentation par le ministère en charge de la santé et Terre des hommes Lausanne, il y a trois ans et vient d’être nouvellement adopté pour être utilisé dans les formations sanitaires périphériques du Burkina Faso ».
- Le représentant du haut-commissaire de la province du Kadiogo
L’introduction de ces innovations en termes d’outils diagnostics révolutionnaires contribueraient sans doute à améliorer la qualité de la prise en charge par la détection précoce depuis le niveau communautaire des cas graves de maladies potentiellement mortelles par les Agents de santé à base communautaire (ASBC). De ce fait, Boukary Sawadogo a réitéré l’engagement du haut-commissaire à accompagner ce projet pour le bien-être de la population.
Dans la présentation du projet faite aux participants à l’occasion, le chef de projet santé communautaire, Adama Hema dira que ce projet va accentuer ses interventions dans le renforcement des capacités et équipement des ASBC afin de leur permettre d’offrir des soins de meilleure qualité aux enfants de moins de cinq ans. Parlant des innovations, « nous avons introduit ce qu’on appelle l’oxymètre de pouls pour mesurer la saturation en oxygène des enfants malades et le bracelet électronique pour monitorer la température des enfants prématurés et ceux de faibles poids de naissance. Ces enfants sont sujets à la baisse de la température qui est mortelle la plupart du temps. À défaut de couveuse dans notre contexte, la stratégie de soins mère Kangourou qui a été développée et éprouvée sera vulgarisée à travers ce projet », a rappelé M. Hema. Le présent projet couvre la période du 1er décembre 2023 au 31 octobre 2024, et vise à réduire la morbi-mortalité chez les moins de 5 ans dans les districts sanitaires de K. Vigué, Dafra, Boulmiougou, Bogodogo, Saponé, Nouna, Solenzo, Tougan et Toma.
- Le projet a été présenté aux participants par le chef de projet santé communautaire, Adama Hema
Ces districts sanitaires d’intervention ont été choisis conformément au planning du ministère de la Santé et de l’UNICEF.
Présente à la cérémonie, la spécialiste santé à l’UNICEF, Dr Fatoumata Toni Sanou, a justifié l’appui de son institution dans la mise en œuvre du projet en ces termes : « Nous sommes un partenaire du ministère de la Santé. Améliorer la survie de l’enfant surtout de 0 à 5 ans est une priorité absolue. Il y a même un besoin d’accélérer les efforts vers l’atteinte des objectifs du développement durable (ODD). C’est dans cette logique que nous essayons autant que possible de renforcer l’offre de soins et surtout la mise en œuvre des interventions à haut impact du ministère de la Santé ». Elle a, par ailleurs, exprimé ses attentes à l’égard de ce projet. Elle souhaite le renforcement de l’offre de soins pour la prise en charge intégrée des maladies de l’enfant au niveau communautaire mais aussi une bonne collaboration entre les parties prenantes de la mise en œuvre pour une bonne capitalisation et pérennisation des actions.
Dans le district sanitaire de Boulmiougou, la prise en charge intégrée au niveau communautaire n’est pas encore effective. « Nous allons y contribuer. Cela inclut les soins à domicile pour le nouveau-né (qui commencent depuis la grossesse bien sûr) et la promotion des soins maternels kangourou pour la prise en charge des nouveaux nés de faible poids de naissance ou prématurés. Toutes ces interventions vont permettre d’améliorer la survie de l’enfant » a relevé Dr Toni.
- La spécialiste santé à l’UNICEF, Dr Fatoumata Toni Sanou,
A termes, le projet ambitionne toucher 22 914 enfants de moins de cinq ans pour le traitement des pathologies courantes dont le paludisme simple, les diarrhées simples, la pneumonie, cas graves (953 dont 440 PIBG). Au niveau de la vaccination, l’objectif poursuivi est de 5 777 enfants de moins de cinq ans "zéro dose" ou « insuffisamment vaccinés » dans les cinq districts sanitaires d’intervention. 113 CSPS et 3 CMA y compris le CMA de Boulmiougou seront couverts.
Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net
