Le Vatican a annoncé l’ouverture le 15 mars 2024 à Rome de l’enquête diocésaine pour la béatification et la canonisation du père Alexandre Toé, religieux camillien décédé à Rome en 1996, un an et demi après son ordination sacerdotale. La nouvelle de l’ouverture de son processus de béatification et de canonisation a quelque peu enflammé les réseaux sociaux burkinabè, faisant croire à certains que le Burkina Faso aura un saint le 15 mars prochain. Pour comprendre ce qui n’est que la première étape d’un long processus pouvant durer des années, des décennies, voire des siècles, Lefaso.net a interrogé en ligne le Père Edgard François Yaméogo, religieux camillien résidant à Ouagadougou.
Le Vatican a annoncé l’ouverture du procès en béatification et canonisation d’Alexandre TOÉ pour le 15 mars ; en quoi va consister cet évènement ?
Merci bien pour l’occasion qu’offre votre merveilleux site LeFaso.net aux Camilliens de rendre Grâce au Seigneur avec toute l’Eglise car « un Serviteur de Dieu ou un Bienheureux ou un Saint » l’est pour toute l’Eglise et pas seulement pour une nation ou un continent. Vous nous permettez également d’apporter quelques clarifications car après l’annonce, les réactions allaient dans tous les sens...
Pour le cas du P. TOE, la première étape à savoir la « démarche préliminaire » où la réputation de sa sainteté a été bien établie et introduite officiellement en vue de sa béatification ou canonisation -, a été déjà franchie. Nous sommes donc dans la deuxième étape d’un long ou peut-être d’un très long processus.
Cette étape que nous allons vivre le 15 mars est l’ouverture officielle de l’enquête diocésaine en vue de la béatification et la canonisation du Serviteur de Dieu Alexandre TOE (par le diocèse de Rome, lieu de son décès).
Lors de cette ouverture, le titre de « Serviteur de Dieu » lui sera attribué officiellement.
L’ouverture officielle de l’enquête diocésain est juste une démarche procédurale.
Concrètement elle aura lieu dans la salle du tribunal du vicariat de Rome. Elle débutera à 12h avec la lecture du décret autorisant l’ouverture officielle de l’enquête diocésaine (le nihil obstat). Ensuite le cardinal Vicaire Général du Pape François pour le diocèse de Rome procèdera à l’installation du tribunal et enfin le serment des membres de ce même tribunal et de la postulation de l’Ordre des camilliens ( cf message audio du Reverendissime supérieur général des M. I. P. TRAMONTIN).
Il convient de souligner que le tribunal ainsi constitué comprend des experts dans divers domaines et aura pour mission d’examiner les témoignages, la réputation de sainteté et l’authenticité du/ des miracles obtenus grâce à l’intercession du Serviteur de Dieu Père Alexandre TOÉ.
Que va-t-il- se passer après cette ouverture ?
Après l’ouverture commencent les enquêtes sur les vertus du serviteur de Dieu : cela consiste à interroger les témoins qui ont connu Père TOÉ au Burkina, en Italie ou ailleurs. Il s’agira de recueillir aussi les documents édités ou non édités, y compris ses écrits. Dans l’éventualité d’une grâce par reçue aussi par quelqu’un, il faudrait que la personne contacte le bureau de postulation ou le siège de la province camillienne à Ouagadougou ( Casa Generalizia dei Camilliani, Piazza della Maddelena, 53, 00186 ROMA / Province camillienne du BURKINA FASO, 01 B.P. 364 OUAGADOUGOU 01 ).
Après la cérémonie officielle du 15 mars, il est de coutume de dire une sainte messe d’action de grâce. Cette célébration aura lieu dans la basilique de S. Camille de Rome, présidée par l’Archevêque de Ouagadougou, Mgr Prosper KONTIEBO le 16 mars à 18h.
Enfin après l’ouverture, on invite les fidèles à invoquer l’intercession du Serviteur de Dieu AlexandreToé. Surtout les souffrants de toutes confessions religieuses. Il est passé par cette route alors il saura à son tour les présenter au Christ médecin des corps et des âmes. Une prière a été composée à cet effet (ci-dessous).
Pouvez-vous nous expliquer les différentes étapes de ce processus ?
Après les deux premières étapes évoquées précédemment :
la troisième étape est la décision pontificale : Cette étape concerne le Pape seul. A lui de statuer sur la béatification ou la canonisation en se basant évidemment sur les étapes précédentes ou autres éléments en sa possession. Cette décision est rendue publique lors d’un Consistoire.
La quatrième étape est l’attribution du titre de « Vénérable, Bienheureux et Saint » : le serviteur de Dieu distingué par un décret reconnaissant l’héroïcité de ses vertus est dénommé « Vénérable ». Et généralement un Serviteur de Dieu « Vénérable » auquel est attribué un miracle pourra être proclamé « Bienheureux » par le Pape et pour canoniser « Saint », un second miracle attribué à l’intercession de ce Bienheureux sera attendu.
Combien de temps cela peut-il prendre ?
Le processus jusqu’à la canonisation n’a pas un délai établi. Il peut durer moins de 20 ans… comme il peut durer un siècle ou plusieurs siècles. La qualité et l’authenticité des témoignages et miracle (s) obtenus, pourraient accélérer ou pas le processus !
Qu’est-ce qui est attendu des fidèles chrétiens ?
Il est proposé aux fidèles de demander souvent l’intercession du Père Alexandre TOÉ par des actes de charité envers les malades et une prière fervente avec invocation du Père TOÉ. Une prière déjà composée pourrait alimenter leurs invocations comme je l’ai dit plus haut.
Pouvez-vous nous parler d’Alexandre TOE ? Qui est-il ? Quel a été son parcours ?
Le serviteur de Dieu Alexandre TOÉ est né le 2 décembre 1967 à Boromo (Burkina Faso) de Samuel TOÉ et de Judith PARÉ et baptisé le 25 décembre 1967.
De père enseignant, il connut différentes localités du Burkina : école primaire à Ziga (Ouahigouya) en 1973, ensuite Koudougou premier cycle et Ouagadougou second cycle où il obtient le baccalauréat au Lycée Philippe Zinda Kaboré en 1987.
Ses parents lui ont servi de modèles et dès son plus jeune âge, il regardait avec bienveillance les pauvres et les démunis. Intelligent et sympathique à la fois, il avait d’excellents résultats à l’école et était toujours prêt à aider ses camarades en difficulté. Il était considéré comme un garçon modèle.
Le choix vocationnel : Au cours de sa troisième année de lycée, il commença à considérer sérieusement l’appel du Seigneur, notamment la vie religieuse camillienne.
Ainsi il fut accueilli dans la communauté du Scolasticat St Camille de Ouagadougou le 12 août 1987 :
Première profession le 8 septembre 1991. Cependant la poursuite de ses études a lieu en Italie pour raison de santé. En effet le P. Alexandre avait ressenti les premières manifestations d’une hépatite en 1990-1991. Pour un traitement plus efficace, ses supérieurs ont opté pour son transfert en Italie.
Profession perpétuelle en 1994.
Diaconat le 15 janvier 1995.
1° juillet 1995 ordination sacerdotale.
L’idéal qui habitait Alexandre depuis son entrée au séminaire était de devenir un « saint » : « Je suis irrévocablement à toi ; je te suivrai, je marcherai vers toi malgré les vents et les marées, avec mes faiblesses et ma misère car c’est toi qui m’as appelé et tu m’attends toujours » (cf son Journal spirituel, 18 janvier 1995).
Il quitta définitivement cette terre le 9 décembre 1996 dans la ville de Rome.
Y a-t-il d’autres processus de béatification concernant des Burkinabè ?
Je crois que le secrétariat de la Conférence Episcopale est mieux placé pour répondre à cette question. A ma connaissance, la Cause de notre patriarche Alfred Diban KY ZERBO est aussi lancée depuis 1995. Il y a aussi les Vénérés Mémoires Cardinal Paul ZOUNGRANA et Monseigneur Dieudonné YOUGBARE.
N’oublions pas qu’il existe aussi des saints et saintes anonymes dans nos villes et villages (Lumen gentium chapitre V. num 40).
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