Adama Siguiré est toujours à la barre pour s’expliquer, au sujet des faits qu’on lui reproche dans le cadre de son affaire qui l’oppose à la Confédération générale du travail du Burkina (CGT-B). Après s’être expliqué sur les généralités avec le Tribunal, c’est au tour des avocats de lui adresser des questions quant à ce qui lui est reproché. A pris la parole en premier, Me Prosper Farama. Avec lui, les échanges sont très houleux et à chacune de ses questions, le prévenu insiste sur le fait que son raisonnement est logique et cartésien.
Dans ses écrits, l’écrivain Adama Siguiré qui clame haut et fort être logique, cartésien dans son raisonnement, a affirmé que la CGT-B a reçu un financement de la part de l’impérialisme pour déstabiliser la transition. Me Farama, conseil de la partie civile a souhaité que le prévenu donne les détails en la matière, mais aussi, qu’il apporte la preuve de cette affirmation. "J’ai dit ici que Ibrahim Maïga a dit qu’il était présent lorsque Moussa Diallo recevait sa cagnotte. C’est clair et c’est vérifiable. Et c’est en me basant sur ça que j’ai déduit que la CGT-B était contre le retour de la paix parce que l’impérialisme aussi est contre. Et s’ils sont arrivés à organiser un meeting, c’est qu’il y a eu un financement derrière. Qui a donné ce financement si ce n’est pas l’impérialisme. Moi je ne crois pas au fait qu’en période de guerre, quelqu’un puisse être neutre. Personne n’est neutre. Et la CGT-B ne fait rien pour rien, comme vous Me Farama ne faites rien pour rien !" a pesté le prévenu.
Toujours dans le cadre de ses déclarations, Adama Siguiré a publié ceci : "Hier soir, un membre de la CGT-B m’a dit que la CGT-B était en conclave avec l’impérialisme." Cet écrit vient de vous et je suppose que c’est une affirmation. Pouvez-vous nous fournir la preuve qu’elle était bel et bien en contact avec les impérialistes ?. "Oui, c’est une affirmation. Mais on n’est pas au procès de la personne qui m’a appelé pour me dire ça. Laissez quand il va venir ici, vous allez lui demander ce que vous voulez. Mais pour l’instant, c’est mon procès. Et je dis que l’affirmation est partie d’une logique cartésienne. L’impérialisme est contre le retour de la paix. Si la CGT-B est en conclave avec l’impérialisme, alors elle est contre le retour de la paix, contre les autorités et elle a même posé des actes qui le prouvent. En raisonnant par analogie, si vous, Me Farama, dites que vous êtes contre moi et que quelqu’un vient me dire, Adama, fais attention parce que Me Farama veut te faire du mal, alors c’est vrai. Pourquoi ? Parce qu’un ennemi fait du mal. Ce sont des déductions logiques, découlant d’une démonstration cartésienne. On peut ne pas comprendre, tant pis" a conclu le prévenu.
Pour Me Farama, la déduction faite par le prévenu est sans queue ni tête car, non seulement il ne donne pas les preuves de ce qu’il avance. Pire encore, il persiste dans l’erreur. "En droit, quand vous affirmez quelque chose, cette affirmation n’est pas la preuve de son contenu. Vous dites que quelqu’un vous a dit. On vous dit de dire le nom de cette personne, mais vous n’y arrivez pas. Si quelqu’un proche de vous vient me dire que vous êtes auteur d’un acte de viol, est ce que pour la simple raison qu’il est proche de vous, je dois croire en ce qu’il dit ?"
A cette question, le prévenu répondra toujours en vociférant comme au départ : "Me, vous avez un problème. Vous ne comprenez pas et c’est mieux que vous restiez dans votre domaine. C’est de la logique ! Ce n’est pas donné à tout le monde !"
Pour l’heure, les conseils du prévenu ont demandé une suspension d’audience pour calmer leur prévenu qui, visiblement, est très agité. L’audience reprendra d’un moment à l’autre.
Erwan Compaoré
Lefaso.net
