Actualités :: Burkina/Cinéma : Salif Bobodiouf, itinéraire d’un animateur de radio devenu (...)

« Les Bobodiouf » est une série qui aura marqué l’esprit des téléspectateurs africains et particulièrement les Burkinabè. Au point que certains les réclament sur les écrans. Après la série, ils sont nombreux ces acteurs qu’on ne retrouve plus sur les scènes et les écrans. Parmi eux, il y a ceux qui poursuivent leur vie quotidienne. Focus sur Adama Damus Tiendrébéogo dit Salif Bobodiouf, plus de vingt ans après la série.

Adama Damus Tiendrébéogo est celui-là même qui a incarné le rôle de Salif dans Les Bobodiouf. Dans cette série, il était le mari infidèle de Oumou Bobodiouf. Ce rôle de coureur de jupon qu’il a su jouer à la perfection. Que devient-il après la série Bobodiouf ? Salif Bobodiouf est un célèbre animateur radio et un maître de cérémonie adulé dans la ville de Bobo-Dioulasso. « Avant que Salif ne soit Salif dans les Bobodiouf, il est d’abord un animateur à radio Bobo. Bobodiouf est venu à un moment où on ne s’y attendait pas. Donc je continue d’être animateur et je suis toujours en service à la RTB à Bobo-Dioulasso », a-t-il confié.

Tout comme certains acteurs de la série, Salif intègre Les Bobodiouf grâce à sa première participation dans la série Au royaume d’Abou. « Mon intégration a été un hasard. Souké est mon petit frère et un jour, je suis levé allé le voir sur le plateau de tournage, pour voir comment il travaille. A l’époque, ils étaient en tournage de la série Au royaume d’Abou. J’arrive sur le plateau, tout le monde est fâché parce qu’un acteur n’était pas venu et le tournage était bloqué. Puis Souké dit au réalisateur, qui était Patrick Martinet, que son grand frère peut jouer le rôle. Il a tellement insisté que le patron m’a laissé tourner. En fin de compte, le réalisateur a apprécié mon jeu et il m’a félicité », a-t-il expliqué.

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Avant de poursuivre : « Après cela, un jour je passais devant un hôtel et je vois toute l’équipe au complet, prête à aller en tournage. Je m’arrête encore pour les saluer et là Patrick me dit qu’il a une idée en tête pour une nouvelle série et qu’il allait tenir compte de moi. Je ne m’attendais pas à quelque chose de grandiose. Puis il revient avec un scénario de la série Bobodiouf et je suis acteur principal ».

A en croire Salif Bobodiouf, le réalisateur a voulu que cette série soit une comédie et c’est ce qui a amené les acteurs à apporter leurs touches personnelles notamment avec les petits mots en dioula pour apporter un plus à la série. Contrairement à beaucoup d’acteurs de la série, Salif est celui-là qui n’avait jamais suivi une formation en jeu d’acteur. « Je n’étais pas acteur à la base. Certes, j’ai regardé du théâtre, beaucoup de films africains, mais je n’avais jamais suivi de formation. J’étais juste allé sur le plateau ce jour-là pour voir mon petit frère jouer et l’encourager et c’est de là que tout est parti », a fait savoir Adama Damus Tiendrébéogo.

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Pour lui, le succès de la série a été au-delà des attentes. « Au départ, on se moquait même du réalisateur parce qu’on pensait qu’il était fou. Je ne m’attendais pas du tout à un tel succès. Lorsqu’on finit de faire la première saison, le patron envoie ça à CFI. Et un jour on nous appelle pour dire de suivre TV5. Le soir effectivement je vois le générique de la série. Tout ça était bizarre, le fait de me voir à la télé et d’entendre ma voix ; j’étais un peu bizarre (rire). Puis après, c’est la télévision nationale qui diffuse. A l’époque, à partir de 19h, on ne pouvait pas voir les gens au dehors. Tout le monde était accroché à son poste et lorsqu’on sortait dans la rue, c’était grave. C’est là qu’on a compris l’enjeu de la série. Nous avons été sollicités un peu partout dans le monde, nous avons visité beaucoup de pays et c’était fantastique.

Adama Damus Tiendrébéogo déplore les mauvaises conditions de vie des acteurs de cinéma

Franchement, on ne s’attendait pas à ça », s’est réjoui Adama Damus Tiendrébéogo.
A la question de savoir si le personnage de Salif reflétait sa personnalité, il répondra par la négation. Pour lui, ce n’était qu’un rôle dans la série. « En réalité les gens pensent que je suis un coureur de jupons, un homme à femmes. Ça fait que lorsque je suis avec des gens et une belle femme passe, tout le monde se retourne pour me regarder. Ils veulent voir comment je vais regarder cette femme. C’est vrai que ce rôle m’a rendu célèbre, mais il faut reconnaître que je ne suis pas comme ça dans la réalité. Je ne dis pas pour autant que je n’aime pas les femmes. La femme est source de galvanisation (rire) », a-t-il indiqué.

Au-delà de la série, Salif dit garder de bons rapports avec les acteurs de la série. Pour lui, les Bobodiouf c’est plus qu’une famille aujourd’hui. « Nous sommes en contact permanemment puisque nous avons de petits projets ensemble. Lorsqu’un acteur a un souci ou un évènement heureux, tout le monde est là », a-t-il confié. Avant de justifier son absence sur la scène qui semble être un choix personnel. « Il faut reconnaître qu’après les Bobodiouf, nous avons été coupés dans notre élan. Puisqu’après l’envolée réelle de la série, nous avons eu quelques soucis avec le réalisateur. Malgré cela, nous avons pu réaliser d’autres épisodes ensemble. Après le décès du réalisateur, l’équipe est restée ensemble et nous avons fait des sketchs de sensibilisation pendant la crise de covid-19, mais aussi sur la salubrité. Nous avons eu à faire trois épisodes de « Cocotte-minute » ensemble qui est une idée de Gervais Nombré. Mais nous avons un projet d’une longue durée qui est en préparation », a-t-il annoncé.

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Il reste convaincu que c’est ensemble, avec tous les acteurs, qu’ils pourront réaliser de grandes choses. « Nous sommes en écriture d’histoires et ensemble, nous allons soulever des montages », s’est-il convaincu.

Toutefois, il déplore les mauvaises conditions de vie des artistes au Burkina Faso, tout en invitant les autorités du pays à prendre à bras le corps la problématique. « Il faut reconnaître que nos devanciers ont fait la promotion du travail bien fait mais n’ont jamais eu l’idée de faire la promotion du salaire. Cela a engendré beaucoup de difficultés parce que lorsqu’on travaille et on n’est pas bien payé, à un certain moment si on ne devient pas un voleur, on devient paresseux. Dans le domaine, nous avons de grands devanciers et aujourd’hui si vous voyez la vie qu’ils mènent, ça laisse à désirer », a déploré Salif Bobodiouf.

Une situation qui, selon lui, continue aujourd’hui car il estime que le milieu n’est pas valorisé et que les artistes ne sont pas bien rémunérés. « Je vois des acteurs qui tournent dans des films gratuitement parce qu’ils ont envie de se faire connaître. Il faut la création d’un cadre de promotion des acteurs du cinéma parce que le FESPACO fait la promotion du cinéma mais pas des acteurs du cinéma. Il faut aussi que les autorités regardent nos conditions de vie pour nous faciliter certaines choses », a-t-il dit.

Pour la jeune génération qui souhaiterait faire carrière dans le cinéma, Adama Tiendrébéogo l’invite à foncer. « Moi je suis arrivé dans le milieu comme ça et je ne dis pas que je suis financièrement nanti mais je suis bien respecté. Les gens m’aiment et lorsque je vais dans des endroits cela facilite des entrées parce que je suis Salif Bobodiouf. J’invite les jeunes qui veulent faire carrière dans le cinéma à foncer. Mais qu’ils sachent que ce n’est pas tout de suite qu’ils vont avoir l’argent. C’est un domaine qui sera porteur demain et ils pourront tirer leur épingle du jeu », a-t-il suggéré. Tout en invitant « les Burkinabè à croire à la valeur endogène et locale ».

Romuald Dofini
Lefaso.net

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