Actualités :: Burkina : Les médias sont puissants mais ils ne peuvent pas tout, pas de (...)

Le président de la transition aime parler à ses compatriotes peut-être un peu trop à notre goût. Un message enregistré a été publié par la RTB à la fin du mois d’août 2023 où les médias sont pris à parti. Ces messages obsessionnels contre les médias font craindre une peur qu’a le pouvoir pour les hommes qui posent des questions, qui interrogent leur société et le monde pour emmener les dirigeants à être meilleurs, à prendre de bonnes décisions.

Un président a beaucoup de soutiens. Parmi ces soutiens, il y a ceux qui applaudissent qui crient des slogans, qui marchent, qui veillent. Eux ils lui offrent l’effort physique. Et c’est bien. Il y a d’autres soutiens qui sont autant sur la brèche, prêts à se poser des questions, et à les poser à l’autorité, à rechercher des solutions pour que du choc des idées jaillissent les solutions transformatrices pour le pays. Ceux-là offrent leurs têtes, leurs cerveaux qui pensent. Les intellectuels, les journalistes etc. sont de ceux-là. Un pays pour avancer, résoudre ses contraintes a besoin des deux catégories de soutien.

Si le pays veut marcher sans l’une ou l’autre des deux catégories, il ne marche pas dans les deux sens du mot, ce n’est pas un bipède, il dandine, boite, sautille. C’est une démarche disgracieuse, inélégante, désordonnée. Ce n’est pas l’idéal pour un pays que d’être dans la cacophonie et la mésentente permanente. Que les autorités d’un pays, au lieu de prêcher l’amour et l’entente, se mettent à faire la guerre à leurs citoyens pour des idées ou des mots qui déplaisent, celles-ci se détournent de l’essentiel et du seul combat qui vaille la peine d’être mené, celui contre ceux qui ont pris les armes contre le pays et cherchent à nous le retirer. Le succès ne vient pas en se créant des ennemis, en repoussant les autres. Il faut chercher à collaborer avec tous, à coopérer avec même ceux qui ne partagent pas nos idées.

Le pouvoir doit donner une image d’autodiscipline, de maîtrise et de contrôle. La maîtrise de soi n’est pas facile. Et pourtant c’est quand on est maître de soi, de ses ressentis, que l’on peut contrôler les situations complexes que l’on affronte. La sagesse populaire dit que le silence est un chemin d’or, car c’est un temps de recueillement, de réflexion, de préparation de la parole pour qu’une fois dite, elle soit encore en nos mains, pas envolée, mais en notre contrôle, liée à nous et nous à elle en ce sens que nous devrons agir selon notre parole.

Du bon usage de la communication

Y avait-il urgence à faire parler le président de la transition à un mois d’un rendez-vous incontournable avec le Burkina lors du premier anniversaire de son accession au pouvoir ? Pourquoi faut-il parler tant ? Cette illusion de la toute-puissance de la communication qui agirait comme une injection hypodermique sur les patients et produirait les effets voulus n’est pas scientifique.

Les médias sont utiles et puissants mais les hommes de confiance ont le dernier mot en ce qui concerne les opinions médiatiques. Et oui, les auditeurs et téléspectateurs échangent sur ce qu’ils ont vu et entendu, communiquent entre eux avec des arguments et se font une opinion définitive. Les théories sur la démoralisation des soldats par les médias n’ont jamais été étayées. Comment des soldats et Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) tous engagés volontaires, peuvent êtres découragés par des propos de personnes qu’ils ne connaissent pas sur leur choix de vie et de ce pour quoi leur vie a un sens et qui mérite qu’ils meurent pour lui ? Cette conception est une insulte à leur intelligence, leur conviction.

Les seules personnes influençables par les médias et l’argent sont les personnes vénales en tout genre qui prolifèrent dans le pays, les entrepreneurs politiques.

Faire confiance aux hommes, c’est faire confiance en leur esprit critique. Leur capacité intrinsèque à s’interroger sur la valeur, la crédibilité, la fiabilité des affirmations qu’ils entendent. Si on aime ses compatriotes et on croit en leurs capacités de discernement, on les laisse faire leurs choix et on respecte ces choix et le pluralisme des opinions. Car en matière de politique et des options de gestion de l’Etat, c’est la liberté de penser et d’opiner.

La libre expression et la liberté d’opinion concernant ces questions aident les dirigeants à avoir un grand angle de vues et d’opinions. Avoir l’esprit large aide à la décision. Le contexte d’insécurité de notre pays et le fait que nous ayons été incapables pendant toutes ces années montrent que nous ne nous sommes pas assez concentrés sur le problème et nous manquons de vision panoramique du problème.

Nous avons beaucoup utilisé la stratégie du bouc émissaire, en rejetant la faute sur les autres, les étrangers, sans jamais nous remettre en question. On a ainsi tour à tour accusé l’ancien régime, chaque pouvoir accusant le pouvoir précédent. Nous avons chassé la force française Sabre, et nous avons bien fait car elle ne nous aidait pas, elle a quitté le pays.

Le monde n’est pas contre nous, c’est notre responsabilité de défendre notre pays, de lutter contre le terrorisme. Si nous n’y arrivons pas c’est notre faute. Concentrons-nous et étudions ce que nous avons fait et voyons ce qui a été bien fait et ce qui l’a moins été. Qu’est ce qui marche et qu’est ce qui ne marche pas ?

Le MPSR2 fera bientôt son bilan d’un an d’action et nous exposera où nous en sommes.

Donnons une leçon de courage en sauvant notre pays, notre humanité et notre union. C’est face aux difficultés, comment ils les vivent, les affrontent et les surmontent, qu’on reconnaît les peuples résilients.

Sana Guy
Lefaso.net

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