Actualités :: Affaire des 50 millions aux commerçants : retour sur "un dossier (...)

L’organisation nationale des commerçants du Burkina (ONACOM-B) est enfin sortie de sa réserve le 11 octobre 2005, pour donner sa version des faits sur les 50 millions du chef de l’Etat que ses deux responsables (Ousmane Tapsoba et Moussa Dabo) auraient dissipés.

Pour l’Onacom, cette affaire n’est qu’une "cabale" organisée contre elle avec pour personnages principaux, le richissime Oumarou Kanazoé, l’ opérateur économique Tintin Ilboudo et le commissariat de police de Ouaga 2000. C’est à partir du commissariat de Ouaga 2000 qu’il dirige que les deux prévenus ont été déférés à la Maco.

La déclaration liminaire des commerçants a débuté en ces termes "depuis septembre 2005, deux de nos camarades , Ousmane Tapsoba et Moussa Dabo, font l’objet d’une détention arbitraire à la maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou. Alors que nous sommes dans un Etat de droit démocratique, ces responsables de l’organisation nationale des commerçants du Burkina sont aujourd’hui victimes d’une véritable cabale dont les origines remontent à l’année 1999."

Les deux responsables sont accusés d’avoir détourné les 50 millions reçus des mains de El Hadj Oumarou Kanazoé. Pour l’ Onacom, l’argent a été remis à leurs responsables par Oumarou Kanazoé de la part du président du Faso. Ce geste du chef de l’Etat a un lien, selon les conférenciers, avec le mouvement du collectif des commerçants qui a organisé un débrayage pour protester contre la concurrence déloyale des syro-libanais autour du commerce du gros, demi- gros et détails.

C’est ainsi que Moussa Dabo sera convoqué chez Kanazoé qui lui aurait proposé les 50 millions en présence de Alizèta Ouédraogo(Gando). Dabo aurait refusé de prendre l’argent, prétextant que l’essentiel pour eux était de " trouver une solution satisfaisante au différend qui oppose l’ensemble des commerçants à la communauté syro-libanaise". Ce serait donc après 18 mois et trois rencontres que Moussa Dabo et Ousmane Tapsoba ont accepté de prendre l’argent, à condition qu’il ne serve que les intérêts des commerçants. C’était en avril 2002 .

Qui a donné l’argent et pourquoi ?

Selon l’Onacom, l’argent vient du président du Faso et Kanazoé, et les autres n’étaient que des intermédiaires. Pour elle, et en référence au procès-verbal du 30 août 2005," cette somme a été donnée par le chef de l’Etat afin de soutenir l’activité syndicale d’une part" et compatir aux difficultés de tous ordres rencontrées par les commerçants, d’autre part. Toujours selon le procès- verbal, l’utilisation de la somme devait servir à la création d’une structure nationale de commerçants, l’acquisition d’un siège, d’un moyen de transport, d’équipement de bureau et la constitution d’un fonds de roulement. La remise de l’argent a eu lieu avant l’incendie du marché selon les conférenciers.

Qui a porté plainte et pourquoi ?

Les conférenciers de l’Onacom ont dégagé la responsabilité du chef de l’Etat dans la "cabale" qui est organisée contre eux. Ils ont donné deux explications. L’Onacom dérangerait certaines personnes, selon son secrétaire général Jean- Pierre Yaméogo. Il a récusé le fait qu’on ait voulu taxer son organisation de proche de l’opposition et a insisté sur son caractère corporatiste et apolitique.

Alors que l’Onacom tentait d’organiser une assemblée générale autour de la situation de Rood Woko après l’incendie, "un coup de théâtre" se produisit. Kanazoé avait fait convoquer le comité d’organisation pour demander d’annuler la rencontre : " Moussa Dabo est convoqué à 22 heures chez le gouverneur de la région du Centre. A son arrivée , El hadj Kanazoé s’y trouvait déjà et le message reste le même : il faut annuler l’AG du 13 mars", et L’Onacom de conclure : "C’est dans cette atmosphère que fut déclenchée cette affaire de 50 millions". La capacité de mobilisation de l’organisation dérangeait le milieu ...

La seconde explication est qu’on a voulu se débarrasser d’un leader qui avait l’intention de siéger à la Chambre consulaire. Le scénario qui a cours depuis le 1er septembre viserait donc à casser l’Onacom et ses responsables. Le 30 août 2005, les patrons de l’Onacom tiennent une réunion dans l’enceinte du commissariat de police de Ouaga 2000, et selon le secrétaire général adjoint, c’est le commissaire Sondo qui aurait rédigé le brouillon du procès-verbal.

Le lendemain, Moussa Dabo et Ousmane Tapsoba sont déférés à la Maco pour avoir détourné de l’argent destiné aux commerçants. Le dossier est passé en audience mais a été renvoyé en instruction. Entre-temps des associations de commerçants se sont constituées partie civile dans l’affaire. Les prévenus, eux, se sont attachés les conseils d’avocats tels que Me Farama, Me Sankara et Me Sagnon.

Répondant aux questions de la presse, les responsables de l’Onacom ont réaffirmé que les 50 millions se trouvent en lieu sûr. Ils soutiennent que Ousmane Tapsoba et Moussa Dabo ont été enlevés de leur domicile par des hommes en civil sans convocation de la police et mis au secret pendant 48 heures. Le rôle du commissaire de Ouaga 2000 dans cette affaire a été critiqué, ainsi que celui de Tintin Ilboudo, un opérateur économique de la place qui voulait sa part du gâteau, en vain . Cependant, le bureau de l’Onacom dit faire confiance à la justice. Il estime que le dossier est vide et ne comprend toujours pas pourquoi les deux responsables sont toujours détenus à la Maco.

Par Abdoulaye TAO
Le Pays

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