Actualités :: Classe politique burkinabè : Compromissions chèrement payées

Blaise Compaoré sera donc candidat à sa propre succession le 13 novembre prochain. On attendait qu’il le confirme de sa propre bouche, il l’a fait le 10 août dernier. Rien donc, pas même les récriminations de l’opposition, l’activisme du CODECO ou les théories de certains juristes, n’ont fait plier Blaise Compaoré et lui faire renoncer à postuler pour un nouveau bail avec le pouvoir.

En fait d’opposition à la candidature du président sortant, on ne peut retenir que des actions timides et désordonnées, qui n’ont jamais ébranlé le camp présidentiel. A tel point que l’on se demande si les protestations véhiculées surtout par Alternance 2005 ne sont pas que de pure forme. Comme, juste pour une question de principe. Car cette opposition ne semble pas avoir utilisé toutes les armes que lui confère la Constitution pour faire valoir ses arguments.

De sorte que la population s’est pratiquement désintéressée de la question, sans doute préoccupée par son existence quotidienne et aussi déçue de cette opposition qui n’est pas aussi insoupçonnable qu’elle le prétend. Mais il faut dire que la position de Halidou Ouédraogo, éminent juriste, intrépide défenseur des droits de l’homme et activiste de la société civile, a beaucoup pesé dans la balance. Bien qu’ayant farouchement combattu certaines pratiques du régime, dans le cadre du Collectif, il n’est pas juridiquement contre une candidature de Blaise Compaoré, mettant du coup ses anciens alliés dans une situation délicate et fragile.

Et depuis, la voix des partisans de la rétroactivité de l’article 37 n’a jamais dépassé les salles de conférences et officines privées. Quand certains se sont avisés de porter le débat dans la rue, avec le CODECO, l’expérience a tourné court. Tout porte à croire que l’opposition veut d’une chose et de son contraire : le départ de Blaise Compaoré sans livrer bataille.

C’est incroyable qu’une opposition donne une impression de naïveté à tel point qu’elle attende que le pouvoir lui tombe, comme un fruit mûr, entre les mains. On a tendance à croire que Blaise Compaoré tient, quelque part, tous ceux qui s’agitent et qui n’osent engager des actions pouvant donner des insomnies au pouvoir. Blaise Compaoré, après 18 ans de règne, peut donc tranquillement briguer deux autres mandats de 5 ans. En principe, quand la classe politique fait faillite et que les institutions sont suspectes, il appartient au peuple d’arbitrer le jeu.

Et la présidentielle apparaît comme une occasion pour lui de trancher le débat, en disant si oui ou non il est lassé de Blaise Compaoré. Mais au-delà des anomalies souvent constatées dans l’organisation des scrutins , c’est la notion même de peuple qui pose problème. Avons-nous un peuple d’électeurs conscients de son rôle dans le choix des dirigeants de ce pays ? On peut en douter, quand on observe la grande ignorance de bon nombre de Burkinabè qui, une fois devant le bureau de vote, ne savent même pas comment procéder et pour qui voter.

La très imagée expression de "bétail électoral", bien que méprisante, n’est pas une vue de l’esprit. La notion de peuple, en Afrique, est vide de sens. C’est toute la problématique du charme et de la sincérité de la démocratie qui est ainsi, posée. La qualité du jeu démocratique prend un grand coup, avec ces dirigeants inamovibles, ces peuples majoritairement analphabètes et sans pouvoir, ces oppositions timorées et ces sociétés civiles balbutiantes.

En réalité, le tout n’est pas d’avoir des contre-pouvoirs actifs. Encore faut-il que les dirigeants au pouvoir veuillent l’alternance, comme l’a fait Mathieu Kérékou. Mais combien sont-ils vraiment des démocrates parmi ceux qui nous gouvernent ? La démocratie, en Afrique, dépend d’abord de la bonne volonté du président en exercice. Sans son feu vert , le peuple n’y peut rien. Il sera instrumentalisé, comme l’a fait Idriss Déby au Tchad, qui a organisé un référendum pour pérenniser son pouvoir.

En définitive, on a l’impression que la candidature de Blaise Compaoré met tout le monde d’accord. Nombre d’opposants se sont discrédités à telle enseigne qu’aux yeux de certains Burkinabè, le président sortant peut apparaître comme le moindre mal. La faiblesse de la réaction des opposants dits radicaux est, en tout cas, à la mesure de leur dépit, eux qui laissent Blaise Compaoré avec le "tribunal de l’histoire". Petite consolation morale, qui n’empêchera pas M. Compaoré de briguer un, voire deux mandats. Comme quoi, en politique, on paye sa compromission et ses errements d’un jour toute sa vie, comme le sont aujourd’hui certains opposants burkinabè.

Le Pays

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