Actualités :: Fête de l’Indépendance : Le chemin de croix
Maurice Yaméogo

Le 5 août 2005, notre pays fêtera sa 45e année d’indépendance. Acquise donc le 5 août 1960 celle-ci a ouvert la voie à la recherche d’un modèle de développement harmonieux. Cela a été une rude épreuve pour les Burkinabè.

En 1958, la nouvelle constitution française qui accordait l’autonomie complète fut approuvée par 99,1% des votants en Haute-Volta : le projet reçut l’appui du RDA. De fait, le Burkina Faso autrefois appelé la Haute-Volta accéda à l’Indépendance le 5 août 1960. Maurice YAMEOGO, chef de gouvernement après le décès de Ouézzin COULIBALY, devint le premier président de la République.

Depuis lors, la vie politique du pays a été marquée par plusieurs coups d’Etat militaires. Le premier, le 03 janvier 1966 a été qualifié de soulèvement populaire et a porté le lieutenant-colonel Sangoulé LAMIZANA à la tête de l’Etat pour une durée de 14 ans (1966-1980). Il mit en œuvre un programme d’austérité économique, mais, malgré plusieurs constitutions et la restauration du régime parlementaire qui ont conduit à la IIe et IIIe République, le pouvoir resta entre les mains de l’armée.

En 1980, LAMIZANA fut renversé le 25 novembre par le colonel Saye ZERBO, lui-même démis par le commandant Jean-Baptiste OUEDRAOGO le 7 novembre 1982 sous le CSP (Conseil de salut du peuple). Le 4 août 1983, le capitaine Thomas SANKARA et un groupe d’officiers sous la coupe du CNR (Conseil national de la Révolution), prirent le pouvoir et installèrent un régime révolutionnaire. Celui-ci adopta le nom de Burkina Faso.

La marche vers la IVe République

Le CNR s’est certes illustré dans sa tentative de moralisation de la vie publique en instaurant une gestion plus rigoureuse de la chose publique grâce à la tenue des TPR (Tribunaux populaires de la révolution). Mais de nombreuses exactions ont fini par ternir son image. Cela a donc créé des contradictions et le 15 octobre 1987, un coup d’Etat opéré par des officiers se réclamant du Front populaire porte Blaise COMPAORE au pouvoir qui affiche ses ambitions d’un retour à la vie constitutionnelle en prônant le Mouvement de la rectification.

Le 02 juin 1991 en effet, une nouvelle constitution est adoptée par référendum. Ainsi naquit la IVe République. La démocratie devient de jour en jour une réalité au Burkina Faso. Il n’y a pas longtemps, cependant, en raison du statut militaire des acteurs politiques, le retour à une vie constitutionnelle démocratique après les régimes d’exception des années 1980 était accueilli avec beaucoup de scepticisme par de nombreux Burkinabè.

Aujourd’hui, la volonté politique des dirigeants d’asseoir une véritable culture démocratique, après un peu plus d’une décennie d’exercice, a eu raison des plus sceptiques. La restauration de la démocratie au Burkina en 1991 a en effet permis au pays de se doter progressivement d’institutions crédibles qui fonctionnent normalement. Les nombreuses réformes qui ont été entreprises au cours de toutes ces périodes ont permis de consolider ces institutions et d’ancrer davantage le processus démocratique. La séparation des pouvoirs par la Constitution est une réalité. La justice affiche chaque jour davantage son indépendance. Des dossiers qui portent atteinte à la sûreté de l’Etat, autrefois laissés à la seule discrétion de l’exécutif, font aujourd’hui l’objet de procès judiciaires.

Au-delà du fait que les Burkinabè assistent de façon consécutive, pour la première fois dans leur histoire politique, à trois quinquennats de législature, les autorités viennent de prouver leur volonté de renforcer la démocratie en 2004 après la tentative échouée d’un coup d’Etat. En effet, le procès des 13 accusés du coup d’Etat au mois de mars 2004 reste historique dans l’évolution sociopolitique du Burkina Faso. Pour la première fois, des putschistes sont renvoyés devant une juridiction et un procès public est intenté pour statuer sur leur culpabilité.

Ce fut en présence de la société civile, des journalistes, d’une grande foule d’observateurs mûs par la singularité de l’événement, que le tribunal, en toute indépendance, a proclamé son verdict : sept condamnés, dix relaxés. L’impact de ce verdict sur la conscience collective est sans équivoque. Il marque un tournant décisif dans l’enracinement de la démocratie burkinabè. De l’avis de nombreux observateurs, ce procès confirme une fois de plus la consécration des urnes comme étant la seule voie d’accès au pouvoir dans le « pays des Hommes intègres ».

La lutte contre la pauvreté, le défi perpétuel
Les mutations socioéconomiques et culturelles depuis quelques années au Burkina ont entraîné une fracture sociale si profonde que les réponses apportées par les politiques sociales semblent dérisoires face à l’ampleur de la pauvreté.

La préoccupation majeure des populations au Burkina Faso, comme dans les autres pays au Sud du Sahara reste encore depuis les indépendances malheureusement, au stade de l’autosuffisance alimentaire, de la santé et de l’éducation. Devant la pauvreté grandissante les autorités ont organisé en novembre 2003 le mois de la solidarité nationale pour rappeler à la conscience de chaque Burkinabè les valeurs traditionnelles de solidarité communautaire et de partage.

Cette initiative, qui est une ébauche de solution endogène à la pauvreté, a permis de recueillir des contributions volontaires en espèces et en nature qui serviront au financement d’actions en faveur des couches défavorisées.

Et pour créer une synergie efficace pour la lutte contre la pauvreté en Afrique, le président du Faso a initié en septembre 2004 à Ouagadougou un « Sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement sur l’emploi et la lutte contre la pauvreté ».

5 août 1960 - 5 août 2005, cela fait 45 ans que le pays s’est défait du joug colonial. Il a aussi derrière lui 14 ans de vie constitutionnelle normale ponctuée par des scrutins qui ont eu le mérite d’installer peu à peu les bases d’une culture démocratique au sein des populations, et surtout de rétablir un climat de confiance et de responsabilités collectivement assumé, entre ces dernières et des politiques qui avaient fini de transformer le pays en un vaste champ de batailles idéologiques et corporatistes.

Par Drissa TRAORE
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