Actualités :: Révocation des maires : L’Exécutif n’outrepasse-t-il pas son rôle (...)

La révocation par le gouvernement, de Marcellin Yaméogo, maire de Koudougou, pour fautes graves de gestion, accompagnée de poursuites judiciaires, fera, une fois encore, jaser bien des citoyens burkinabè, sur la démocratie telle qu’elle est pratiquée au Burkina.

Car, alors que la conquête de la seule mairie du Burkina par l’opposition devrait être à la gloire du pouvoir en place, et la preuve de la vivacité de la démocratie locale, alors que cette municipalité devrait constituer un symbole fort de cette démocratie, voilà que le gouvernement s’y attaque, par la révocation du maire. Dès lors, on n’hésite pas à prêter au pouvoir l’intention de déminer le terrain politique koudougoulais, afin d’aller tranquillement à la conquête de cette frondeuse municipalité, dans le cadre des prochaines consultations locales.

Quoi qu’il en soit, il est manifeste que l’Etat a outrepassé son rôle, en déboulonnant, de son propre chef, le maire, imposant, indirectement, sa loi aux conseillers municipaux élus de la commune.

La révocation d’un maire, élu par les conseillers municipaux, ne devrait-elle pas, en principe, être la pure expression de ces derniers, à travers un vote ? Si ce n’est pas le cas, il y a comme une nécessité à revoir nos textes dans une réelle perspective démocratique.

Le ministère aurait pu engager une procédure judiciaire contre lui, mais pas le destituer aussi cavalièrement et aussi brutalement. Cette procédure du gouvernement est la traduction de la prise en otage du libre choix de l’ électorat à la base. Et puis, pour une ville comme Koudougou, réputée être un bastion du parti d’opposition UNDD (Union nationale pour la démocratie et le développement), le pouvoir ne prend-il pas de graves risques s’il s’avère qu’il n’est pas passé par des procédures rigoureusement légales avant l’acte de destitution ?

A ce qu’on sache, le Conseil municipal ne souffrait pas d’une embolie au point de nécessiter une intervention chirurgicale de la part de l’Administration centrale. Si les Conseils municipaux fonctionnent normalement, pourquoi ne pas alors laisser le Conseil municipal décider ? Ou, à tout le moins, en dire un mot ?

Cette trop forte mainmise de l’Exécutif sur les affaires des collectivités locales pose finalement le problème du fonctionnement de nos jeunes démocraties. Une trop forte implication qui, à l’évidence, fragilise le processus de décentralisation enclenché depuis des années.
Et si cette mesure gouvernementale paraît inadaptée et suscite bien des commentaires, elle résulte, manifestement, d’une mauvaise application de textes comportant intrinsèquement des insuffisances.

Mais, de fait, que dit l’Association des maires du Burkina Faso (AMBF) ? En tout cas, elle ne devrait pas rester passive et devrait pouvoir donner son opinion, à moins que, comme on le subodore, l’affaire n’ait pas des relents politiques.
Au-delà de cette affaire où chaque camp se défend, c’est l’ adversité, voire l’animosité entre deux hommes politiques, Hermann Yaméogo et Blaise Compaoré, qui est mise en évidence.

A tel point que l’hypothèse de règlements de comptes politiques entre les deux amis d’hier, qui se regardent aujourd’hui en chiens de faïence, n’est pas à écarter. Cela dit, pourquoi s’acharner uniquement sur les malversations opérées dans les mairies ? Les hauts-commissariats, les gouvernorats, les préfectures et autres structures décentralisées de l’Etat ne gagneraient-ils pas, eux aussi, à être assainis avec le même zèle et la même célérité, d’autant qu’ils relèvent plus directement des prérogatives du MATD ?

A notre connaissance, aucun des maires, accusés de malversations financières, de Zorgho à Ouahigouya en passant par Ziniaré, n’a, jusqu’à présent, eu droit à un procès pour se défendre. En attendant donc que la justice le blanchisse, en attendant que l’opinion publique soit définitivement située sur l’affaire, c’est son image de l’élu local qui est fortement entachée.
Dans l’intérêt de son honneur, il eût été préférable de travailler rapidement à la manifestation de la vérité.

Le gouvernement affirme, certes, qu’il n’ y pas de chasse aux sorcières et que l’ appartenance politique ne doit exempter aucun maire de poursuites judiciaires s’il a fauté, ajoutant que des maires CDP ont été, eux aussi, révoqués. Mais il reste que les procédures n’ont pas toujours été les mêmes, encore moins les situations. Pour ce qui est des maires CDP révoqués, ce sont parfois des luttes intestines au sein même du parti majoritaire, qui ont abouti à des sanctions après des crises plus ou moins longues.

Les mairies, habituées à renflouer leurs caisses à partir de ressources du foncier, éprouvent souvent des difficultés à se prendre en charge. Elles fonctionnent donc grâce aussi à la contribution financière de l’Etat, le système étant fait de telle sorte qu’il y ait, à dessein, trop de présence de l’Etat. Ce qui conduit donc à une très forte dépendance vis-à-vis de ce pouvoir central. Il est impératif, à la lumière de toutes les dérives de cette mandature finissante, que l’Etat se désengage de plus en plus des collectivités locales. La démocratie, pour autant que nous y tenons sincèrement, y gagnerait.

Le Pays

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