Actualités :: A Bado, Gilbert et Nongma : Ne jetons pas systématiquement la (...)

Laurent Bado qui révèle que l’OBU a reçu trente (30) millions du président du Faso, Gilbert Ouédraogo de l’ADF/RDA qui propose ou qui accepte de soutenir la candidature de Blaise Compaoré et Nongma Ernest Ouédraogo de la CPS qui affirme sans sourciller qu’à ce rythme il va réclamer au chef de l’Etat la part de financement occulte de son parti politique. Pour beaucoup de citoyens, c’est à ne rien comprendre.

Cependant à bien y réfléchir, ces faits reposent des questions fondamentales au nombre desquelles les quelques-unes qui suivent : les valeurs morales que sont l’intégrité et l’éthique sont-elles compatibles avec la démocratie libérale ? Si non quel est leur degré d’incompatibilité ou d’inadéquation ?

Si oui, pourquoi dans nos pays, les choses vont-elles vraiment autrement ? En outre, la démocratie peut-elle s’exercer pleinement dans un environnement socio-économique où les besoins primaires des citoyens sont difficilement satisfaits et où les cadres de l’administration, malgré les hauts diplômes durement acquis, n’ont pas de revenu leur permettant de faire face aux besoins liés à leur couche sociale ?

L’administration publique étant la seule "mine d’or" et pour les militants du parti politique au pouvoir à savoir le CDP et pour les opérateurs économiques, proches des puissants, quelle démocratie, en dépit des professions de foi souvent sincères de nos dirigeants, pouvons-nous construire ?

Enfin dans la mesure où depuis Aristote de la Grèce antique nous savons que la pratique de la vertu présuppose la satisfaction d’un minimum de besoins matériels, y a-t-il lieu de blâmer systématiquement Laurent Bado et autres ?

Mais que l’on se comprenne bien, nous ne prenons pas fait et cause pour ces trois personnalités pas plus que nous n’avons pour intention de justifier leurs attitudes. Nous entreprenons simplement une tentative d’explication de leur comportement, car s’il est compréhensible que des citoyens qui pensaient que ces politiques pourraient proposer une alternative pleine d’espérance s’indignent, il est sage de chercher à comprendre et à expliquer le phénomène.

L’éthique peine à trouver sa place

Comme nous l’avons déjà souligné dans d’autres circonstances, le bien, le vrai, le beau et le juste sont, en dépit de différences d’expression, au fondement des groupes humains. Ne serait-ce que du point de vue du contenant que sont ces mots, ce sont le plus petits communs dénominateurs des êtres humains.

Ils relèvent, pour ce qui est du bien, du juste et du vrai, de l’éthique en tant qu’elle désigne dans notre cas un art ou une pratique ayant pour lui une bonne et heureuse vie. Or il en est à peu près de même de la politique qui est un art et une pratique (noble en principe) de gouverner la cité.

Que donc éthique rime avec démocratie et vice versa n’est que normal. Mais hélas, cela, c’est le principe, la théorie. En fait, bien souvent, les choses se passent autrement, que ce soit aux Etats-Unis, en Europe ou (n’en parlons pas) en Afrique. Quelques raisons à cela :

Il y a chez l’être humain, une tendance presque naturelle de relents égoïstes qui l’amène à tout vouloir pour lui et rien pour les autres : pouvoir, honneurs, richesses matérielles, etc. Cependant pour être dans les bonnes grâces du peuple qui les a élus, bien de dirigeants sont "obligés" de céder un peu pour garder l’essentiel, le pouvoir. En démocratie, cela est courant. Que je me sois appelé Maurice Yaméogo, Sangoulé Aboubacar Lamizana ou que je m’appelle aujourd’hui Blaise Compaoré, c’est la manière et le degré qui varient, jamais le principe.

Maintenant, il se trouve en face de ceux qui ont le pouvoir leurs adversaires, qui espèrent un jour les débouter de là. Malheureusement, ne disposant pas du minimum correspondant à leur niveau d’instruction ou aux exigences des militants de leurs partis, la tentation est grande de céder aux sirènes de ceux qu’ils vouent aux gémonies.

Et comme l’argent et d’autres biens reçus l’ont été du fait qu’ils contrôlent l’appareil d’Etat, personne n’est lésé. Les dons n’appartiennent pas au pouvoir mais en fait à l’Etat ; et ceux qui reçoivent se voient offrir quelque chose qui n’appartient pas au pouvoir actuel mais à l’Etat alors que l’opposition est une composante de cet Etat au sens juridique. C’est donc ok.

Comprendre sans justifier

Partant de cela, il devient aisé de se faire une idée des positions de Laurent Bado, de Gilbert Ouédraogo et de Nongma Ernest Ouédraogo. Certes, le second ne soutient pas Blaise Compaoré en échange d’espèces sonnantes et trébuchantes (en tout cas pas officiellement) mais comme nos concitoyens font de l’accusation facile, il est paru indiqué d’aborder la question sous cet angle.

Par ailleurs, croyez-nous, ce n’est pas facile de faire de l’opposition dans un pays comme le nôtre, c’est-à-dire défier le pouvoir et rentrer se coucher le ventre creux. Malgré les vérités que vous assenez, rien ne change, vous peinez à joindre les deux bouts, votre femme est sans emploi ou est un agent d’exécution à la Fonction publique, vos enfants sont inscrits dans des écoles publiques (connues pour la mauvaise qualité de l’enseignement).

Vos enfants, ainsi, n’auront peut-être pas votre niveau d’instruction avant d’être virés de l’école et c’est une génération sacrifiée qui risque d’engendrer une autre génération de sacrifiés. Avec tout ça, il y a de quoi vendre son âme au diable.

Pourquoi donc créer un parti politique dans ces conditions ? A cette question, on pourrait répondre par une autre : pourquoi ne pas en créer puisque seuls les partis peuvent animer la vie politique du pays ? Point donc de candidats indépendants aux municipales et législatives. Un parti, ça n’est pas une organisation non gouvernementale qui a des partenaires financiers. Ce qui rend la tâche de celle-ci moins difficile.

Il suffit de quelques amis et de quelques coups d’éclat et la notoriété nationale et internationale est faite. Tandis qu’un parti, ça s’impose d’abord à l’intérieur du territoire nationale avant d’avoir une signature internationale. Ces difficultés inhérentes à la gestion des partis sont parmi les raisons qui expliquent le fait qu’en Afrique, les équipes dirigeantes s’accrochent au pouvoir. Déchues, elles peinent à retrouver leur vitalité.

Zoodnoma Kafando
L’Observateur

Burkina : Les magistrats du parquet désormais nommés par (...)
Burkina/Conduite de la transition : Les députés de l’ALT (...)
Burkina : L’ALT examinera une proposition de loi pour (...)
Conseil des ministres : La SONABHY, le BUMIGEB et le (...)
Affaire “Me Guy Hervé Kam” : L’Etat à l’épreuve de sa (...)
Burkina/Situation nationale : Les propositions de Me (...)
Burkina : Me Ambroise Farama dément les accusations (...)
Situation sécuritaire au Centre-Sud : La gouverneure (...)
Burkina : Le leader politique, Amadou Tall, appelle à (...)
Burkina/Projet de loi portant statut de la magistrature (...)
Burkina Faso : « Il n’y aura pas d’élections tant que le (...)
Gestion du fret : Le CBC reçoit les orientations du Chef (...)
Burkina : Quand les pouvoirs peinent à assurer la (...)
Burkina : Colonel Boukaré Zoungrana désormais ambassadeur (...)
Burkina Faso/MPSR2 : L’échéance de la Transition nécessite (...)
Burkina : 500 millions fcfa pour "une communication de (...)
Burkina : Le Parti Panafricain pour le Salut exhorte (...)
Investiture du Président Bassirou Faye : Voici les (...)
Investiture de Bassirou Diomaye Faye : Le Capitaine (...)
Sénégal : Le CDP félicite le nouveau Président Bassirou (...)
Mobilisation générale et de la mise en garde : Le (...)

Pages : 0 | 21 | 42 | 63 | 84 | 105 | 126 | 147 | 168 | ... | 12495


LeFaso.net
LeFaso.net © 2003-2023 LeFaso.net ne saurait être tenu responsable des contenus "articles" provenant des sites externes partenaires.
Droits de reproduction et de diffusion réservés