Après les révélations du professeur Laurent Bado, président du parti pour la Renaissance nationale (PAREN) et candidat de l’opposition burkinabè (OBU) pour l’élection présidentielle du 13 novembre prochain, c’était au tour du Dr Emile Paré, président de l’OBU d’apporter sa version des faits. C’était au cours d’une conférence de presse le vendredi 8 juillet dernier à la Maison de la presse Mohamed Maïga.
L’Opposition burkinabè unie (OBU) traverse une crise sans précédent depuis un certain temps. Si au départ tout semblait tourner autour du choix du candidat de l’OBU à l’élection présidentielle de novembre 2005, cette crise semble aujourd’hui prendre une autre tournure surtout avec les révélations et contre-révelations des leaders de ce regroupement de partis politiques de l’opposition. Le dimanche 03 juillet dernier, le président du Parti pour la renaissance nationale (PAREN) Laurent Bado, un des membres fondateurs de l’OBU s’est investi candidat de ce regroupement. Comme il l’avait promis, le professeur Laurent Bado a fait un déballage avec un certain nombre de révélations. Consigné dans un livret de plus d’une cinquantaine de pages, le discours du professeur Laurent Bado contient un certain nombre de révélations. Il a évoqué dans ce discours la crise qui secoue l’OBU ainsi que son programme de société. En ce qui concerne les révélations, il s’agit notamment de la question des 30 millions que le pouvoir aurait donnés à l’OBU. Il ressort de ces révélations que 30 millions auraient été reçus sur une promesse de 45 millions qui devraient servir à faire de l’OBU une vraie opposition. Laurent Bado précise dans son discours que la somme de 30 millions a été reçue d’abord en deux tranches de 15 millions chacune par son compagnon Emile Paré... Des révélations qui ont fait couler beaucoup d’encre et de salive ces derniers temps. Afin d’apporter sa version des faits, le Dr Paré a rencontré la presse le 8 juillet dernier.
Si pour le premier, c’est-à-dire le Pr Bado, il y a eu des révélations il n’y a pas eu grand chose pour le second. Les échanges ont duré plus de deux heures mais rien de nouveau ne s’est ajouté à ce qui avait été dit par le professeur Bado. "Emile Paré au centre d’une crise". C’est ainsi qu’était titré la déclaration liminaire. Dans cette déclaration le Dr Emile Paré est revenu sur la crise qu’il a vécue dans le parti du professeur Ki Zerbo, le PDP/PS, avant de s’étaler longuement sur la crise que l’OBU traverse en ce moment. Le décor ainsi planté, les journalistes qui attendaient la version d’Emile Paré n’ont pas manqué de faire pleuvoir les questions.
La question des 30 millions
La majorité des questions tournaient autour de l’envoyé du président, et des 30 millions, pourquoi êtes-vous allé rencontrer le président ? Avez-vous pris l’argent ? Ce sont entre autres les questions posées à Emile Paré lors de la rencontre. Mais les journalistes sont restés sur leur faim car certaines questions n’ont pas reçu de réponses à la hauteur de leurs attentes. En ce qui concerne l’argent, le Dr Emile Paré répondra en ces termes "Je le dis, Blaise n’a pas donné l’argent à Emile Paré, c’est très clair". Pour lui si c’était le cas Laurent Bado n’oserait pas le partager parce que c’est Emile Paré qui est le président de l’OBU. "C’est à Laurent Bado qu’on a donné l’argent".
Emile Paré n’est pas achetable, a-t-il souligné. Or Laurent Bado dans son discours d’investiture a bien dit que l’argent a été remis à Emile Paré en deux tranches. Emile Paré indique également que la crise au sein de l’OBU n’est pas due à la question de l’argent reçu. Le président du MPS/Parti fédéral qualifie son compagnon d’hier de taupe qui devrait accompagner Blaise Compaoré. Dans ce jeu de ping-pong, qui des compagnons dit la vérité ? Plus on approche de la date du 13 novembre plus les opposants s’éloignent de l’électorat (s’ils en avaient) à travers les multiples crises.
Dans tous les cas la déchirure semble être consommée entre les deux hommes, tous candidats à l’élection du 13 novembre prochain.
Le Dr Emile Paré n’a pas convaincu les journalistes qui s’attendaient à mieux. Et il n’est pas exclu que le Pr Laurent Bado revienne à la charge. Va-t-on continuer d’assister à ces ping-pong politiques ? Attendons de voir la suite.
Roger W. Nana
L’Hebdo
