Actualités :: Présidentielle 2005 : Le chantage politique de Tolé SAGNON

« Il est rare qu’un homme se lance dans la bataille des idées sans vite devenir le comédien de ses premières sincérités », disait Paul BOURGET (1852-1935). Le Secrétaire général de la Confédération générale des travailleurs du Burkina ( CGTB), M. Tolé SAGNON, ne donne-t-il pas une illustration parfaite de cette assertion, quand sa langue l’amène souvent à faire douter de son sacerdoce syndical ?

En effet, certainement emporté par la « fièvre » de la grève et en manque d’arguments solides pour galvaniser les militants, M. Tolé SAGNON n’a pas hésité à laisser entendre que pour la présidentielle de 2005, personne n’ira s’inscrire sur une liste électorale. Et le « tout puissant » Tolé SAGNON comme pour conclure dira : « ce n’est pas la peine d’aller voter pour ceux qui ne peuvent pas régler nos problèmes. »

On ne peut certainement écouter de telles déclarations sans se poser une question simple : Est-ce que certains responsables syndicaux burkinabé savent réellement ce qu’ils veulent ? Soit on décide de faire la politique et on adhère à un parti ou on crée un parti, soit on est leader syndical, et alors, on évite les amalgames consacrant plutôt ses efforts et ses énergies à « la défense des intérêts matériels et moraux des travailleurs ». On nous dira certainement qu’entre le syndicalisme et la politique « la barrière est mince ».

Cependant elle existe et chacun doit savoir de quel côté se situer au lieu de jouer à l’astuce des vases communicants. En tous les cas, il est certain que la confusion entre la politique et le syndicalisme peut être une entrave aux négociations entre les syndicats et le gouvernement.

Le gouvernement face à des partis politiques n’aura sans doute pas le même état d’esprit que face à des organisations syndicales. Quand on laisse un doute ou qu’on se livre à des déclarations qui font penser qu’on est face à des adversaires politiques, la tâche devient difficile pour les protagonistes et le climat suspicieux, donc moins propice à des compromis.

Amalgames et chantages

Quand des responsables syndicaux conditionnent leur inscription sur les listes électorales, donc leur participation au scrutin présidentiel à la satisfaction de leurs revendications, on ne peut que craindre pour l’avenir du syndicalisme dans notre pays. D’ailleurs à écouter beaucoup de travailleurs, anciens militants déterminés, la défection des rangs est fortement due à l’utilisation déplacée que font certains responsables syndicaux de l’outil commun.

Pendant que la CENI, les partis politiques et plusieurs associations s’échinent pour que les Burkinabé s’inscrivent massivement sur les listes afin de pouvoir accomplir leur devoir de citoyen le 13 novembre 2005, il se trouve des responsables syndicaux pour les décourager en prenant le contre-pied. Bon démocrate, Tolé SAGNON devait inviter les syndicalistes à s’inscrire massivement sur les listes afin de pouvoir sanctionner « un pouvoir et un gouvernement incapables de résoudre les problèmes des travailleurs ».

Ses amalgames et chantages dangereux ont d’ailleurs valu cette intervention du ministre de l’Emploi, du Travail et de la Jeunesse, M. Ludovic TOU « je voudrais ajouter que j’ai pris connaissance, à travers la presse de certaines déclarations invitant les gens à ne pas s’inscrire sur les listes électorales tant qu’il n’y aura pas négociation (NDLR : tant qu’il n’y aura pas satisfaction de leur plate-forme). Ça c’est un détournement à mon avis de l’option syndicale.

Il n’y a que ceux qui ne sont pas républicains qui peuvent conseiller aux citoyens à ne pas aller s’inscrire sur les listes électorales. Je crois que les citoyens doivent s’inscrire sur les listes électorales et profiter justement du fait qu’ils bénéficient d’une carte d’électeur pour pouvoir manifester soit leur approbation, soit leur désapprobation vis-à-vis de la politique menée par le gouvernement » (in le Pays n° 3372 du 12 mai P.3).

De toute évidence les déclarations de Tolé SAGNON font penser qu’il ne croit même pas aux « vertus » de la démocratie, de l’Etat républicain, qui lui permettent depuis une dizaine d’années de pouvoir marcher et revendiquer librement sans crainte. A l’analyse, Tolé SAGNON et ses amis ont plus intérêt à ce que les gens s’inscrivent massivement sinon ils seront les premiers à le regretter.

Quelle incidence du reste cette non-inscription peut-elle avoir sur le résultat des votes quand on sait que les suffrages exprimés suffisent à le dégager ? Elles n’auront fait que spolier des électeurs de leur droit à choisir et à peut-être peser sur le résultat final des votes ! Alors à qui la faute ? Pourvu qu’au soir du 13 novembre, on ne nous chante pas le même refrain fade et insipide « il y a eu fraudes massives ».

Au regard donc de tout ce qui précède, on peut dire que l’attitude de Tolé SAGNON est pour le moins équivoque. Voilà un leader syndical dont l’organisation s’inscrit dans la lutte du peuple burkinabè pour son émancipation... mais qui rame à contre courant de ses aspirations du moment dont le choix démocratique de ses dirigeants.

Pendant que les démocrates véritables, les partis politiques toutes tendances confondues, la CENI et toutes ces associations qui luttent pour la citoyenneté font chorus pour inciter les électeurs potentiels à s’inscrire, l’invite contraire de Tolé SAGNON sonne faux et devrait être accueillie par les militants syndicaux par un tollé général réprobateur pour ne pas décrédibiliser leurs organisations aux yeux de ce peuple burkinabè dont ils sont partie intégrante.

par Ben Alex BEOGO


Prochaine rencontre Gouvernement/Syndicats
pas de chantage politique

Les responsables syndicaux font monter le mercure pour que la pression soit forte sur le gouvernement. Ce qui présage que la prochaine rencontre entre les deux partenaires, fixée pour le 20 mai prochain, se tiendra dans une ambiance plutôt délétère. N’y a-t-il pas chantage quelque part ? En tout cas, le secrétaire général de la CGTB, M. Tolé SAGNON a déjà donné le ton le 10 mai dernier en invitant les gens à ne pas s’inscrire sur les listes électorales tant que le gouvernement ne donnera pas satisfaction à leurs revendications.

Appréciant cette invite, le ministre le l’Emploi, du Travail et de la Jeunesse pense que c’est « un détournement... de l’option syndicale ». Pour ne pas dire que M. SAGNON fait le glissement dans un domaine qui n’est certainement pas le sien. Ses mandants, les militants syndicaux, ne lui ont pas donné quitus pour être un leader politique qui les mobiliserait pour des actions purement politiques. Dans un tel contexte où la suspicion se fait sentir, chaque camp ira certainement aux négociations avec une ou des idées déjà arrêtées.

Dans tous les cas, il est important que les protagonistes du 20 mai comprennent que, qui dit négociation, dit compromis. Ce qui suppose que l’on se met dans un état d’esprit qui fait abstraction des préjugés et prédispose à l’acceptation de voir à la baisse et pourquoi pas d’abandonner des prétentions si son vis-à-vis démontre de ses capacités ou limites avec franchise. Ainsi, les syndicats, M Tolé SAGNON en premier, savent bien que quelles que soient la justesse et la « légitimité » des revendications, ils ne peuvent pas avoir tout et tout de suite.

La lutte syndicale doit un peu ressembler à la marche du caméléon, très délicate, prudente, car il faut avoir aussi peur comme pour ce reptile de casser la branche sur laquelle on est, autrement dit de compromettre des acquis, à la limite de détériorer l’outil de travail. On fait donc des concessions, on engrange quelque chose, « petit » soit-il, et la « lutte continue ».

Quant au gouvernement, il doit lui aussi « serrer la ceinture » pour satisfaire ce qui peut l’être. Etant convaincu que chaque camp a pour souci l’intérêt supérieur de la nation, nous espérons que chacun oeuvrera le jour de la rencontre pour que l’écoute et la compréhension de l’autre soient les maîtres-mots afin d’aboutir à l’« acceptable ». C’est pourquoi, le chantage sur les listes électorales ne sied pas si on a réellement à cœur la « défense des intérêts matériels et moraux des travailleurs ».

Tolé SAGNON et ses amis doivent donc revoir leur copie avant le 20 mai. C’est nécessaire pour un climat sain, débarrassé de toute suspicion, le jour J de la rencontre Gouvernement/Syndicats.

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