Combien seront-ils, cette année, les candidats en lice pour la présidentielle ? Voilà une question qui ne trouvera sans doute pas réponse avant la clôture officielle du dépôt des dossiers. Vive le Faso !
En 1998, ils étaient trois à briguer le fauteuil présidentiel. Deux ont tout l’air de vouloir remettre ça : Blaise Compaoré et Ram Ouédraogo, arrivés respectivement premier et deuxième. Les deux hommes semblent donc bien se connaître et ne se gêneraient pas pour échanger...
Blaise : J’ai appris que tes gars t’ont désigné pour la présidentielle !
Ram : C’est un bonheur pour moi qui ai toujours prêché pour la démocratie. Et puis... faut bien l’alternance, non ?
Blaise : Dis-moi, ça fait combien de temps que tu es à la tête de ton histoire-là ?
Ram : Aurais-tu peur ?
Blaise : Non ! En toutes choses, il faut toujours quelqu’un pour assurer le spectacle ! Nul n’ignore tes talents en la matière...
Ram : Que veux-tu dire ? Tu sais, il n’y a pas que les artistes qui aient le sens de la comédie ! En politique aussi, on le voit, sauf que là il y a une majorité de mauvais artistes !
Blaise : Cette fois, ça m’étonnerait que tu réédites ton exploit de 98...
Ram : Et si je faisais mieux ?
Blaise : Ah... ah... avec quel monde ?
Ram : C’est vrai que les militants ne se bousculent pas au portillon mais chez nous, au moins, c’est plus honnête !
Blaise : Tu sembles oublier qu’on est en politique ! Tout peut se faire et se défaire en une seule nuit...
Ram : Je te vois venir. Toujours ces vieilles méthodes ! Je dis seulement que dans les équipes de ceux qui entendent réaliser quelque chose pour leur pays, la concurrence est moins rude que dans celles où l’on se dispute les meilleurs privilèges...
Blaise : Ça veut dire quoi ?
Ram : Dans ton CDP-là, qui ne sait pas que certains crocs-en-jambe peuvent être politiquement mortels ?
Blaise : Tu te trompes d’adresse, toi ! Moi, je suis le président de tous les Burkinabè, sans exclusive ; pas du CDP !
Ram : Oui, mais on a tous compris...
Blaise : Ça m’a tout l’air que non ! Pour ce qui se passe au sein des partis politiques, je suppose que chacun a quelque souci à se faire ! Moi, j’ai un programme que je m’efforce de réaliser.
Ram : Tu as plutôt l’air solitaire dans l’application de tes pensées !
Blaise : La perfection n’est pas de ce monde...
Ram : En tout cas, mon parti promet de faire mieux que ce qui peut être constaté de nos jours. Nous allons ouvrir les yeux des populations.
Blaise : D’abord, personne ne les a jamais fermés ni songé à le faire ; ensuite, mon programme solidaire est un véritable hymne au plein épanouissement.
Ram : Et pourquoi cette grogne sociale ?
Blaise : Il faut de tout pour faire un monde ! J’entends cependant poursuivre mon action.
Ram : Cela veut donc dire que tu es candidat ?
Blaise : Tu oublies que je ne suis pas en fin de mandat !
Ram : On souhaite seulement que certaines choses soient réglées avant le départ du marathon. Mais quand je vois qu’on te fout cette histoire de la Côte d’Ivoire sur le dos...
Blaise : Tu le dis si bien ! Et comme on ne choisit pas ses voisins... c’est dommage que tout soit bloqué...
Ram : Qui ou qu’est-ce qui bloque ?
Blaise : Oh... disons seulement que cette affaire réclame des décisions exceptionnelles...
Ram : Lesquelles ?
Blaise : Elles ont été diplomatiquement signifiées au président Gbagbo !
Ram : Apparemment, ça ne donne rien de bon !
Blaise : Je pense que, jusque-là, nous n’avons sans doute pas réussi à lui parler dans son langage et son vocabulaire à lui...
Ram : Nous, nous serons plus incisifs dans nos prises de position...
Blaise : C’est vrai qu’on lutte parfaitement bien hors de l’arène...
Ram : Tu oublies les autres candidats : surtout le patron de l’UNDD dont le cousin est toujours au gnouf ?
Blaise : Je ne puis parler à la place des juges !
Ram : Vraiment ? Entre nous, comment peut-on croire qu’un homme chargé des tâches les plus hétéroclites puisse être réellement tenu pour responsable de la conduite de son chef et parent ? Il faut voir !
Blaise : Il appartient à la justice de trancher. Mais tu sais, trois, quatre, voire six concurrents, ne troublent guère mon sommeil !
Ram : C’est aussi bon pour la démocratie, non ?
Blaise : Bien sûr ! Pour certains, ce sera un baroud
d’honneur ; pour d’autres une manière efficace de préparer une retraite prématurée !
Ram : Que veux-tu insinuer ?
Blaise : Un peu plus de sérieux n’aurait pas fait de mal à ce pays. Certains partis ressemblent plutôt à des nids de nostalgiques revanchards ! Mais les gens sont loin d’avoir la mémoire courte...
Ram : Quel parti, par exemple ?
Blaise : Explore un peu en dehors de la faune et la flore politiques !
Propos très secrètement recueillis par JJ
