"C’est avec les mêmes idées et les mêmes sentiments qu’un poète fait des rêves, un révolutionnaire des drames". Cette opinion de Jean Cocteau trouve un écho dans la célébration de la Saint Sylvestre ici au Faso.
Le passage d’une année à une autre est un moment de recueillement, d’introspection, de questionnement... pour les uns. Pour les autres, cette période est synonyme d’excès, de dérive, de démesure,... En tous les cas, la Saint Sylvestre est un jour pas comme les autres. Et les partisans de l’exagération semblent s’y adonner à cœur joie.
Les jeunes surtout, dopés par l’alcool et les amphétamines se prennent pour des "supermen". Dans les rues, ils jouent les cascadeurs, les commandos suicides. Ainsi, un accident est vite arrivé et bonjour les dégâts. Même ceux qui n’ont pas l’habitude de l’alcool font leur baptême de feu ce jour-là, histoire de se procurer de fortes sensations. En dehors des malheurs dûs à la consommation excessive de l’alcool, d’autres accidents sont provoqués par les pétards que des "énergumènes" se permettent de jeter sur la chaussée ou sous les tables dans les maquis. Bien qu’étant un jour de fête, les uns et les autres devront se souvenir qu’il n’y a pas de bonne fête sans lendemain. Pourquoi chercher à tout prix le malheur dans le bonheur ! Pourquoi s’endetter sur plusieurs mois pour faire du gaspillage juste pendant un seul jour, voire une seule nuit ?
Pourquoi perdre sa raison à la faveur de la Saint Sylvestre ? Pourquoi, pourquoi ? Autant de questions qui mettent en lumière la complexité de l’esprit humain, qui prouvent que "les gens n’ont pas les mêmes problèmes". Mais que l’on se souvienne que le vrai courage ne consiste pas à appeler la mort, mais à lutter contre l’infortune. Le temps est un serpent de mer qui mord celui qui ne sait pas l’employer et qui caresse celui qui sait le mettre à profit.
Pour éviter les dérives de toutes sortes, n’est-il pas souhaitable que la Saint Sylvestre soit vécue comme le début d’une nouvelle année et non comme la fin d’une année ? En tant qu’étape marquant le début d’une nouvelle année, cette date doit être perçue comme un nouveau départ pour tous ceux dont les attentes ont été déçues. Ceux qui voient le bout du tunnel doivent prendre l’engagement de persévérer et aller toujours de l’avant. Ceux qui ont trouvé le bonheur en 2004, doivent faire en sorte qu’il soit encore là en 2005.
La fin d’une année, ce n’est pas la fin d’une vie, ce n’est pas le moment de commettre des gaffes, de faire des fautes. Toutes les fautes, dit-on, se paient et parfois cash !
Mieux vaudrait que les jeunes sachent que la jeunesse ne passe pas si vite, ils y trouveraient des raisons d’espérer. Quand bien même il est fait pour rouler, le cerceau qui ralentit tombe. Chacun doit aller à son rythme.
Rabankhi Abou Bâkr ZIDA
Sidwaya
