Actualités :: Mauvaise gestion des terres : La population réclame la tête du maire de (...)

Le maire de la commune rurale de Koubri, Ousmane Compaoré, dans la province du Kadiogo, n’est plus en odeur de sainteté avec ses administrés. Ceux-ci ont organisé, mardi 24 mai 2011, une marche sur la mairie pour exiger son départ. Le reproche à lui fait : la vente d’un terrain de 475 ha dans le village de Guiguemdtenga à l’entreprise BTM.

Décidément, rien ne va entre le maire de la commune rurale de Koubri, Ousmane Compaoré, et ses administrés. A telle enseigne qu’ils ont décidé, le mardi 24 mai 2011, d’en finir avec lui en faisant une descente sur la mairie où l’édile était absent. "Le maire a fui. Nous avons mis des croix rouges à la mairie.... Il n’est plus notre maire...", scandait une foule nombreuse à majorité jeune à notre arrivée à Koubri aux environs de 11 heures. C’est une population surexcitée que nous avons trouvée, armée qui d’un bâton, qui d’une branche d’arbustes, bloquant la voie.

En tous les cas, les usagers qui ont emprunté la route nationale n°5 (Ouaga-Pô) ce mardi 24 mai 2011 en ont eu pour leurs frais. Furieux de n’avoir pas pu en découdre avec leur bourgmestre, les manifestants ont voulu décharger leur colère sur les usagers en bloquant la voie, perturbant ainsi le trafic. "Il faut que notre cause soit entendue. C’est pour cela que nous avons bloqué la voie...", nous explique une vingtaine de jeunes. Nous demandons à rencontrer les responsables du mouvement. En allant à leur rencontre, nous croisons le préfet de Koubri. Celui-ci tentait de calmer la situation en vain. Visiblement, les manifestants ne voulaient pas de sa médiation.

Des propositions tendant à l’apaisement

Dans la foule, des voix s’élèvent pour réclamer le haut-commissaire de la province du Kadiogo, Jean Bassono. Informé, il ne tarde pas à venir. La foule des manifestants est invitée par les conseillers, responsables du mouvement à la mairie pour rencontrer le haut-commissaire. "Qu’il vienne nous trouver ici (ils étaient à environ 1 km de l’hôtel de ville sur la voie)", protestent les manifestants.

Leurs responsables tentent de les convaincre sans y parvenir. Les conseillers décident alors d’aller rencontrer le haut-commissaire sans la foule. Jean Bassono pose un préalable. "Faites ouvrir d’abord la voie. Nous discuterons ensuite...", laisse-t-il entendre. Les conseillers sont réticents. "Y a-t-il un problème à cela ? Vous êtes les responsables du mouvement. Vous ne devez pas avoir des difficultés pour convaincre les manifestants à libérer la voie...", leur souligne-t-il. Les conseillers rebroussent chemin pour rejoindre leurs camarades. Refus catégorique de la foule d’accéder à la demande du haut-commissaire. Retour des délégués à la mairie pour rendre compte. Mais le haut-commissaire reste ferme sur sa position.

Pour lui, c’est une route nationale, et le fait d’empêcher les usagers de circuler n’a rien à voir avec le problème qui est posé. Face au refus des manifestants, Jean Bassono décide alors d’aller en personne pour demander l’ouverture de la voie. Il y parviendra, mais non sans difficultés. Les manifestants étaient divisés. Les partisans de l’ouverture avec leurs arguments obtiennent gain de cause. En effet, une longue file de camions-remorques chargés de tomates en partance pour le Ghana voisin attendaient. Il ne fallait pas créer une perte sèche pour les commerçants de ces produits, très périssables, qui n’avaient rien à voir avec le mouvement. Mais le calvaire aura duré au moins trois heures pour les usagers. La rencontre pouvait donc avoir lieu, mais seulement avec les conseillers, le reste de la foule devait attendre, le compte rendu leur sera fait. Nous, également, n’avons pas été admis à cette rencontre.

Quelle était la revendication de la population ? Les manifestants veulent la tête de leur maire. Celui-ci aurait commis le crime de céder un terrain d’une superficie de 475 ha à Guiguemdtenga à l’entreprise BTM. Cela sans se référer au conseil municipal. Pour Benjamin K. Compaoré, conseiller du village de Guiguemdtenga, le maire veut faire porter le chapeau à ses prédécesseurs en leur faisant croire que la vente du terrain a eu lieu en 2004. "En 2004, Abdoul Tarama était le préfet de Koubri. Lui a estimé que 475 ha étaient une très grande superficie. Il a refusé de signer les papiers. Il a été remplacé en 2007 par Félix Compaoré comme maire.

Lui également a trouvé que déposséder un village de 475 ha était inadmissible. Ousmane Compaoré, l’actuel maire n’a pas sourcillé avant de signer les papiers donnant droit à la société BTM de disposer des 475 ha. Il est allé signer en cachette cet accord le 27 avril 2010. Nous avons découvert le pot au rose le 15 septembre 2010. Suite à cette découverte, le conseil a pris une délibération, demandant l’annulation pure et simple de cet accord...", explique Benjamin Compaoré. Et celui-ci de poursuivre : "Depuis deux semaines, nous poursuivons en vain le maire afin qu’il nous dise que l’accord est annulé. Chaque fois, il nous dit de revenir après. Nous sommes fatigués. C’est pourquoi, nous demandons son départ. Il devra nous remettre le terrain avant de partir...".

A entendre Benjamin Compaoré, leur mouvement a pour objectif d’amener les autorités à trouver une solution à leur problème. "Nous ne voulons plus d’Ousmane Compaoré...", martelaient les manifestants.

Le haut-commissaire du Kadiogo, Jean Bassono, pour sa part, dit être venu avec des propositions tendant à l’apaisement. "Ma venue a seulement pour but d’apaiser la situation entre eux. Nous sommes dans un Etat de droit et il est bon que les procédures et les règlements puissent être suivis en la matière. Nous leur avons expliqué la voie qui va être suivie. D’ailleurs, le conseil municipal de Koubri a pris une délibération suspendant l’arrêté du maire. Nous allons regarder cela à tête reposée. Dans un premier temps, nous voulons que l’entreprise BTM suspende tous travaux sur le terrain jusqu’à ce qu’il y ait un règlement du litige...", a indiqué le haut-commissaire.

Il a rassuré les populations de Guiguemdtenga qu’elles ne seront pas déguerpies de leurs terres. "Ceux qui veulent cultiver peuvent le faire jusqu’à ce qu’une solution soit trouvée. La concession des terres se fait selon des normes qu’eux-mêmes ont établies à Koubri et ces normes seront respectées. Nous veillerons à ce qu’ils rentrent dans leurs droits...", a indiqué Jean Bassono.

Etienne NASSA

Sidwaya

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