Actualités :: Evangélisation et résistance des peuples du Sud-Ouest : Un pan d’une riche (...)

Les grandes conférences organisées dans le cadre du cinquantenaire de l’indépendance du Burkina, se sont déportées, le 26 juin 2010 à Gaoua, chef-lieu du Sud-Ouest. A l’occasion, ce sont deux fils de la région, les Dr Pierre Claver Hien et Magtoire Somé, tous deux historiens et universitaires qui ont animé deux panels, portant respectivement sur la « résistance des peuples du Sud-Ouest à la pénétration coloniale », et « histoire de l’évangélisation des populations du Sud-Ouest ».

Les participants à la grande conférence, conduite par le Ministère de la culture, du tourisme et de la communication dans le cadre du cinquantenaire de l’indépendance, samedi 26 juin dernier à Goua, ont découvert un pan de la « riche histoire » de cette partie du Burkina. Ainsi, le Dr Pierre Claver Hien, enseignant-chercheur en histoire a entretenu l’assistance à la vaste salle de l’ENEP de Gaoua sur la résistance des peuples du Sud-Ouest à la pénétration coloniale.

Dans son développement, le conférencier a fait remarquer qu’en 1896, la majeure partie du territoire burkinabè avait été conquise par le colonisateur français suite à la Conférence de Berlin (1884-1885). Mais, les populations du Sud-Ouest avait pu préserver leur indépendance, d’abord face aux conquérants africains. Ce sont les princes Dioula qui tenteront de « prendre » le Sud-Ouest mais cette conquête se soldera par un échec.

A la suite de ceux-ci, les Marka, sous la conduite de Moctar Karantao, entreprendront d’islamiser les populations Dagara, Pougouli, Birifor, Djan. Mais nouvel échec. Après cet épisode, les populations locales se livreront à une guerre de 7 ans. Et face aux menaces de plus en plus grandes de Samory Touré d’annexer aussi cette partie, les populations en guerre ont mis un terme à leur conflit, en signant un pacte de non-agression.

La pénétration française

C’est dans ce contexte que les Français devançant les Anglais et leur ennemi Samory Touré, pénétrent le Sud-Ouest en 1897. Ils parviennent à faire signer par le chef de terre de Diébougou, un traité le 4 mai 1897, faisant de ce dernier, le chef de toute la région et c’est par cette astuce, que les Français arriveront à s’installer. En effet, en septembre 1897, tout le pays Lobi-Dagara est sous domination française.

Mais les populations se signalent par une résistance à cette présence étrangère. Sont citées en exemple, l’insurrection des Dagara en 1904, l’insoumission chronique des Lobi et des Birifor. Les Français utilisent des méthodes fortes pour soumettre la population, en brûlant les greniers et en nettoyant les maisons lobi à la grenade.

Les autres résistances se sont manifestées à travers le refus de scolariser les enfants ou en migrant tout simplement au Ghana, où se trouve souvent une partie de la famille. Le conférencier est arrivé à la conclusion que les populations du Sud-Ouest, se sont farouchement opposées à la pénétration coloniale.

En décortiquant les raisons de cette ferouche opposition aux Blancs, le Dr Hien a évoqué une cause principale : la rencontre entre deux mondes : tradition et modernité.

Dans cette partie du Burkina où chaque chef de ménage est considéré comme un « chef d’Etat », le système colonial a eu du mal à passer. Revenant au contexte actuel, le conférencier Hien a indiqué qu’il faut éviter les superlatifs lorsqu’il s’agit de parler de résistance. Car il s’agit de construire une mémoire nationale de la résistance et non une concurrence des résistances.

Un autre sujet tout aussi intéressant, c’est l’histoire de l’évangélisation des populations du Sud-Ouest du Burkina Faso. Cette deuxième conférence a été animée par le Pr Magloire Somé, spécialiste d’histoire religieuse. Jusqu’au 19e siècle, dira le professeur d’histoire, l’Afrique n’a pas intéressé le Saint siège, dans le domaine de l’évangélisation. Même si des missions étaient installées sur les côtes africaines, leur objectif n’étant pas l’évangélisation des populations africaines. Elles étaient plutôt là, pour porter une assistance spirituelle à des marchands européens.

Le catholicisme, un tremplin à la modernité

Il a fallu attendre la colonisation pour que les missionnaires puissent pénétrer à l’intérieur du continent et après que le Vatican eut adopté un plan d’évangélisation. C’est dans cette dynamique que les missionnaires arrivent au Burkina. Et contrairement à d’autres régions qui ont abrité assez tôt des postes de mission (Koupèla, 1900, Toma 1912), la région du Sud-Ouest n’accueillera sa première mission qu’en 1929. Cette évangélisation du Sud-Ouest est venue à la demande du colonisateur.

En effet, c’est le commandant de cercle de Gaoua, qui a demandé à l’évêque de Bobo, (qui abritait déjà une mission depuis 1927), de fonder une mission à Gaoua, afin de soumettre les populations qui sont rebelles. Finalement, les missionnaires s’installent à Kampti (42 km de Gaoua) où la première mission dans cette région fut fondée en 1929.

Le christiannisme (religion catholique) a gagné le pays Dagara en 1933. Et cela, après que des Dagara se soient rendus au Ghana voisin où leur curiosité les a poussés à aller découvrir un prêtre faiseur de miracles, à travers notamment des guérisons.

Cette évangélisation a atteint son but dans la mesure où les populations ont pu faire la distinction entre le Blanc oppressif (colonisateur) et « le bon Blanc » (missionnaire). Et surtout l’Eglise catholique a remarquablement développé au profit des populations, des œuvres socioéducatives : sanitaire, sociales, école... En définitive, le conférencier est arrivé au constat selon lequel, l’installation des missionnaires dans le Sud-Ouest a permis aux populations de comprendre que le christianisme est un tremplin à la modernité.

Gabriel SAMA

Sidwaya

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