La réalité contemporaine avec ses exigences semble avoir démenti les beaux vers du poète Bernard Belin Dadié dans son poème “Connais-tu mon beau village”. Si le village des temps actuels reste beau, il ne charrie pas moins une double contradiction. C’est le lieu pour bon nombre de cadres de nos administrations du danger permanent. Village rime pour beaucoup avec sorcellerie, empoisonnement, etc.
Comme si là-bas, il était démontré que la durée de vie était la plus éphémère. Qui plus est, le village sent le golgotha. Le lieu où sont conduits ceux qui n’ont eu aucun mérite. Surtout les scolaires à qui on promet de les “envoyer au village” s’ils ne travaillent pas bien à l’école.
Bien normal que ce mythe survive au temps et laisse au village tout ce qui est proche de l’obscurantisme. Ç’aurait pu être une vision complète et totale si les chantres de cette philosophie eux-mêmes n’avaient pas recours au village quand en ville ça commence à chauffer.
Quand il y a changement à la tête du service, quand on guette un poste électif, le village devient alors ce lieu-là où on peut bouleverser même les choses les plus plausibles. On jure donc par et pour ce village, terre ancestrale où reposent les vaillants ascendants. Quel paradoxe ! Pourtant le village reste le village avec les charmes et ses caprices.
Dommage que nos colonies de vacances ne soient orientées que vers les grandes capitales, les villes prestiges. A cette allure, il n’est pas étonnant que les enfants ne sachent plus dire avec conviction “Mon beau village qui se mire au clair ruisseau. Encadré dans le feuillage, on dirait un nid d’oiseau”.
Jean-Philippe TOUGOUMA
Sidwaya
