- Laurent Bado
Le deuxième congrès ordinaire du Parti pour la renaissance (PAREN) a donné l’occasion une fois de plus au président du parti, l’honorable Laurent Bado, de se singulariser positivement en cédant volontairement les rênes du parti. Le nouvel « homme fort » du parti est désormais Omar Guiguemdé, jusque-là secrétaire général du PAREN.
Laurent Bado n’a jamais laissé indifférent, depuis qu’à son poste d’enseignant à l’Université de Ouagadougou, il distillait des conférences dont lui seul a le secret, à fortiori depuis son « irruption » sur la scène politique. L’homme qui vient de « démissionner » de la tête du parti qu’il a lui même créé, est coutumier du fait, lui qui a quitté son poste juteux de directeur de la Fonction publique pour convenance personnelle pour ne pas dire pour incompatibilité d’humeur prononcée avec le régime des colonels en 1981. Bado le tribun, bretteur d’idées, redoutable n’a jamais rien fait comme les autres, lui qui se vante d’être un « maître es-démissions » (neuf si l’on en croit les propos de l’homme) et qui professe qu’il a été l’un des rares intellectuels à défier le Conseil national de la Révolution (CNR) pendant les années de braise.
Un « fait d’armes » héroïque quand on sait le climat qui prévalait à l’époque pour les « ennemis du peuple », fussent-ils intellectuels de haut vol. Deux raisons on prévalu à la prise de cette décision. Une à l’heure de la retraite, Bado veut « cultiver son jardin » pour « Préparer la fin de mes jours » fidèle à son tercérisme qui prône le retour à la terre pour les intellectuels, particulièrement ceux « otages de leurs ventres et de leurs bas ventres ». Le « mal » de l’Afrique, selon Bado, incapables d’être les « impulseurs » du développement qu’ils devaient être, eux qui préfèrent satisfaire leurs pulsions plutôt que « d’aller au combat ». On l’a vu au cours de la campagne présidentielle les traiter de tous les noms d’oiseaux au grand bonheur d’une frange de la population qui lui a accordé ses suffrages.
C’est, du reste, la deuxième raison qui justifie son départ, l’alternance « allant de soi dans un parti d’idées ». Il faut faire place à de nouvelles énergies, de nouvelles forces pour éviter la routine sclérosante tout en demeurant « vigilant » pour éviter les « déviations » idéologiques. Pour autant, le terrain du « combat » étant vaste, le professeur se promet d’aller au contact du « pays réel » pour poursuivre l’œuvre de conscientisation. Au passage, il fustige les « déserteurs » « des loups-garous qui se déguisent en agneaux pour entrer dans notre bergerie et emporter les sièges durement conquis par le parti ». On perçoit une certaine hauteur de vue et d’esprit que même l’épisode malheureux des trente millions ne parvient pas à ternir. Bado semble être de la race de ces « doux rêveurs » qui croient toujours en un idéal (le renouveau africain) et y consacre toute leur énergie.
Dans un siècle où l’honnêteté et la vérité font « scandale » comme il le dit lui-même, un tel idéal peut-il prospérer ? Bado y croit, lui qui décide désormais de n’animer que « les ateliers à destination des gens qui veulent comprendre la politique ». Bon vent, Professeur !
Boubacar SY
Sidwaya
