Selon le dernier sondage, Fasobaromètre III, réalisé par le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD), 71% des Burkinabè approuvent l’action du président Blaise Compaoré. Par la déclaration ci-après, sept (7) partis de l’opposition burkinabè se démarquent des actions du CGD, qu’ils estiment s’être révélé comme un instrument de manipulation.
Une fois de plus le "Centre pour la gouvernance démocratique" (CGD) s’est illustré par une sortie digne du meilleur griot des temps révolus. Le CGD, instrument de manipulation de l’opinion, s’est encore mis au service des tenants du pouvoir de la IVe République, illustrant très bien ce que quelqu’un pensait du premier responsable du CGD : "26 est toujours du côté du plus fort".
Au cours d’une rencontre de restitution d’un sondage réalisé en avril-mai 2006, le CGD arrive aux deux conclusions essentielles suivantes : . "L’action de Blaise Compaoré approuvée par 71% des Burkinabè" ; . "La victoire du CDP avec 44,94% des intentions de vote des Burkinabé pour les législatives 2007" ;
1. Quelles actions de Blaise Compaoré sont-elles approuvées par 71% des Burkinabé ?
• Est-ce la corruption érigée en système de gouvernement (affaire des partis politiques, syndicat des commerçants du marché de Rood-woko, etc.) ? • Est-ce l’insécurité devenue permanente sur toute l’étendue du territoire national ? • Est-ce l’instrumentalisation des gouverneurs de régions, des 45 hauts-commissaires, des trois cent cinquante préfets, des directeurs régionaux et provinciaux, de la chefferie coutumière et des responsables religieux à des fins électoralistes de ceci ou de cela ? • Est-ce les brigandages économiques (privatisation/bradage des Sociétés d’Etat (industrielles et commerciales) les plus rentables du pays... ?
• Est-ce le rançonnement des opérateurs économiques privés pour soutenir une campagne électorale scandaleuse par le déploiement des moyens face aux candidats démunis de l’opposition ? • Est-ce l’incapacité à contenir l’inflation des prix (hydrocarbures notamment) face à une population qui s’enfonce dans la misère et à vue d’œil, pendant que ceux-là mêmes qui traversent notre pays pour aller chercher le carburant l’ont moins cher ?
• Est-ce l’utilisation scandaleuse de l’aide des peuples amis (Chine, Japon MCA/USA, etc.) au peuple burkinabè pour en faire des programmes personnels (Six Engagements de Blaise Compaoré, etc.) à des fins de propagandes électoralistes ?
• Les constructions d’écoles démarrées dans le cadre du PDDEB et qui ne sont jamais terminées parce que des marchés sont complaisamment octroyés à des amis politiques rompus à la fraude économique et financière au détriment des laborieuses populations de nos campagnes ? • Les promesses électorales (autoroute Ouaga/Bobo...) qui ne sont jamais sûres d’être tenues ? •
Le marasme économique dans lequel s’enfonce le Burkina Faso face à l’impunité garantie par Blaise Compaoré aux nouveaux riches de son régime ? Les nouvelles fortunes subites étant bâties au détriment des investissements payés par les partenaires financiers du Burkina Faso (l’exemple de la route Boromo-Bobo, dont tout le monde connaît les conditions de bitumage, financée par l’Union européenne) ? Tous ces maux du régime de Blaise Compaoré, les 71% des Burkinabé les passent par pertes et profits, selon le CGD.
2. Toujours selon le CGD, le CDP sort vainqueur des prochaines élections législatives avec plus de 44% des députés.
Le CGD aurait dû se demander comment le CDP peut espérer engranger ces résultats qu’il annonce gaillardement (ou avec tant d’assurance). L’opposition burkinabé va rappeler les méthodes qu’utilisera le CDP pour atteindre ces 44% de sièges dans la prochaine Assemblée nationale :
tripatouillage du fichier électoral avec la complicité d’une CENI aux ordres ;
intimidation des fonctionnaires (présidents d’institutions, directeurs et chefs de services...) à la recherche des postes et autres nominations politiques... ;
intimidation des populations du milieu rural à travers la chefferie coutumière et les responsables religieux instrumentalisés ;
mensonges et autres arnaques des populations rurales, en majorité analphabètes, leur racontant que « le chef de village dispose d’un appareil qui lui permet de voir le vote de chacun de ses sujets ». Au fait, au Burkina Faso, il n’y a plus de « sujets », mais des citoyens égaux en droit et en devoir.
utilisation des moyens de l’Etat (véhicules, carburant, argent....) pour faire la campagne ; Le CGD s’est-il demandé pourquoi il y avait tant de véhicules à « fond rouge » qui circulaient les week-ends pendant les campagnes électorales ? C’est justement pour permettre au CDP de gagner les élections.
Corruption et achat des consciences avec de l’argent pas toujours honnêtement gagné. C’est tout cet ensemble d’irrégularités instaurées et entretenues par Blaise Compaoré et son régime qui permettront au CDP d’avoir plus de 44% des sièges à l’issue des élections législatives de 2007. Mais rassurez-vous, messieurs du CGD, l’opposition n’a pas l’intention d’aller à ces élections en spectatrice, encore moins en résignée. Tout cela devra changer si des élections pluralistes doivent être organisées en 2007.
L’opposition burkinabé dénonce ce comportement du CGD et se démarque des actions de cette ONG, qui s’est révélée être un instrument de manipulation du peuple burkinabé aux mains de Blaise Compaoré et de son CDP. Pour toutes ces raisons, les Partis signataires de la présente déclaration ouverte ne participeront plus aux activités de cet instrument du pouvoir de la IVe République jusqu’à nouvel ordre.
Ouagadougou, le 29 juin 2006
L’Opposition burkinabè
Ont signé : FDS Fidèle KIENTEGA
PDP/PS Ali LANKOANDE
PNR/JV Christian T. KONE
MDR Marcel F. OUEDRAOGO
RDEB Ram OUEDRAOGO
UFR Yamba SOMM
Observateur Paalga
