Actualités :: Salif Diallo : " Il y en a qui ont cru que l’heure est venue de nous (...)
Salif Diallo

Ceux qui ont cru que " nous sommes fatigués et qu’il fallait maintenant nous remplacer auprès du président Blaise Compaoré se trompent...Ce qui nous différencie d’avec eux, c’est que nous, nous ne sommes pas des courtisans. Nous sommes des camarades du président Blaise Compaoré ".

Quand il accepte notre sollicitation pour un entretien sur le bilan des municipales, il venait juste de rentrer de Taiwan. On avait dit qu’il y était allé pour souffler un peu, après avoir bataillé dur pour donner la victoire à son parti. Il s’en amuse quand nous le lui faisons remarquer. S’il était à Taipei, ce n’était nullement pour se reposer. " Je suis allé chercher de l’argent pour le pays ! ". Et visiblement, il est revenu avec " les feuilles " où du moins de solides promesses.

Quand nous sommes arrivés à son cabinet, il était entrain de raccompagner une délégation chinoise, la preuve que les concertations vont bon train...Un des projets phares, dont les modalités de mise en œuvre semblent déjà arrêtées, c’est le grand hôpital de Ouagadougou, qui devrait être le meilleur de la sous région... Mais nous n’étions pas parti parler de ça, et nous sommes revenus très vite à l’objet de l’entrevue.

Salif Diallo est un politique, au sens plein du terme. Il sort renforcé de ces municipales, alors que le déroulement de la présidentielle avait laissé entrevoir la mise à la touche du politique, notamment du CDP, et la montée d’un mouvement éclectique, les " ABC " que l’on croyait désormais être ceux-là qui allaient dicter la marche des choses. Avec ces municipales, le politique a repris ses droits.

Les résultats de ces municipales vous ont-ils surpris ?

Il faut savoir qu’il s’agissait d’une élection de proximité. Elle est différente d’une élection législative et présidentielle. Il ne fallait donc pas l’aborder de la même façon. La contribution locale était déterminante. De ce point de vue, nous avions une longueur d’avance sur les autres. Ces résultats reflètent donc le travail dans les villages. Il ne faut pas oublier non plus que nos populations sont légitimistes.

A Bobo-Dioulasso par exemple, les choses se présentaient tout autrement. Et pourtant, vous avez gagné quand même. La descente express d’un certain Salif Diallo n’y est-elle pas pour quelque chose ? ?

Les médias ont monté en épingle l’opposition à Bobo-Dioulasso. Quand nos militants ont vu Koussoubé de l’ADF/RDA utiliser un avion, pour larguer des " feuilles ", ils ont commencé à paniquer. Il faut avouer qu’au départ, c’était vraiment difficile, puisque nos adversaires nous ont fait douter. Ils nous avaient convaincu que nous pouvions perdre. Mais c’était oublier que le CDP avait des structures solides dans la zone. Le problème, c’était l’animation de ces structures. C’est à quoi nous avons remédié quand nous avons fait le déplacement à Bobo-Dioulasso. Les querelles intestines et les approches ethniques restent le vrai problème de la région.

Au Nord aussi, ce n’était pas gagné d’avance. Surtout que certaines fortes personnalités vous défiaient ouvertement ?

C’est vrai que des personnalités de notre parti ont prôné le vote contestataire en faveur de l’ADF/RDA. Mais ces personnalités ont oublié qu’ils ont été élus grâce à nos structures. Leur attitude traîtresse a été condamnée par la base. Aucun individu ne peut prétendre se placer au dessus du parti. Les militants ont tenu à rester dignes.

De vieilles personnes m’ont dit : " Salif, nous on ne te suit pas pour l’argent ". Et puis ce qu’ils oublient, c’est que l’ADF/RDA, dans cette région, a une histoire. Les populations qui ont rompu avec ce parti ne veulent plus y retourner.

Salif Diallo et ses nombreuses réalisations ont pu compter aussi ?

Ce que je peux vous dire, c’est que cette fois, ce n’est pas le CDP qui a mis les moyens, mais plutôt les autres. Peut-être qu’ils avaient conservé certains moyens de la présidentielle, mais ce sont eux qui ont mis les moyens. Cela a surpris plus d’un.

Au juste, pour vous, quel était l’enjeu politique de ce scrutin ?

Il faut dire que certains étaient en quête d’espace. Pour la présidentielle, quand les gens viennent à vous, vous ne pouvez pas refuser. Et pour ce scrutin, ils ont joué le rôle qui était le leur. S’agissant maintenant des municipales, ils se sont dit, il faut battre le CDP, ces gens qui nous empêchent de grandir, en profitant de ce que nous avons nous aussi défendu le programme du président Blaise Compaoré.

Mais les populations à la base ne sont pas dupes. Elles ont perçu des gens qui hier encore pourfendaient Blaise Compaoré, avec violence et du jour au lendemain, elles disent autre chose. Cela leur a coûté aussi. C’est vrai que l’on peut corrompre une certaine élite politique, mais pas toutes les populations à la base. Dans les zones politisées, comme les nôtres, quand vous avez dit quelque chose aujourd’hui, ce que vous direz demain sera analysé sous l’angle des actes antérieurs.

Au Zondoma, les gens se souviennent toujours des frasques de l’Eléphant. Un militant m’a raconté que dans les années 1970, à la veille d’une élection, et alors que les populations demandaient un forage, les responsables du RDA sont venus avec des citernes, nuitamment remplir un puisard qu’on avait hâtivement creusé. Ça, ce sont des choses qui marquent à jamais.

On a eu l’impression nette que pour ce scrutin, il fallait reprendre la main, réaffirmer la citadelle CDP ?

Oui, c’est vrai, parce que nous avons senti une véritable pression. Les gens se sont réveillés un beau matin, parce qu’il y a la stabilité, le développement, la paix en se disant : " vous êtes fatigués, il faut débarrasser le plancher, pour que nous puissions prendre la place auprès de Blaise Compaoré, parce que nous sommes les nouveaux dignes et loyaux fils du président ". Ces gens-là oublient que Blaise Compaoré, c’est un compagnon de lutte. Nous ne sommes pas avec lui sur la base d’une ligne courtisane. Notre approche n’est pas de déifier Blaise Compaoré. Nous sommes avec lui dans le cadre d’un projet de société. Les courtisans n’aiment pas ce pays. Cette victoire est celle des cadres du parti, dont beaucoup travaillent dans le dénuement total. Mais ce sont des militants conséquents qui sont avec le parti depuis l’origine.

Cette campagne a été parfois aussi très violente. Aussi bien par les propos que par les actes ?

Nous avons tout fait pour éviter les campagnes violentes. Au Nord, nous avons fait désarmer nos structures de sécurité. Quand on défend la ligne présidentielle, on doit être forcement modéré.

Maintenant que vous avez gagné, qu’elles sont les directives pour la mise en place des bureaux des conseils municipaux ?

Mercredi (NDLR le 3 mai dernier), nous avons eu une réunion du bureau politique national pour dégager la conduite à tenir. On va mettre en place un collège pour examiner et désigner les maires. Les militants doivent être étroitement associés. Il ne s’agit plus pour quelqu’un de venir dire, qu’il est pistonné par tel ou tel bonze du parti. J’ai échangé avec le président du parti et nous avons convenu, que partout où nous avions perdu, que nous ne fassions rien pour gêner les gagnants.

Il y a eu, à l’occasion de cette réunion du bureau politique, une autre directive qui instruit pour un renouvellement des exécutifs locaux. Quand est-il exactement ?

Oui, c’est vrai. Nous avons demandé de faire une place importante à de nouveaux camarades dans la composition des conseils municipaux.

Cela concerne-t-il les maires, dont certains vont entamer leur troisième mandat successif à la tête de leur commune ?

Oui, c’est un mot d’ordre qui devrait s’appliquer à tous.

Même à Simon Compaoré ?

Je crois que tout le monde est d’accord que le camarade Simon Compaoré fait du très bon boulot. Mais les instances de Ouagadougou doivent se réunir et je pense qu’il y a de fortes chances que Simon reste à son poste.

Il y en a qui pensent, qu’en raison de son état de santé, il serait plus utile au Conseil régional où il pourra tout coiffer sans avoir à gérer les angoisses quotidiennes ?

Pour être honnête avec vous, le CDP n’a pas intérêt à voir Simon quitter la tête de Ouagadougou. Nous n’avons pas encore sécrété un camarade susceptible de le remplacer. Pour le reste, je suis sûr que le camarade Simon sait qu’il n’est pas indispensable et qu’un jour, il faudra qu’il se prépare à passer la main. Et puis, pour l’instant et à ma connaissance, aucune autre candidature n’est en vue.

Un certain Christophe Ilboudo est régulièrement cité !

Je ne le connais pas !

La question foncière s’est invitée dans ce scrutin. Dans certaines régions, des chefs traditionnels ont terrorisé les migrants, en menaçant de leur retirer les lopins de terre s’ils ne votaient pas dans le sens qu’ils souhaitaient ?

C’est vrai. La question foncière a joué un rôle très important, surtout dans les zones d’aménagement hydro agricoles. Dans ces zones, les chefs ont beaucoup pesé sur les migrants. Ce qui est inadmissible. Cela me convainc qu’il faut aller vite et faire aboutir la réforme sur le foncier. Quand la loi va définir le statut de la terre, elle dira en même temps comment la gérer. Mais nous pensons à une structure ouverte, dans chaque village, pour gérer cette question. Nous allons avant l’adoption de la loi, provoquer une large concertation dans tout le pays. Pour nous, c’est une préoccupation essentielle, puisque si la question de la terre n’est pas bien résolue, elle va constituer dans les années à venir, une véritable bombe sociale.

Ce scrutin consacre la communalisation intégrale du territoire. Les moyens vont-ils suivre ?

Il y a de bonnes perspectives. Nous allons très rapidement généraliser à l’ensemble du pays le programme du PNGT ( Programme national de gestion des terroirs). Au niveau du ministère délégué, chargé de la décentralisation, il y a aussi des projets. Il nous faut réussir, forcement, cette première expérience, sinon, nous allons décourager à jamais les populations.

En plus des projets, il faut engager des réformes structurelles qui aboutissent très rapidement aux transferts de compétences aux nouvelles communes. Il faut organiser ces communes, pour que la terre ne demeure pas la seule source de revenu.

Pour l’instant, la décentralisation est plutôt portée à bout de bras par les partenaires au développement. Quand faudra-t-il dire aux populations que cela implique aussi des contraintes en termes financiers ?

Oui, mais pas dans cette première phase. Nos populations sont dans une situation de pauvreté telle qu’elles ne sont pas en mesure de participer dans la vie de leur commune. Il faut mettre en place d’abord des infrastructures qui créeront des possibilités de mobilisation des ressources au niveau local. Par exemple, dans le cadre du PNGT, beaucoup de villages se prennent en charge. Dans un premier temps, il faudra donc l’appui de l’Etat central n

Propos recueillis par Newton Ahmed Barry et Germain Bittiou Nama

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