L’Observatoire indépendant des élections (OIE) a rencontré la presse, le 6 mai dernier à Ouagadougou, afin de rendre publics les premiers constats de la structure, suite aux municipales du 23 avril 2006.
« On a constaté un certain recul en matière organisationnelle de cette consultation électorale, par rapport à celle de la présidentielle, » a révélé Mme Louise Gouba, coordonnatrice de l’OIE, lors de la conférence de presse organisée par la structure sur les municipales 2006. Pour parvenir à ce constat d’ensemble, l’OIE a déployé sur l’ensemble du territoire national, le jour du scrutin, 21 superviseurs et 1000 observateurs qui ont été « disséminés » dans les 49 communes urbaines et les 302 communes rurales. Ils ont observé les votes dans au moins 6000 bureaux de vote.
Sur le plan matériel de l’organisation du scrutin, les observateurs de l’OIE ont noté que des locaux inappropriés ont servi de bureaux de vote : des marchés, sous des arbres, à la gare, bureaux de vote en plein air, etc. A cela, s’ajoutent l’insuffisance en nombre de certains documents électoraux (bulletins de vote, arrêtés de nomination des membres des bureaux de vote, procès verbaux), la non concordance des listes électorales, le transfert de bureaux de vote le jour du scrutin (bureaux de vote 17 et 55, école Tégawendé à Kouritenga). Du déroulement du scrutin, l’OIE a décelé une faible affluence des électeurs, et une faible représentation des délégués des partis politiques dans les bureaux de vote.
En outre, il a été donné de constater que certains délégués manquaient « visiblement » d’instruction et d’expérience pour jouer « efficacement » leur rôle. L’OIE a aussi noté que l’orage, survenu le jour du scrutin, a sérieusement perturbé le déroulement des votes et le dépouillement dans certaines communes rurales. Des indices et des cas de fraudes, les observateurs en ont relevé à la pelle : bulletins paraphés à l’avance, tentative de vote de groupes de personnes à Ouaga, Bobo, Ouahigouya, trafic d’influence mené par des notabilités, des candidats ou des responsables de partis dans certaines localités, vote multiples avérés à Bobo, Ouahigouya, Koudougou (16 cartes d’électeur détenues par un électeur de Koudougou et un candidat appréhendé en possession de plusieurs cartes et les cinq doigts tachés de l’encre indélébile au bureau de vote n°6 du secteur n°3 de Koudougou), etc.
Les observateurs recommandent
Au regard de ces nombreuses insuffisances, l’OIE recommande à l’Etat burkinabè de mettre à la disposition de la CENI, les moyens nécessaires à l’organisation du scrutin, à temps, de revoir les sites de certains bureaux de vote, de tenir compte des intempéries dans la programmation des scrutins. A l’endroit de la CENI, la structure dirigée par Mme Louise Gouba demande, entre autres la relecture du fichier électoral pour le rendre plus fiable, l’organisation plus rationnelle des bureaux de vote garantissant la confidentialité du vote, l’accessibilité et le commodité des lieux de vote.
L’OIE recommande aussi aux partis politiques une meilleure formation de leurs délégués, une attitude plus responsable et plus pondérée dans certains propos ou comportement de la part de certains responsables ou militants, un effort de sensibilisation en matière électorale. Quant aux organisations de la société civile, l’OIE les invite à une meilleure implication dans le processus électoral par la sensibilisation des populations. Malgré les difficultés précitées, l’OIE se dit, somme toute, satisfaite car il a remarqué une certaine maturité de l’électeur burkinabè, une relative maîtrise du vote avec le bulletin unique, une maîtrise relative des opérations électorales par la CENI...
Gabriel SAMA
Sidwaya
