Actualités :: Affaire Thomas Sankara : Oui, nous y sommes enfin...
Thomas Sankara

Cette fois, c’est sûr, l’affaire Thomas Sankara connaîtra une issue définitive. Après l’attendu du Comité des droits de l’Homme de l’ONU suite à la communication plainte des ayants droit, le Burkina Faso va enfin refermer cette page de son histoire.

Le Collectif des avocats "Justice pour Thomas Sankara" par la plume de Me Jean Abessolo disait qu’une "nouvelle étape pour la manifestation de la vérité" venait d’être franchie après ce verdict. Pour lui comme pour ses thuriféraires, l’affaire ne sera jamais enterrée, même s’ils oublient de mentionner que celle-ci n’a cessé de polluer le débat au Faso de par leurs avis.

Car ici deux conceptions du traitement juste et équitable de la si trouble période révolutionnaire, et diront certains, de la si tristement regrettable période s’affrontent et pas qu’un peu.

Entre la volonté d’un Etat de droit, stable et garant de la paix sociale de tourner avec responsabilité cette page de notre histoire et les envies de vengeances d’un groupe d’avocats rapaces et trouvant en une famille éplorée, l’instrument de leur manipulation, la vision de l’un est aux antipodes de celle de l’autre.

Ce n’est pas le Burkina Faso, qui sachant ce qu’a été l’intermède révolutionnaire, a choisi d’instrumentaliser cette affaire, pour en faire un trophée de guerre portée en étendard. La révolution avait en effet, profondément divisé la société burkinabè, une partie, sans qu’elle ne s’en rende compte pendant un temps, écrasant dans une sorte de raison du plus fort, une autre partie. Il y avait le peuple et les ennemis du peuple. Cela suffit à avoir un peu de mesure concernant ce dossier.

Cette conception a vécu dans le monde, puisque la démocratie et la conquête du pouvoir par l’urne triomphent un peu partout. Il serait donc irresponsable pour un pays qui lutte encore pour se réconcilier avec lui-même, de se faire hara-kiri, en ouvrant la boîte à pandore. Et cela ne saurait signifier un déni de justice, encore moins une volonté de cacher quelque chose, si vraiment y avait-il une chose à cacher.

Devoir de mémoire

Il est important de savoir que le Burkina Faso depuis 1990 a ouvert une autre page de son histoire. En invitant dans son message du 19 octobre 1987, tous les partis et composantes du peuple burkinabè à venir dans le Front populaire, Blaise Compaoré traçait déjà à l’époque sa conception d’un pays allant de l’avant dans la paix et la cohésion sociale.

Une année plus tard, dans un autre appel, cette vision prenait une forme supplémentaire, par l’invite à chaque citoyen à s’organiser au sein de partis politiques. Conclusion logique de cette construction, la mise en place de la commission constitutionnelle.

Elle part d’une volonté de Blaise Compaoré, même si certains tentent de s’en donner la paternité, de construire un pays où chacun a sa place et un rôle à tenir. Le dynamisme aujourd’hui de la société civile, la liberté de presse et d’expression, la création de cadres de concertation et d’échange entre autorités et administrés sont autant de faits concrets, traduisant l’affirmation de la volonté d’ouverture.

Volonté de s’assumer

Des faits qui marquent aussi le nécessaire passage à une autre époque en tournant le dos à ce passé douloureux pour tous. Mais conscient que le beau temps et la mer calme ne peuvent s’obtenir pour un pays par l’oubli, le Burkina Faso a, de façon originale, décidé de la tenue de la Journée nationale de pardon.

Ce cheminement qui permet un retour en arrière et de comprendre que le pouvoir d’Etat a servi d’instrument à des Burkinabè pour brimer d’autres Burkinabè. De dire stop à une telle pratique par un exercice d’introspection et de repentance collective.

Une telle analyse est juste parce que, du coup d’Etat du CMRPN, au coup de force du 17 mai 1983, jusqu’au 4-Août de la même année, la lutte pour le pouvoir d’Etat a introduit une telle animosité entre Burkinabè que personne ne pouvait encore maîtriser la machine partie dans tous les sens. C’est pourquoi, c’est l’Etat qui s’est trompé à cette période, les hommes n’arrivent plus à le dompter. La meilleure façon de démêler les fils, c’est de bâtir un autre Etat, qui prenne en compte, l’obligation de tourner résolument le dos à une conception ayant entraîné des fractures de partout. Y arriver implique le refus du retour en arrière, retour pouvant saper les fondements de l’Etat de droit.

Ceci est si vrai que le Comité onusien des droits de l’Homme s’est dit incompétent quant au fond du dossier. Il ne s’est prononcé que sur les procédures engagées devant les juridictions et sur ce point encore, il n’a pas pris le contre-pied de la logique de la Journée nationale de pardon.

L’Etat du Burkina Faso a le mérite de n’avoir pas entretenu d’ambiguïté sur sa vision de la "liquidation" des contentieux humains nés de la révolution. Il n’a jamais voulu jeter le bébé avec l’eau du bain. Mais surprise, une famille s’est marginalisée pour faire admettre que le président défunt fut une victime sans défense. Si le grand déballage doit se faire, il n’est pas sûr qu’il s’en tire sans tache et pour un fils du Burkina porté au rang de héros national ce serait un terrible camouflet, voire un désastre inutile.

La démarche de l’Etat est pour tous les protagonistes présents ou absents le moindre mal, et à un moment où la réconciliation gagne les cœurs et que la fibre patriotique recommence à vibrer.

Tout le monde depuis six ans aura compris que la paix n’a pas de prix et il a fallu se battre pour sa permanence. Sous 60 jours, l’Etat refermera définitivement ce dossier sans faiblesse ni acrimonie.

Souleymane KONE


Un, deux, trois... rideau !

Le Comité des droits de l’Homme a recommandé, car c’est bien de cela qu’il s’agit, le comité n’étant pas un tribunal, d’établir un acte de décès en bonne et due forme, d’indiquer officiellement la sépulture de Thomas Sankara et d’indemniser la famille.

Trois actes pour avoir le droit de baisser le rideau. 90 jours laissent assez de marge pour donner suite à ces recommandations. Un acte de décès, comme on le sait tous est demandé à l’officier d’état civil par la famille du disparu. Cela n’avait pas été fait par la famille sankara et c’est pourquoi il est toujours brandi le certificat établi par un médecin militaire.

Un civil non-médecin pouvait-il remettre en cause un tel document ?

Certainement que non ! l’Etat fera droit à la famille en saisissant simplement l’état civil.

La sépulture connue depuis de tous, puisque y a lieu chaque année un pèlerinage, là aussi il fera diligence, même si en l’occurrence, il défoncera ici une porte ouverte.

Enfin, comme à l’instar de toutes les familles déjà indemnisées, l’Etat mettra encore la main à la poche, même si le fonds d’indemnisation n’est plus opérationnel, la période de forclusion étant dépassée depuis longtemps.

Sur le chemin de la réconciliation, il fera diligence, ce d’autant plus que c’est là l’essence même de sa démarche au jour d’un certain 30 mars 2001. Merci au Comité qui a donné enfin le droit au Burkina Faso de se tourner vers l’avenir. Pour de bon !

S. K.


Abessolo, notre ami ...

Il a eu la dent dure contre la presse dont le crime serait de n’avoir pas soutenu sa croisade contre le Burkina Faso les yeux bandés. Sa déclaration de triomphe aurait pour fondement le fait que le Comité considère qu’aucune "prescription ne saurait rendre caduque l’action devant le juge militaire". Pour sa gouverne, le même Comité ne dit nulle part en quoi l’action n’est pas prescrite. Il ne justifie pas ce qu’il avance et en homme de droit, Abessolo devait savoir que les affirmations péremptoires n’ont pas leur place dans un prétoire.

Mais il doit se réjouir que le Burkina Faso permette à des messieurs sortis du néant, ne connaissant rien de la révolution d’Août, ni ses tenants ni ses aboutissants, de lui donner des leçons de justice et de bienséance. Dans certains pays africains, il n’aurait même pas pu y accéder, a fortiori tenir des conférences de presse injurieuses, encore moins engager des actions en justice.

Peut-être faudra-t-il que les avocats de l’Etat burkinabè sortent aussi de l’ombre, non pas pour s’adonner à des élucubrations politiciennes , mais pour donner un éclairage sur les constatations du Comité Onusien. Car comment ne pas admettre que leur mutisme inquiète, surtout quand on sait que l’autre partie a tenté de tirer la couverture à soi, avec tous ces nombreux cris de victoire. La lecture technique des avocats adverses intéresse aussi l’opinion. Mais peut-être sommes-nous trop impatient...

S.K

L’Hebdo

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