Actualités :: Municipales du 23 avril 2006 : Le multipartisme monocolore renforcé

Les élections municipales préalablement prévues pour septembre 2005 et plusieurs fois reportées, viennent enfin de se tenir. Le 23 avril 2006, 73 formations politiques, toutes tendances confondues, ont pris part à la compétition pour la conquête des postes de conseillers des communes urbaines et rurales du pays. L’heure est maintenant au bilan.

Un constat général semble déjà se dégager à l’annonce des résultats partiels et provisoires : le raz de marée du parti au pouvoir, le CDP, et la percée des partis de la mouvance présidentielle (UPR, CFD, RDB, RDM, ADF/RDA, etc.). Ce qui a fait dire à certains observateurs que le scrutin du 23 avril a été une affaire d’amis (le CDP et les partis de la mouvance présidentielle). Principaux protagonistes de ces municipales, ils ont, en effet, été aussi les véritables gagnants.

En effet, si les tendances actuelles se maintiennent jusqu’à la fin des décomptes de tous les suffrages exprimés, plus de 90 % de nos collectivités territoriales seront dirigées par des maires issus du parti majoritaire et de ses alliés. Les formations de l’opposition, dans leur ensemble, font figure de grands perdants. Leur recul est net par rapport aux municipales de 2000. A Koudougou, l’UNDD a échoué dans sa tentative de reconquête de la mairie devant le CDP. A Réo, le PAREN, mis en minorité, est loin de prendre les commandes de l’hôtel de ville.

Seule consolation du côté de l’opposition pure et dure, la percée du PDS au Sahel et le bon comportement de l’UNIR/MS dans certaines circonscriptions électorales. Si le mode du scrutin (la proportionnelle à la plus forte moyenne), jugé favorable au parti au pouvoir, et la modicité des moyens peuvent, en partie, expliquer ce revers des formations de l’opposition, ils ne sauraient, toutefois, tout justifier.

La qualité des opposants y est pour quelque chose. Sans vision prospective et incapables pour la plupart de s’entendre sur l’essentiel, les leaders de l’opposition viennent, une fois de plus, de faire les frais de leur incohérence et de leur division. Cette remarque est aussi valable pour les figures de proue de la mouvance présidentielle, hier alliées des membres du parti au pouvoir pour l’élection présidentielle, aujourd’hui supposées être leurs adversaires.

Un changement d’attitude selon les circonstances et les enjeux que beaucoup d’électeurs ont eu du mal à comprendre. Pour ces derniers, comment peuvent-ils être pour Blaise et s’opposer à son parti ? Conséquence, l’option a été généralement faite en faveur de la formation présidentielle.

D’où, dans une certaine mesure, la victoire du CDP dans les localités où on le croyait perdant face aux partis de la mouvance. Mais, le parti de Roch Marc Christian Kaboré, reconnaissons - le, doit surtout ses succès électoraux à son organisation, son implantation dans toutes les régions et à l’importance de ses moyens.

Qu’à cela ne tienne, ces formations (CDP et partis membres de l’AMP) ont le même objectif : contribuer à la mise en oeuvre du "Progrès continu pour une société d’espérance " du président du Faso. A ce titre, le problème, aujourd’hui, ne se pose pas en termes d’opposition CDP - AMP, mais d’ouverture du jeu politique national entre pouvoir et vraie opposition .

Ces municipales, avec cette écrasante victoire à l’horizon du parti présidentiel et de ses satellites, constituent -elles vraiment, comme le laissent entendre les tenants du pouvoir, une consolidation de notre processus démocratique ? Rien n’est moins sûr. Elles risquent de consacrer le renforcement du multipartisme monocolore dans le pays. Ce qui est loin d’être un signe d’avancée démocratique.

En effet, si cette large victoire permet au président de mettre en oeuvre son projet de société, elle est cependant génératrice de problèmes en termes de bonne gouvernance. Avec les résultats de ce scrutin du 23 avril, les acteurs politiques locaux, membres de l’opposition, n’auront pratiquement aucune influence sur la gestion de bon nombre de nos collectivités territoriales. Or, pour réussir, le développement à la base que vise la communalisation intégrale, requiert la mobilisation sans exclusive de toutes les forces vives de la nation.

C’est pourquoi l’on peut toujours s’interroger sur la nécessité et la portée de l’abandon par le pouvoir de l’ancien mode de scrutin au profit de l’actuel, surtout que le code électoral, pour l’instant, n’autorise aucune candidature indépendante. S’il participe de la stratégie du parti majoritaire de redorer son blason, il traduit sa conception égoïste de la démocratie et du développement local.

Le Pays

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