Actualités :: Affaire Thomas Sankara : Vous avez dit surenchère politicienne (...)
Thomas Sankara

Le Collectif juridique de la campagne internationale justice pour Sankara section Burkina Faso, a révélé au cours d’une conférence de presse, que le Comité des droits de l’Homme de l’ONU a rendu son verdict dans l’affaire Thomas SANKARA. Un verdict qui ne justifiait pas une telle surmédicalisation si des considérations politiciennes ne sous-tendaient pas celle-ci.

Tout d’abord, il convient de souligner qu’avant que le dossier Thomas SANKARA ne soit transmis au comité des droits de l’Homme de l’ONU, les juridictions burkinabè n’avaient jamais refusé de s’en saisir. Tout au plus, peut-on noter, que les juridictions civiles s’étaient déclarées incompétentes du fait de la nature de l’affaire et de la qualité des protagonistes, tous militaires, même si des civiles y avaient perdu la vie.

Seules les juridictions militaires pouvaient donc connaître de cette affaire, et on était dans cette attente, le ministre de la Défense n’ayant jusque-là pas été saisi du dossier, tel qu’il était ressorti dans les propos qu’ils avaient tenus. Que le Collectif juridique de la campagne justice pour Thomas SANKARA ait fait fi de cette réalité pour saisir le Comité des droits de l’Homme de l’ONU relève d’une fébrilité suspecte et d’une volonté de diaboliser les tenants de la IVe République.

On comprend pourquoi les initiateurs de la conférence de presse ont d’entrée fait allusion à l’arrestation et à l’inculpation de Charles TAYLOR, avant de dire que la Cour avait déclaré, « recevable en la forme » leur procédure et souligné au fond que le Burkina Faso avait « violé » le pacte international relatif aux droits civils et politiques auquel il a souscrit en janvier 1999.

Deux enseignements majeurs peuvent être tirés de ce verdict. Le premier et il est connu de tous, c’est que les décisions rendues par le Comité des droits de l’Homme de l’ONU ne sauraient aucunement contraindre un Etat souverain dont l’appareil judiciaire fonctionne normalement.

Dans l’affaire Thomas SANKARA, comme indiqué plus haut, il n’y a eu aucune volonté d’escamoter le dossier, celui-ci ayant été jusque-là plus victime de la carence des avocats chargés de défendre les intérêts de Thomas SANKARA (absence entre autres de paiement de la consignation au greffe de la Cour suprême) que d’autre chose.

Si le problème de la prescription n’a jusque-là pas été tranché, il ne faudrait pas affirmer péremptoirement avec le Comité que l’affaire n’est ni « prescrite » ni « classée » tant que l’on n’aura pas entendu le juge militaire sur la question. Car, faut-il le rappeler, seuls les crimes de guerre, les génocides et autres crimes contre l’humanité sont déclarés imprescriptibles, l’affaire Thomas SANKARA dans notre entendement ne relevant pas de ce registre.

Deuxième enseignement, on a encore une illustration de cette justice internationale à deux vitesses, les violations des droits civils et politiques se faisant au quotidien sans que personne ne lève le plus petit doigt.
L’Irak, l’Afghanistan, la Biélorussie, Israël et dans une moindre mesure l’Italie, la France ont donné et donnent à voir de ces cas de violations dans l’actualité.

Ou bien le Comité de l’ONU ne fait pas bien son travail ou certainement il fait celui-ci à la carte. L’un dans l’autre, il reste entendu que l’égalité devant la loi, le droit à un procès équitable, la présomption d’innocence, figurent en bonne place dans l’ordre politique juridique burkinabè.

En ce sens, personne n’a dénié à la famille de Thomas SANKARA, le droit de connaître les circonstances de sa mort, pas plus que personne n’a refusé de mener une enquête sur sa mort ou d’indiquer sa tombe.
Tout au plus peut-on souligner qu’il s’agissait d’un coup d’Etat, et qu’il n’est pas aisé de démêler les fils dans cette occurrence puisque l’affaire est d’abord politique et qu’en conséquence, ce qui est acquis vérité d’Evangile dans un cas est automatiquement accueilli comme pires les mensonges dans un autre.

Alors à ce jeu, on voit d’ici les empoignades et leurs éventuelles répercussions sur la vie socio-économique. En effet, faut-il le rappeler, le « Mémorandum » du Front Populaire publié peu après les évènements du 15 Octobre 1987 ne manquait pas d’arguments pertinents expliquant « qui avait fait ou devait faire quoi » dans les intrigues politiciennes qui avaient conduit au clash.

S’il faut revenir sur tout cela, il n’est pas évident que des personnes qui portent en « bandoulière le cadavre de Thomas SANKARA » ne se retrouvent pas plus responsables, du moins moralement du drame du 15 Octobre 1987 que ceux qui sont accusés aujourd’hui. Dans tous les cas notre pays n’a pas la palme des dénouements dans la violence du débat politique et n’a pas à rougir de son histoire.
Le plus important est de savoir tourner la page.
On peut donc penser que l’ouverture du dossier Thomas SANKARA pourrait être celle d’une boite de pandore. Dans la dynamique de la Journée nationale de pardon, nous devions tous œuvrer à consolider les bases de notre processus démocratique. Un son de cloche que tous ceux qui veulent retirer des dividendes politiques de l’affaire Thomas SANKARA refusent d’entendre, préférant donc jeter de l’huile sur le feu.

La justice burkinabè ne vient donc pas d’être « rattrapée par la volonté farouche des hommes épris de paix et de justice » si tant est qu’elle cultive elle-même ces vertus.
C’est plutôt le débat politique burkinabè qui est pollué par ces donneurs de leçons impénitents qui oublient souvent leurs propres casseroles. Et, ce n’est pas pour rien si leur opportunisme n’a jusque-là pas produit les effets escomptés à savoir la mise au ban de la communauté internationale du Burkina Faso. Persévérer dans l’erreur est, dit-on, « diabolique.

Par Ben Alex Béogo

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