Actualités :: Femmes et politique au Burkina : Mission difficile mais pas (...)

Comment faire en sorte pour que le Parlement puisse intégrer l’approche genre dans ses activités, afin de contribuer à l’accroissement de la participation des femmes et de leur représentation dans les instances de décision ?

Pour apporter une réponse à cette interrogation, un comité de parlementaires, baptisé "Caucus genre du parlement", a été mis en place. Christian Gustave Bouda est chef de Manga, député et président de la "sous-commission plaidoyer" du Caucus. Il aborde ici les difficultés que suscite une telle entreprise. Son optimisme est aussi de taille quant à la réussite de l’initiative.

Le Pays : Peut-on avoir une idée des activités déjà menées par la sous-commission plaidoyer du Caucus ?

Christian Gustave Bouda : La sous-commission plaidoyer du caucus a été mise en place en décembre 2005. Aussitôt, nous nous sommes attelés à rencontrer les partenaires avec lesquels nous comptons promouvoir la participation des femmes en politique. C’est ainsi que nous avons rencontré le bureau de l’Assemblée nationale, le CGD, la CBDF, le NDI. Nous nous sommes également rendus auprès des chefs coutumiers pour recueillir leurs avis, très importants, sur la question. Dans la même logique, nous avons rencontré les responsables religieux. Toujours dans le cadre du plaidoyer, nous avons effectué un voyage au Niger, pays dans lequel un système de quotas a déjà été mis en place par le biais d’une loi votée à l’Assemblée nationale.

Notre satisfaction réside dans le fait que nous avons eu l’aval de tous les partenaires que nous avons rencontrés. Ceux-ci ont dit leur soutien à notre entreprise mais nous ont recommandé beaucoup de prudence, la promotion de la femme en politique étant une question de société et de développement. Il y a donc beaucoup de paramètres à prendre en compte. Les ambassadeurs accrédités au Burkina, tout comme les représentants des organismes et institutions internationaux nous ont, eux aussi, manifesté leur appui. En tout cas, nous pensons avoir eu une oreille attentive de la part de tous nos partenaires.

Vous avez rencontré des chefs coutumiers comme le Moro Naba, l’Emir de Dori, le chef de Djibo, le Dima de Boussouma, les rois du Yatenga, de Tenkodogo, de Fada et les chefs Bobo. Quelle a été leur réaction face à ce sujet qui, il n’y a pas si longtemps était quelque peu tabou ?

Contrairement à ce qu’une certaine opinion peut croire, les chefs coutumiers sont favorables à l’idée, même s’ils nous ont recommandé la prudence, comme je l’ai dit tantôt. Dans le milieu coutumier, la femme a une place de choix, même si cela peut étonner. Elle n’est certes pas au devant des choses, mais elle est consultée pour toute action à entreprendre. Donc, notre action est loin d’être mal vue par le coutumier. Seulement, dans certaines localités, il a été recommandé de miser davantage sur l’éducation des jeunes filles. Selon les tenants de cette option, plus les femmes sont éduquées et plus leur promotion se fera d’elle-même. Donc au niveau des chefs coutumiers, l’impression est positive.

Selon vous, compte tenu des survivances de la tradition, la mission sera-t-elle une sinécure pour le caucus ?

Il ne faut pas se faire d’illusion, la mission sera difficile. C’est bien pour cela que nous allons à notre rythme et que nous prenons langue avec toutes les couches de la société pour aboutir à un forum au cours duquel nous procéderons à la mise en commun de toutes les idées, afin de parvenir à des conclusions dans lesquelles chacun se retrouvera.

N’est-ce pas verser dans la facilité, voire cultiver la médiocrité, que de permettre aux femmes de se retrouver dans les sphères décisionnelles grâce au système des quotas ?

Le quota est une mesure qui tend à rééquilibrer une situation qui défavorise une couche de la société. C’est dans ce sens que nous oeuvrons. Cela ne signifie pas qu’il faut mettre des femmes parce qu’il faut le faire. Tout en cherchant à réparer une sorte d’injustice, nous insistons sur la compétence des femmes.

Il y a ceux qui luttent officiellement pour de meilleures conditions de la femme mais qui, entre quatre murs, tiennent un tout autre langage qui frise la féodalité quand il n’est pas une pure exploitation de la femme par l’homme.

Nous nous sommes pour l’instant limités à une collecte d’idées, sans aller au fond des débats ; puisque le forum que nous envisageons se focalisera sur tous ces aspects. Nous reconnaissons toutefois qu’il y a des zones où, parmi ceux que nous avons rencontrés, certains nous ont dit qu’ils ne pensent pas qu’impliquer davantage les femmes dans la politique soit la meilleure façon de procéder. Nous considérons, à notre niveau, que c’est cela aussi le débat contradictoire qui fait avancer les choses. Je réitère une fois de plus que des nombreux contacts que nous avons eus, se dégagent des impressions très positives.

Votre sous-commission et, de façon générale, le Caucus, ont-ils les moyens de leur politique ?

Nous avons l’appui du PNUD. Jusqu’à présent, nous avons aussi eu l’oreille attentive du président de l’Assemblée qui nous encourage. Tout cela nous conduit à mener nos activités dans une certaine sérénité.

A quelle période les résultats de ce plaidoyer seront-ils ostensibles sur le terrain ?

C’est un travail de longue haleine et nous évitons de confondre vitesse et précipitation. Le Caucus a été mis en place en décembre 2005, mais le travail en faveur de la promotion de la femme a commencé bien avant cette année ; et je suis persuadé qu’il va se poursuivre après notre action de plaidoyer. Après le forum qui réunira toute la société, les gens auront la confirmation que quelque chose se fait et ils en constateront les effets.

Que ressentez-vous personnellement en tant qu’homme qui lutte pour l’ascension de la femme dans une société encore très phallocrate ?

Ma conviction est que nous menons une lutte pour la complémentarité des êtres humains. L’homme et la femme sont les deux maçons de la société et je pense que si nous pouvons poser les briques à deux, cela va inéluctablement accélérer la construction de la maison. Il ne faut donc pas avoir une vision antagoniste de la chose.

Au Burkina, parviendra-t-on bientôt à faire disparaître le cliché selon lequel "la femme est faite pour garder la maison" ?

Oui. Je vais vous raconter une anecdote. Quand nous étions au Niger, un député nous a demandé si au Burkina, nous avons encore besoin du système des quotas. Ceci pour dire que les Burkinabè ont déjà compris le rôle et la place de la femme, et que nous sommes en avance sur leur pays, dans ce domaine. Je reste donc persuadé que nous avons emprunté et sommes sur la bonne voie.

Propos recueillis par Morin YAMONGBE

Le Pays

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