« Séminaire gouvernemental », tel était l’objet de l’évènement auquel a été conviée la presse, le 21 mars dernier à Ouagadougou, au palais présidentiel. Seulement, après que les participants se furent installés, les journalistes se verront priés de débarrasser le plancher, sans avoir même eu le temps de bien s’imprégner de l’ordre du jour.
Hier mardi, les membres du Gouvernement se sont retrouvés avec le président du Faso, Blaise Compaoré, pour un séminaire gouvernemental. A cet effet, nous avons été sollicité pour la couverture médiatique de la cérémonie d’ouverture.
Lieu : palais présidentiel ; heure limite d’arrivée : 9 heures 30 minutes ; début de la cérémonie : 10 heures. Inimaginable de s’offrir le luxe d’arriver en retard à une telle rencontre que préside en personne le chef de l’Etat, Blaise Compaoré.
Nous avons donc été ponctuel, telle une horloge suisse, à ce rendez-vous de haut niveau. Dans cette salle présidentielle qui devait abriter la rencontre, outre d’autres confrères qui nous avaient devancé, il y avait un agent du protocole d’Etat et le ministre Seydou Bouda de l’Economie et du Développement.
Ce dernier qui, selon toute vraisemblance, était le véritable maître de cérémonie, avait fait déposer un document sur les chaises, en face desquelles un écriteau portait le nom de chaque membre du gouvernement qui devait s’y installer.
Quelque temps après, commencèrent à arriver les ministres. Il y en avait qui prenaient de la peine à s’arrêter serrer la main des journalistes assis à l’entrée, avant d’aller faire le tour de la table, disposée en « U », pour chercher leur place. L’ambiance qui y régnait rappelait celle des classes des lycées et collèges où, avant l’arrivée du professeur, les élèves peuvent se permettre de se taquiner.
Ceux qui viennent d’arriver saluent les premiers venus, échangent entre eux non sans parfois pousser des éclats de rire, bref une ambiance bon enfant. Ceux qui ne retrouvaient pas leur siège se retournaient vers l’agent du protocole d’Etat, Yoda qu’il s’appelle, en service ce jour-là.
Par la suite, le Premier ministre, Paramanga Ernest Yonli, fit son entrée. Naturellement, tout le monde se mit debout. D’autres ministres, arrivés après lui, les retardataires, se feront tout petits comme des élèves indisciplinés pour rejoindre leur place. Les causeries se poursuivaient mais à voix basse, en dépit de la présence de Paramanga qui menait des concertations avec certains ministres, notamment Seydou Bouda, Gisèle Guigma de la Promotion de la femme, Alain Yoda de la Santé...
Suivant l’ordre protocolaire, c’est le président Blaise Compaoré qui fit après son apparition. Avant d’aller prendre place entre l’enfant de Tansarga à sa droite et le ministre Seydou Bouda à sa gauche, il fit le tour de la table pour serrer la main à tous les ministres.
Après avoir invité son équipe à s’asseoir, il échange un moment avec son chef de gouvernement puis avec Seydou Bouda. C’est à la suite de cela que le directeur du protocole d’Etat, Léon Yougbaré, se tourna vers, d’abord, les paparazzi, ensuite, les journalistes pour leur dire qu’on n’a plus besoin d’eux. En clair, ils devaient débarrasser le plancher.
Ainsi donc, faute d’interlocuteurs, même pas le porte-parole du gouvernement qui avait pourtant manifesté sa disponibilité à se prêter aux questions de la presse, les pisse-copies sont retournés chez eux. Peut-être que dans les tout prochains jours, la présidence nous fera parvenir un communiqué de presse relatif à cette rencontre gouvernementale.
Nous avions bien voulu avoir ce document pour nous imprégner de son contenu, mais son auteur, qui semble être Seydou Bouda, nous dira tout simplement qu’il n’a pas l’autorisation de nous le donner. Toutefois, notre curiosité nous poussera à jeter un coup d’œil furtif sur sa couverture.
De tout ce qu’on peut retenir, la rencontre de ce 21 mars au salon du palais présidentiel devait porter sur le programme quinquennal du président Compaoré, « Le progrès continu pour une société d’espérance », dont Seydou Bouda est le coordonnateur de la mise en œuvre.
On se rappelle que c’est le 20 décembre 2005 que Blaise Compaoré a été investi après sa victoire stalinienne au scrutin présidentiel du 13 novembre de la même année. Si on fait le décompte, à la date d’hier, nous devrions être à trois mois franc après cet événement.
Il doit donc s’agir probablement pour les participants de se pencher sur l’opérationnalisation des chantiers autour desquels Blaise Compaoré a mobilisé les Burkinabè pour sa réélection à la magistrature suprême.
Hamidou Ouédraogo
L’Observateur
