Actualités :: Rivalités entre le CDP et l’ADF/RDA à Bobo-Dioulasso : attention au retour des (...)
Salia Sanou

La fièvre politique monte d’un cran à Bobo-Dioulasso. Des militants de l’ADF/RDA et du CDP en sont venus aux mains le week-end dernier obligeant les forces de l’ordre, la compagnie républicaine de sécurité, à intervenir. A deux mois des élections municipales, il y a de quoi s’inquiéter pour la paix sociale dans la deuxième ville du pays. Attention au retour des démons de l’après municipales 2000.

"Tout est bien qui finit bien" a-t-on coutume de dire. L’édile de la ville de Sya M. Célestin Koussoubé, dirait plutôt "tout est mal qui fini mal". En effet, le Conseil municipal actuel a été installé sur fond de troubles graves à l’ordre public avec mort d’hommes (02) et des emprisonnements auxquels n’avait pas échappé le maire sortant d’alors, Alfred Sanou.

De la démission spectacle de M. Koussoubé

En vérité, c’est aux forceps que le CDP avait réussi à faire élire M. Koussoubé à la direction du Conseil municipal de Bobo-Dioulasso. Aujourd’hui, tout laisse croire que le parti majoritaire regrette son choix de 2000. Non seulement, M. Koussoubé n’a pas été retenu candidat sur les listes du CDP, mais surtout sa démission fracassante est mal vu par son ancien parti. Quoi de plus normal !

Aucun parti n’applaudit le nomandisme politique quand il en est victime. Et dans le cas présent, M. Célestin Koussoubé a manqué de maturité politique en claquant la porte du CDP pour si peu. De fait, sa démission a été motivé par le simple fait de n’avoir pas été retenu sur la liste des candidats de son ancien parti. Ce qui revient à dire que son attachement à ce parti n’est pas fondé sur son orientation politique, son programme d’action et les principes organisationnels qui le régissent.

Après un mandat contreversé de cinq ans à la mairie de Bobo-Dioulasso, il aurait dû accepter de s’éclipser pour laisser la chance à d’autres cadres de son ancien parti, faire aussi, leur expérience à ce niveau de responsabilité. Certes on peut critiquer la manière dont il a été évincé des listes CDP. On peut douter du fonctionnement de la démocratie interne au parti majoritaire (cf. notre édito.) néanmoins, ces griefs ne devraient pas justifier un départ aussi tonitruant avec en outre des tentatives, voire une réelle volonté de sabordement de son ancien parti.

La discipline de militant lui imposait, surtout à ce niveau de responsabilité, un peu d’humilité quitte a posé les problèmes de fonctionnement du parti dans les instances appropriées pour les discuter. Le courrier qu’il aurait adressé au bureau politique du CDP et qui serait resté sans suite, ne suffit pas pour dire que les dysfonctionnements de la section provinciale sont aveuglement entérinés par la direction du parti.

C’est en cela que cette décision peut gêner les observateurs qui estiment que le militantisme politique devrait avoir des bases plus éthiques que la poursuite effrénée des postes de responsabilité. En tout état de cause, le problème du nomadisme politique au Burkina reste posé. Au nom de la liberté des citoyens à changer d’opinion ou s’organiser suivant leurs intérêts du moment, il ne peut pas être rejeté sans discernement. Au contraire, c’est un mal nécessaire qui invite les responsables politiques à plus d’ouverture d’esprit et de transparence dans la gestion des partis dont ils ont la charge.

De la stratégie du marteau contre la mouche

Parlant donc de responsabilité et d’ouverture d’esprit, le CDP ne fait pas honneur à sa réputation en s’agitant de la sorte pour les démissions qui l’affectent actuellement. Ce serait pure utopie de croire que les dissentions internes voire les scissions, cela n’arrive qu’aux autres partis.
Les responsables du parti dans la province du Houet sont comme tombés dans le piège des démissionnaires en mettant en branle la grande artillerie pour leur faire payer leur trahison. On voudrait des preuves de ce branle bas de combat injustifié contre les démissionnaires, qu’on citerait les manœuvres souterraines pour invalider les listes ADF/RDA dans certains secteurs de la ville de Bobo-Dioulasso.

De fait, il est difficile de croire à une simple coïncidence ou à une erreur matérielle qui avait conduit à l’invalidation de la liste ADF/RDA au secteur N°9 de Bobo-Dioulasso ou justement, M. Célestin Koussoubé était inscrit. Par contre, il est difficile de ne pas croire à une chasse aux sorcières ou aux traîtres, si vous préférez, orchestrée par la direction ou la section provinciale du CDP. La suite des évènements confirment cet harcèlement compréhensible mais répréhensible contre les démissionnaires. La rixe de la semaine dernière entre militants ADF/RDA et ceux du CDP confirme la stratégie d’user du marteau pour écraser la mouche sur la tasse de lait. C’est comme si à la démission non réfléchie de M. Koussoubé et consort, le CDP/Houet oppose une fébrilité démesurée.

En vérité, on aurait aimé voir plus d’élégance de la part d’un aussi grand parti.

En agissant dans la précipitation avec des velléités de punir hic et nunc les traîtres à sa cause, le CDP s’expose à des critiques notamment sur la légalité de certaines méthodes pour combattre l’adversaire politique-perturbation d’une réunion autorisée, agression contre des militants d’un parti légal. On se souvient que la justice avait sévit contre des dérives similaires à Gourcy. Alors pourquoi ne pas en tirer leçon ?

Pire, en faisant le jeu de l’adversaire - provocations, insultes - le CDP fait courir des risques de perturbations majeures à la campagne pour les municipales prochaines. Or en tant que parti au pouvoir, il ne gagne rien à ce que la paix sociale soit menacée à Bobo-Dioulasso où ailleurs.

C’est la crédibilité de ces élections voire du processus démocratique qui est en jeux. On voit déjà les titres alarmistes de certains confrères qui s’interroge s’il ne faudrait pas une administration militaire pour la ville de Bobo-Dioulasso. Il est peut-être trop tôt pour envisager cette solution de l’extrême.

Mais comme on dit, chat échaudé craint même l’eau froide. On a encore tous en mémoire les graves troubles de 2000 à Bobo-Dioulasso suite aux dernières élections municipales. Et ce qui se passe actuellement n’est pas du tout rassurant.

Djibril Touré
L’Hebdo

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