Actualités :: Regroupements politiques : Un besoin de nouvelle dynamique
La tentative ratée d’Alternance 2005

Les partis politiques burkinabè sont très imaginatifs. Du moins quand il s’agit de manoeuvrer pour se faire une place au soleil, même si ce n’est pas toujours dans l’intérêt des militants ou de la démocratie, mais plus pour assouvir des desseins personnels. Il en est ainsi des regroupements politiques dont les objectifs, s’ils sont au départ nobles, se dévoient, chemin faisant.

De sorte que la plupart des expériences de retrouvailles entre plusieurs partis se terminent par un goût d’inachevé, si ce n’est en queue de poisson.

Dans le contexte de multipartisme débridé qu’est celui du Burkina, tout le monde convient de la nécessité d’opérer des rapprochements qui puissent favoriser l’émergence de formations politiques plus fortes, plus lisibles, et donc plus crédibles. Depuis les années 90, que n’a-t-on pas vu comme regroupements au Burkina ! Malheureusement, la plupart d’entre eux sont tombés dans l’oubli, sans avoir fait l’inventaire de leurs actifs et de leurs passifs. Le pouvoir a eu et a encore des organisations de partis dévoués à sa cause, l’opposition de même. La première confrontation épique et historique de la IVe République, entre l’opposition et la majorité par conglomérats de partis interposés, eut lieu entre la CFD et l’ARDC. Depuis lors, la classe politique burkinabè a fait de sa spécialité, les unions conjoncturelles et structurelles.

Mais avec quels résultats ? Si l’objectif pour les opposants était d’accéder au pouvoir, et pour les gouvernants d’y rester, on peut penser que toute cette gymnastique a servi surtout à préserver le statu quo, puisque les positions restent les mêmes qu’ il y a une quinzaine d’années, du temps de la CFD et de l’ARDC. Mais en lisant plus finement l’évolution de notre processus démocratique, force est de reconnaître que des acquis peuvent être mis au compte de ces flux et reflux politiques.

Les portes de l’Assemblée nationale se sont ouvertes à plus d’opposants par suite d’élections plus consensuelles, l’élection présidentielle de 2005 a connu une participation sans précédent, le processus de décentralisation est presqu’achevé, etc. Tous ces acquis sont à mettre au crédit des différentes luttes qui ont abouti à des réformes institutionnelles et politiques. Bien entendu, la route qui mène à des règles et à des pratiques démocratiques encore plus acceptées de tous les acteurs demeure longue. Mais d’une façon ou d’une autre, les regroupements politiques créent une dynamique qui peut être bénéfique à l’Etat de droit.

Reste que cette démarche, pour être encore plus percutante, doit intégrer des valeurs comme le don de soi, l’honnêteté, le patriotisme et le sens de l’organisation. Certes, la politique est ce qu’elle est, mais un minimum d’intégrité s’impose à ceux qui s’y engagent, surtout dans un pays aussi pauvre que le Burkina. Cette exigence est encore plus impérative dans les rangs de l’opposition dont les regroupements ressemblent à une symphonie inachevée. Les regroupements se multiplient au risque de reproduire, à l’infini, le même schéma des partis. Qui sait par exemple ce que sont devenus le Groupe du 14 février et Alternance 2005, pour ne citer que ces deux organisations ?

Très actif aux côtés de la société civile dans le Collectif, le G14 n’est plus que l’ombre de lui-même. Pareil pour Alternance 2005, qui avait juré de créer un changement au sommet de l’Etat à la faveur de la dernière élection présidentielle. Il n’en fut rien et à ce jour, le mouvement n’a pas jugé utile d’en tirer les conclusions, ne serait-ce que pour tous les militants qui ont cru en l’idéal que portait Alternance 2005, et qui se sont peut-être engagés sans compter. Cette culture du compte rendu et du bilan critique, gages de transparence, fait grandement défaut aux regroupements de l’opposition .

Or, ils ont un devoir, celui d’informer régulièrement leurs troupes des actes qu’ils posent, en vue de renforcer la confiance entre la base et le sommet. Et puis, même pour leur image, les leaders de l’opposition doivent donner l’exemple en matière de rigueur dans la gestion de leurs organisations. Car, le tout n’est pas de se réunir autour d’une structure commune - ce qui, sous nos cieux, convenons-en, n’est déjà pas chose aisée - encore faut-il lui donner une âme et un projet, la faire grandir et mûrir.

L’opposition a montré, à certaines circonstances, qu’elle peut se retrouver pour faire avancer le processus démocratique. Il n’y a donc pas de raison qu’elle ne puisse pas transcender ses insuffisances actuelles (querelles de leadership, appât du gain, mauvaise gestion, faiblesse des compétences, etc.) pour se tracer les voies d’un lendemain meilleur.

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