Actualités :: Mort du sergent Moussa Kaboré : "Où sont les résultats de l’autopsie (...)

"Tant que quelqu’un n’est pas jugé et condamné, il est présumé
innocent", a déclaré le président du PDP/PS, Joseph Ki-Zerbo.
Mais "à l’allure où vont les choses", la sphère dirigeante du parti
estime qu’il y a "anguille sous roche". Le PDP/PS dit en effet
avoir constaté des "méthodes expéditives qui ont des relents de
règlements de compte".

Pour lui, le commissaire du
gouvernement qui "prétend ratisser large" est en train de
chercher des pous sur un crâne rasé : "On ne peut pas retrouver
un chat noir, par une nuit noire, dans une pièce noire ; surtout si
le chat n’y est pas", a notamment affirmé le Pr Ki-Zerbo,
reprenant ainsi un proverbe chinois. Et il ajoute qu’Abdoulaye
Barry "aurait mieux fait de dire qu’il allait ratisser haut. A-t-il
ratissé haut ? Lui seul le sait".

En tout cas, le PDP/PS affirme
mordicus qu’il y a des ambiguïtés autour de la tentative
présumée de putsch. "Le brouillard qui enveloppe cette affaire
est entretenu et maintenu à dessein", note l’un des membres du
Bureau politique.

Le parti se pose en effet des questions sur "la
mort suspecte" du sergent Moussa Kaboré, l’un des présumés
putschistes, le 8 octobre, à la gendarmerie nationale. Une
autopsie, dit-il, avait été promise. "Mais où sont les résultats de
cette autopsie ? ", s’est interrogé le Pr Joseph Ki-Zerbo.
Le PDP/PS estime en outre que le président du Front des
forces sociales (FFS) "subit en ce moment des épreuves
inacceptables dans un Etat de droit".

C’est du reste pourquoi il a
affirmé sa "solidarité militante" avec les membres de ce parti
d’opposition. Joseph Ki-Zerbo et ses "camarades" trouvent
"inadmissible" que dans un contexte aussi "grave", "le pouvoir
choisisse d’annoncer la candidature de Blaise Compaoré à
l’élection présidentielle de 2005". Ils ont aussi dénoncé le fait
qu’il n’y ait pas encore de décret consacrant le statut de chef de
fil de l’opposition.

"Malade grabataire"

La "politisation de l’administration" n’a pas non plus échappé
au regard critique du PDP/PS. A ce sujet, la sphère dirigeante du
parti a été sans ambages : "Cette politisation a atteint
aujourd’hui, un degré d’extrême gravité".

Le Pr Ki-Zerbo a même
donné un coup de projecteur au rapport 2003 du Comité
national d’éthique. Morceaux choisis : "La quasi-totalité des
secteurs de l’administration est fortement politisé". "Cette
politisation a introduit au sein de notre administration, le
clientélisme dans le choix des responsables, (de même que) la
culture de l’impunité qui dépasse la cote d’alerte, encourageant
(ainsi) les crimes économiques, l’incivisme, la corruption...". Le
PDP/PS ne comprend donc pas pourquoi dans ce contexte, le
Congrès pour la démocratie et le progrès, parti au pouvoir, "ait
décidé, à son dernier congrès, de réinstaller des structures CDP
dans les services publics de l’Etat".

Une telle attitude met en
cause, selon Ki-Zerbo, le caractère républicain des institutions
de l’Etat. Raison pour laquelle il a dénoncé, de vive voix, ces
pratiques "qui rappellent les dérives de l’Etat d’exception".
Le parti a aussi critiqué "l’incohérence de la politique éducative"
au Burkina Faso. Le Bureau politique du PDP/PS a prôné la
création "d’une structure unique de gestion" au lieu de trois
départements ministériels. "Notre système éducatif présente
tous les signes du malade grabataire au niveau du personnel",
a ajouté le Pr Ki-Zerbo. Et ce n’est pas tout : il a dénoncé le
"manque de plan de carrière" et de "transparence dans la
gestion des ressources".

Le PDP/PS a également décelé des incohérences dans la
politique nationale de lutte contre la pauvreté : "L’antithèse
majeure du développement au Burkina n’est pas la pauvreté (...)
mais la paupérisation". Et la députée Suzanne Coulibaly de
planter le décor de la position du parti : "Le cadre stratégique de
lutte contre la pauvreté (CSLP) est bien écrit ; les causes sont
bien décrits mais il n’y a pas de stratégies pour les éradiquer".

Selon elle, "certains bailleurs de fonds disent avoir investi des
milliards de francs dans la lutte contre la pauvreté au Burkina
mais cela s’est soldée par un résultat zéro". Et le député Ali
Lankoandé d’ajouter que "notre souhait est qu’on cerne les
problèmes réels et que les fonds soient injectés dans ces
secteurs, de manière visible".

"Eviter de dévoiler toutes ses cartes..."

Le parti a aussi porté un regard rétrospectif sur la dernière
conférence de l’Organisation mondiale du commerce (OMC),
tenue à Cancun au Mexique, du 10 au 14 septembre derniers.
La leçon ? "Traversez la rivière en masse et vous n’aurez rien à
craindre du crocodile", a déclaré Joseph Ki-Zerbo. Ainsi, pour
mieux défendre leurs intérêts, les pays africains doivent faire
preuve de dynamique collective face aux puissances
occidentales. "Au lieu de nous unir pour enrichir ces
puissances, nous devons faire en sorte que le développement
commence chez nous", a souligné, de vive voix, un membre du
parti.

Mais le PDP/PS estime que le budget de l’Etat, gestions 2004,
ne s’inscrit pas dans la dynamique "du développement d’un
pays pauvre et très endetté comme le nôtre". Les recettes
propres "auraient pu être meilleures si elles n’étaient pas
détournées par la fraude et la corruption". Les dépenses n’ont
pas non plus rencontré l’assentiment du PDP/PS.
Le Pr Ki-Zerbo et ses camarades estiment en outre que
l’augmentation de l’âge de la retraite n’est que de la poudre aux
yeux de l’opinion publique. "Elle risque d’aggraver les problèmes
existants", note le PDP/PS.

Dans tous les cas, le parti compte remettre les pendules à
l’heure dans le premier trimestre de l’année 2004. Il tiendra un
congrès sur le thème : "Pour quel projet de société lutte le
PDP/PS ?" Le staff du parti compte-t-il ainsi affûter ses armes
pour la présidentielle de 2005 ? A cette question, Joseph
Ki-Zerbo se montre réservé : "Il faut éviter, quand on fait de la
stratégie ou de la tactique, de dévoiler très vite, toutes ses
cartes", a-t-il répondu.

Par Hervé D’AFRICK
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